“Vouloir fonder une famille ne doit pas empêcher d’atteindre ses objectifs professionnels” : tel est le message que souhaite transmettre Camillia, étudiante en troisième année de médecine. Passionnée, la jeune femme excelle dans ses études. Mais ce n’est pas que son parcours scolaire qui est impressionnant. Dès lors qu’elle ôte sa blouse, c’est un tout autre rôle que Camillia endosse : celui de maman.
Âgée de 26 ans, l’étudiante est maman de trois enfants. Mais son envie de fonder une famille ne l’a jamais empêchée de poursuivre ses rêves. Devenir médecin généraliste, elle le souhaite du plus profond de son cœur. À 24 ans, elle intègre alors une licence accès santé (LAS) à l’Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ).
Du droit à la médecine : un parcours rythmé par de longues études
“Je n’ai jamais interrompu mes études à cause de mes grossesses.” Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Camillia n'est jamais sortie du système scolaire. Après l’obtention de son bac S, elle tente une première année de médecine qu’elle échoue. Elle se réoriente alors en droit, autre domaine qu’elle affectionne particulièrement.
Elle débute son parcours, qui est chamboulé par l’annonce de sa première grossesse en deuxième année de licence. Pour autant, elle poursuit ses cours et valide son année aux rattrapages. Alors qu’elle tient déjà son enfant dans les bras et grâce au soutien de son mari, la jeune femme va jusqu’au bout de son parcours et enchaîne sur sa troisième année de licence à distance. Toutefois, elle ne valide pas son année. Déterminée, elle retente l’année suivante, mais cette fois en présentiel.
Une fois son premier semestre validé, elle apprend qu’elle est de nouveau enceinte. Pour Camillia, cela n’est en rien un obstacle. Elle continue d’assister aux cours à distance et obtient sa licence de droit haut la main. Interrompre ses études était hors de question. “Quand j’ai appris à ma famille que j'étais enceinte, le deal était celui-ci : je pouvais assumer mes enfants, à condition que je n’abandonne jamais les études”, apprend la jeune maman.
Diplôme en poche, Camillia se lance donc dans le monde du travail et exerce en tant que mandataire judiciaire. Non satisfaite de la voie empruntée et avide de connaissances, elle ne met pas de côté l’idée de reprendre ses études. Et comme si le destin faisait bien les choses, c’est à ce moment que la réforme PASS/LAS entre en vigueur. Nul doute : l’étudiante s’inscrit sur Parcoursup et entre en première année de LAS.
Mes études ne sont peut-être pas brillantes, mais, avec ma motivation, j’y parviens et je ne lâche pas de vue mon objectif de devenir médecin.
Camillia valide tranquillement la première année. Mais jamais deux sans trois, elle apprend en deuxième année qu’elle attend son troisième enfant. “La grossesse a été difficile, donc j’ai raté la majorité de mes cours de deuxième année et je ne suis allée à presque aucun examen”, raconte la jeune femme. “Résultat des courses, j’avais 11 matières à rattraper en fin de semestre, mais ça s’est bien passé et j’ai réussi à passer en troisième année de médecine”, ajoute-t-elle.
Entre couches et manuels de médecine : un quotidien mouvementé
Le quotidien de Camillia est chargé, mais bien organisé. Pour assurer aussi bien son rôle d’étudiante, que celui de maman, la jeune femme a pour obligation de compartimenter ses journées. “Quand mes enfants sont à l'école ou chez la nounou, je bosse mes cours”, avance-t-elle. “Quand ils rentrent, je fais les repas, je m’occupe d’eux, on parle de tout et de rien, on passe du temps ensemble, tout simplement”, raconte la jeune maman. “Ce sont des moments que je ne peux pas sacrifier, car je ne vois déjà pas mes enfants et mon mari toute la journée”, ajoute-t-elle. Une fois couchés, Camillia n’oublie pas son autre priorité : elle reprend ses cours de médecine et poursuit ses révisions.
Celle qui reprend ses études ne sera jamais parfaite, ni en tant qu’étudiante ni en tant que maman, mais ce n’est pas grave.
La jeune femme gère donc assez bien son temps. Mais, la chose se complique lorsqu’elle est en période d’examens. “Je suis clairement moins présente, je ne vais pas mentir”, avoue Camillia. “Je reste toute la journée dans mon bureau et je vois à peine mes enfants”, renchérit-elle. “Ce sont mes dernières heures pour éviter les rattrapages, donc je me donne à fond.” Très présent le reste du temps, le papa l’est encore plus pendant cette phase.
Même si la jeune maman estime qu’avoir des enfants n’est pas un obstacle pour ses études, elle reconnaît que cela peut être un frein. “Évidemment, le fait d’être maman a déjà eu un impact sur mon temps de révisions”, confie-t-elle. “Par exemple, quand un de mes enfants est malade et qu’il faut le garder à la maison parce qu’il a 39 de fièvre, il est impossible d’étudier.” Ce temps perdu, Camillia le rattrape donc pendant ses semaines de révisions. “Mes études ne sont peut-être pas brillantes, mais, avec ma motivation, j’y parviens et je ne lâche pas de vue mon objectif de devenir médecin”, déclare-t-elle, déterminée.
Selon l’étudiante, tout est question d’organisation : “Celle qui reprend ses études ne sera jamais parfaite, ni en tant qu’étudiante ni en tant que maman, mais ce n’est pas grave. L’idée est juste de s’organiser au mieux.”
@mamanfaitmedecine A quoi ressemble une journée de stage avec 3 enfants à préparer ? Let’s goooo !! Voici un aperçu de ma première journée de stage en D1 en tant que maman de trois enfants . C’est très sportif ! Après c’est ma faute on était en retard parce que j’ai été optimiste de me réveiller à 6h . Pour les autres fois ça sera 5h30 , le temps que ma maman arrive me donner un coup de main , la meilleure ❤️ PS 1 : je ne déjeune jamais le matin avant 10h PS 2 : les enfants ont un petit-déjeuner complet à l’école , mais par acquis de conscience je leur donne un petit yaourt à boire et une compote ou madeleine avant d’y aller . Bref bon courage à mes costagiaires pour ce mois de stage ! On y arrivera tous 🫶🏾 #Mamanetudiante#mamanetetudiante#mamanetetudiantebrillante#medecine#médecine#etudesmedecine#etudemedecine#faculté_de_médecine#facultédemédecine#cours#revisions#study#studygram#conseils#pass#las#teamlas#p1#p2#dreams#D1#stage#hopital#medecin#futurmedecin♬ If It's Lovin That You Want (Sped Up) - Tazzy
Maman étudiante : un statut qui donne du fil à retordre
“On a l’impression qu’on n’existe pas.” Cette phrase, Camillia a du mal à l’accepter, mais c’est pourtant une réalité. Selon elle, les mamans étudiantes ne sont absolument pas aidées. “Il n’y a pas d’aides spécifiques pour nous”, déclare-t-elle.”On est soit maman, soit étudiante, mais pas les deux.”
Les longues études ne me font pas peur.
Un manque d’accompagnement qui peut s’avérer difficile au quotidien. Même si Camillia et son époux perçoivent des aides de la CAF pour leurs enfants, puis une petite bourse de la part du Crous pour les études, ce n’est pas suffisant. “J’ai dû contracter un prêt étudiant avec un remboursement différé, que je commencerai à payer quand je serai interne, si tout se passe bien”, explique la jeune femme. “En somme, je rentre dans la vie active déjà endettée”, déplore-t-elle.
Mais l’aspect financier est loin d’être le seul problème. Camillia n’est également pas épaulée en ce qui concerne la garde de ses enfants. “J’estime que les personnes qui travaillent ou étudient devraient avoir des places prioritaires en crèche, ce qui n’est pas le cas”, regrette la jeune femme. “Quand on mêle à ça le stress de ne pas avoir d’argent pour nourrir sa famille, le manque de temps pour ses enfants et pour réviser, puis la charge mentale qu’un étudiant ou une maman peut avoir, je trouve qu’on est très peu avantagées”, confesse-t-elle.
Heureusement, elle peut compter sur sa famille et son mari pour lui venir en aide. “Ma famille est très présente pour moi, que ce soit pour s’occuper des enfants, pour me remplacer à la maison, pour les repas ou les devoirs”, révèle-t-elle. “La meilleure façon de les remercier et de les rendre fiers est de réussir mes études.”
Sa fac est également d’un grand soutien. “Au cours de mes études, j’ai pu bénéficier d’aménagements pour mes stages, par exemple”, renseigne Camillia. “Si je n’étais pas disponible pendant la période obligatoire de stage, je pouvais rattraper mes jours pendant les vacances d’été”, précise-t-elle. “J’ai également déjà quitté certains cours plus tôt pour pouvoir aller chercher mes enfants à l’école et rendu des devoirs notés pour ne pas avoir à rattraper ces matières en fin d’année.”
Mère de famille et étudiante en médecine : une trajectoire qui impressionne
Les études de médecine sont longues et surtout difficiles. Elles exigent énormément des étudiants, mais Camillia ne se laisse pas intimider par la durée de son cursus. “Les longues études ne me font pas peur”, témoigne-t-elle. “C’est long, certes, mais si je ne fais pas médecine, les 10 années à venir vont passer dans tous les cas. Donc autant que j’en profite pour faire quelque chose qui me plaît”, renchérit-elle.
Des échecs, j’en ai eu, mais ils m’ont permis d’être là où j’ai toujours eu envie d’être.
Un choix qui peut en surprendre plus d’un, mais qui est en concordance avec les envies de la jeune femme et de son conjoint. “Je ne voulais pas choisir entre avoir un enfant ou poursuivre mes études, alors j’ai fait les deux”, expose-t-elle. “Quand j’ai pris cette décision, je me suis dit que le regard des autres ne devait pas changer ce dont j’avais réellement envie.”
Finalement, Camillia n’a eu que des retours positifs au cours de ses études. “Les gens autour de moi sont impressionnés, mais il n’y a pas de jugements négatifs”, rassure-t-elle. “Ils sont surpris de voir une étudiante en médecine avec trois enfants, mais me félicitent pour mon parcours.”
Ce que Camillia souhaite mettre en avant, c’est qu’il ne faut pas aller contre ses objectifs. Même si “reprendre ses études quand on est maman n’est vraiment pas facile”, ce n’est pas pour autant impossible. Selon l’étudiante, le tout est de s’organiser, relativiser et ne jamais s’en vouloir de ne pas être à la hauteur, car les insuccès font partie de la vie. “Des échecs, j’en ai eu, mais ils m’ont permis d’être là où j’ai toujours eu envie d’être”, conclut fièrement la jeune maman, qui réalise enfin son rêve de petite fille.
@mamanfaitmedecineNankurunaisa est le terme en Japonais qui veut dire : Tout fini par passer ave le temps . J’y crois . Il y a 11 mois j’étais au fond du trou , à deux doigts de prendre des anti-dépresseurs , persuadée que j’allais rater mon année et ne pas parvenir à créer du lien avec mon fils . Aujourd’hui je suis une maman comblée qui a sorti la tête de l’eau . Ne laissez pas une mauvaise période définir le reste de votre vie !♬ If It's Lovin That You Want (Sped Up) - Tazzy