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« Choisir le théâtre, c’est un saut dans le vide »

Étudiant en master théâtre à Paris et au conservatoire, Elio joue pour la première fois de sa vie en tant que comédien au festival Off d’Avignon. Une nouvelle étape vers la réalisation de son rêve de faire de sa passion son métier.
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Elio et sa troupe sont programmés pour 19 dates à Avignon, pour jouer “Incendies” de Wajdi Mouawad. © Elio Gaudé

Il y a encore quelques années, il était loin d’imaginer qu’il se retrouverait sur les planches du mythique festival d’Avignon. À 21 ans, Elio, étudiant en master 1 recherche théâtre à Paris 3 Sorbonne-Nouvelle, fait ses premiers pas en tant que comédien sur une des scènes du festival Off d’Avignon. Avec sa troupe, il joue la pièce Incendies, de Wajdi Mouawad.

À côté de ses cours, le parisien suit une formation de théâtre au conservatoire du 5e arrondissement et multiplie les projets étudiants. Son rêve ? Pouvoir dire un jour qu’il est vraiment comédien. Rencontre.

Pourquoi avoir choisi d’étudier le théâtre ?

À la base, je ne savais pas du tout ce que je voulais faire. Au lycée, j’avais un profil littéraire et je suivais l’option théâtre. Mais de là à dire que j’allais y consacrer les 5 prochaines années de ma vie, il y avait quand même un monde !

Le principe de mon quotidien depuis deux ans, c’est qu’il ne faut pas compter ses heures, tenir à ses weekends, à ses nuits ou à ses jours fériés

Après le lycée je suis entré en classe prépa littéraire, à Lakanal, car il y avait une option théâtre. Mon prof était incroyable et il m’a donné envie de me lancer. Au bout de deux ans, je me suis donc inscrit en troisième année de licence à la fac. En parallèle j’ai passé les concours pour le conservatoire. C’est un double parcours qui me permet d’avoir une approche de l’art vivant à la fois théorique et pratique.

Entre la fac, le conservatoire et tes projets, comment tu t’organises au quotidien ?

Le principe de mon quotidien depuis deux ans, c’est qu’il ne faut pas compter ses heures, tenir à ses weekends, à ses nuits ou à ses jours fériés. À la fac, j’ai une dizaine d’heures de séminaires par semaine. J’ai du temps libre pour me consacrer à mes recherches pour mon mémoire : je travaille sur l’analyse de pièces contemporaines.

En parallèle, je me suis organisé pour tenir le rythme au conservatoire, qui me prend environ 16 heures par semaine. On travaille sur des pièces et on peut se préparer aux concours des écoles nationales de théâtre. À la fin de l’année, on donne une représentation. La beauté de ce parcours, c’est qu’on fait beaucoup de rencontres, avec des gens qui ont des idées, qui veulent réunir une équipe artistique et monter des projets. Donc à côté de tous mes cours, j’ai toujours des projets théâtre sur le feu. Ça prend du temps, mais c’est passionnant !

Comment tu t’es retrouvé à jouer au festival Off d’Avignon ?

Par les rencontres, comme toujours dans ce domaine ! Un groupe d’amis de mon atelier théâtre du lycée travaillait sur une pièce et il leur manquait un comédien. Ils ont pensé à moi et c’est comme ça que je suis arrivé dans ce projet. J’ai commencé comme remplaçant, il y a deux ans, et aujourd’hui je fais partie de l’équipe artistique. Dans cette pièce, qui s’appelle Incendies, de Wajdi Mouawad, je joue 3 personnages.

Si ça marche, ça peut être un sacré tremplin

Au bout d’un moment, on avait envie de pousser l’aventure plus loin, de passer le cap du statut étudiant et de prétendre à une certaine forme de professionnalisme. On a donc déposé un dossier artistique et on a été sélectionnés par un programmateur pour jouer 19 dates dans un théâtre de 120 places. Je n’ai jamais fait ça de ma vie, normalement en tant qu’étudiant c’est un miracle si on arrive à tourner plus de 5 dates.

Ça fait quel effet de se retrouver du côté des “pro”, sur scène ?

C’est mon premier Avignon en tant que comédien, donc me dire que je peux ajouter ça à mon expérience, c’est énorme. Pour moi, c’est un cap à passer : si ça marche, ça peut être un sacré tremplin. Je vois cette étape comme l’occasion de m’interroger sur la pertinence de mon parcours de ces trois dernières années. C’est une manière de me tester moi-même.

Sur scène, évidemment il y a le stress. Mais on est assez formés pour le gérer. On apprend à transformer son stress en trac, en énergie positive et en fébrilité, en volonté de se confronter à un public pour lui montrer ce qu’on a créé. Sur le jeu en lui-même ensuite, il y a un vrai enjeu de concentration qui est hyper important. À chaque représentation, il faut essayer de retrouver l’énergie de la première fois. C'est le plus dur.

De quelles qualités faut-il faire preuve pour devenir comédien ?

Jouer c’est avant tout une passion. Donc, en tant que comédien, on a très vite fait de tout donner au risque de se perdre, de donner toutes les heures de son temps en négligeant son sommeil et sa vie perso. Selon moi, il y a un équilibre à trouver : il faut avoir une certaine adaptabilité entre ce qu’il faut donner et l’endurance personnelle que l’on doit garder pour soi.

Cette adaptabilité, elle est aussi précieuse dans le rôle de comédien : il faut être ouvert aux autres, à leurs critiques et suggestions. C’est nécessaire pour faire évoluer le jeu. La production artistique est un endroit tellement intime qu’il est facile de prendre les choses très à cœur. Donc il faut essayer de déconstruire cela pour rester ouvert, c’est la meilleure manière de progresser.

Qu’est-ce que tu rêves de faire plus tard ?

Pour l’instant, quand on me demande, je ne dis pas que je suis comédien, je n’ai pas cette prétention. Mais j’aimerais réussir à franchir le cap pour passer du statut de comédien étudiant, qui joue avec des amis dans des projets amateurs à celui de comédien professionnel, qui touche une intermittence et qui tourne dans plusieurs projets à la fois.

Là, on en est qu’au 5e jour d’Avignon et ça se passe très bien. Donc j’ai envie de faire ce métier tout le temps. Même si je sais que ça ne sera pas toujours comme ça, je veux quand même tenter de passer le cap. L’année prochaine, je vais faire une césure pour me concentrer sur le conservatoire et tenter les concours des écoles nationales, parce que c’est un tremplin incroyable pour les jeunes comédiens. C’est des rencontres, un nouveau réseau, une nouvelle vision artistique.

Mon rêve, un jour, ce n’est pas de jouer dans telle ou telle pièce, avec tel ou tel artiste. C’est de pouvoir dire que je suis comédien, sans arrière pensée et sans doute. C’est un objectif sur le long terme.

Quel conseil donnerais-tu à un jeune qui veut se lancer dans le théâtre ?

Choisir le théâtre, ça fait peur, c’est quand même un saut dans le vide. Mais il faut dépasser cette angoisse et ne pas attendre d’être sûr, car tu ne le seras jamais vraiment : il y a tellement d’incertitudes. On fantasme toujours un idéal, mais la réalité c’est que dans ce domaine on prend beaucoup de décisions à l’aveugle quand on essaie de se lancer.

Donc si tu ne te fies qu'à tes sentiments et à ta logique, tu passeras forcément à côté. Il faut donc avoir l’idiotie de ne pas trop s’écouter, au début et se dire qu’on fait ça un ou deux ans, pour voir ce qu’il en ressort et que ça provoque en soi.

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