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"L’inclusion ne doit pas être une option" : quels leviers pour l'insertion des jeunes handicapés ?

20 ans après la promulgation de la loi handicap, de nombreux obstacles demeurent pour l’inclusion des jeunes handicapés. À l’occasion de la journée dédiée au handicap du 3e sommet citoyen organisée à l’INJA, plusieurs acteurs et experts proposent des pistes d’amélioration.
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© Vane Nunes - Adobe Stock

20 ans. C’est le temps écoulé depuis la promulgation de la “loi Chirac”, relative aux droits des personnes handicapées. Un dispositif juridique qui a permis de franchir des étapes cruciales en matière d’accessibilité dans les lieux publics, de scolarisation en milieu ordinaire, d’emploi ou encore d’accessibilité au numérique. Mais, malgré ces avancées, de nombreux obstacles demeurent.

C’est précisément sur ce sujet que se sont réunis, mardi 11 février à l’Institut national des jeunes aveugles (INJA), des étudiants, acteurs de l’éducation, du monde associatif et de l’emploi. L’organisme parisien a accueilli l’étape régionale “G500” du troisième sommet citoyen, consacrée à la question du handicap.

Au programme : l’exploration des freins et des leviers pour une meilleure inclusion scolaire et professionnelle des personnes handicapées. L’occasion pour les invités du jour de formuler plusieurs pistes d'amélioration des différentes étapes de la vie d’un jeune handicapé.

À l’école : valoriser les AESH et garantir l’accès aux outils pédagogiques

Arthur, 20 ans, et Nour, 17 ans, ouvrent le bal de la discussion. Ces deux élèves non voyants de l’INJA sont aux premières loges du manque d’accessibilité des personnes handicapées en milieu scolaire. Pour “faire parler de ce sujet et changer les choses”, ils proposent plusieurs axes d’amélioration, dès l’école, tels que :

  • Une meilleure formation des accompagnants des personnes en situation de handicap, ou AESH
  • Une meilleure coordination entre l’Éducation nationale et le milieu médico-social
  • Un accès garanti aux outils pédagogiques adaptés : “bien souvent, les élèves sont laissés seuls avec un matériel pas adapté”, expliquent-ils
  • La désignation d’un interlocuteurprivilégié entre les familles et l’école
  • Une primeprofessionnelle pour les enseignants impliqués dans la formation d’un élève handicapé
  • Un concoursnational pour récompenser les meilleures initiatives en matière d’inclusion
  • L'organisation de journéesd’inclusion pour favoriser les échanges entre élèves voyants et non voyants.

Katia Dayan, présidente des Papillons de jour, insiste, quant à elle, sur le rôle des AESH. Ces derniers étant “essentiels pour l’inclusion scolaire des élèves en situation de handicap”, leur rôle doit être valorisé. C’est pour cela que la directrice de l’agence de communication inclusive et adaptée appelle à renforcer le volume horaire de formation de ces professionnels, en passant de 60 heures à 120 heures “au minimum”. 

La communicante estime enfin que les AESH doivent “passer à 35 heures par semaine et être mieux payés”. Des mesures qui représentent un investissement financier conséquent, mais qui, à terme, apporteraient de nombreux bénéfices, assure Katia Dayan. Parmi eux : “une meilleure réussite scolaire, la réduction des inégalités et une stabilité professionnelle, une fois les élèves insérés”. 

Dans le supérieur : former les profs et les élèves valides

Si les dispositifs d’accompagnement et d’inclusion des élèves handicapés existent, ceux-ci sont cantonnés à chaque étape du parcours académique (primaire - collège - lycée - études supérieures - milieu professionnel). “Il faut souvent reconstruire un accompagnement à chacune de ces étapes”, regrette Philippe Trotin, directeur de la mission handicap et de l’accessibilité numérique chez Microsoft France. Un “silotage” qui s’ajoute à la difficulté que l’on connaît de “trouver sa voie quand on est jeune”. 

À chaque nouvelle étape de leur parcours, les élèves handicapés rencontrent ainsi les mêmes obstacles, ajoute Philippe Trotin. “Il y a une faible connaissance des outils d’accessibilité numérique”, illustre-t-il. “Il y a donc un besoin fort de former les enseignants mais aussi les entreprises à ces sujets. Pour les profs ils doivent pouvoir adapter leurs cours, créer des supports accessibles”.

Une sensibilisation à la question de l’inclusion qui doit aussi concerner les étudiants valides, qui compteront parmi les “managers de demain”, renchérit Elizabeth Forget, référente Diversité Handicap à l’Essec Business School. L’école de commerce organise des modules pour les élèves, des capsules de formation pour les profs aux différents handicaps ainsi que des journées de sensibilisation pour que les étudiants rencontrent les entreprises. “Le but est de créer un cercle vertueux, avec des ambassadeurs valides et handicapés et un partage des compétences au sujet de l’inclusion”, conclut-elle.

En entreprise : accompagner les compétences des salariés handicapés

“Lorsque je rencontre des chefs d’entreprise, dans 99% des cas, la première réaction c’est de vouloir savoir quel est le handicap de la personne en face d’eux. Alors que la première question à poser c'est comment l’entreprise va faire pour accompagner les compétences d’une personne handicapée”, regrette quant à lui Didier Moguelet, chef de file CFTC en charge du Handicap.

Si le syndicaliste reconnaît les avancées en faveur des salariés, la situation “reste très compliquée”, selon lui. Notamment en entreprise, où il faut encore “adapter les dispositifs et les moyens financiers”. Des améliorations qui conduiraient, sans aucun doute, les salariés handicapés à évoluer en entreprise au même titre que les autres salariés.

Pour cela, “pas besoin d’une nouvelle loi : il suffit d’appliquer celle qui existe déjà”, rappelle Damien Caillaud, président de l’association H’UP Entrepreneurs. Une remarque valable à toutes les étapes du parcours des jeunes handicapés : “aujourd’hui, l’inclusion ne doit plus être une option, mais une obligation”, insiste-t-il.

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