Étudier les différents aspects de la confiance chez les jeunes : c’est le leitmotiv du think tank VersLeHaut. L’association, créée en 2015, s’intéresse à l’actualité éducative et vise à apporter des solutions concrètes pour la jeunesse et l’éducation.
Dans une étude succincte publiée ce jeudi 10 octobre 2024, en partenariat avec Télémaque, le think tank dresse plusieurs constats sur la thématique de la confiance, des fondamentaux aux ambitions, en passant par l’engagement et la question de la santé mentale.
Pour réaliser cette étude, VersLeHaut s’appuie notamment sur les chiffres de son baromètre Jeunesse&Confiance, publié en 2023, et plusieurs entretiens avec différents acteurs.
8 jeunes sur 10 renoncent à leur aspirations, faute de confiance
Le manque de confiance en soi comme obstacle au quotidien
L’année dernière, le think tank VersLeHaut a dressé un constat relatif au manque de confiance en soi pour la jeunesse. Si 74 % des jeunes ont estimé avoir confiance en eux, 80 % d’entre eux affirmaient qu’ils renoncent à leurs aspirations, faute de confiance en eux.
Pour l’association, cela s’explique par différents facteurs. En tête : les inégalités entre les jeunes au sein des différents établissements. En effet, tous les enfants ne sont pas logés à la même enseigne et ne partent pas avec les mêmes armes lors de leurs apprentissages.
« Notre système éducatif est en réalité fragilisé par une ambiguïté que tout le monde perçoit, à savoir le système de sélection sociale », juge Guillaume Prévost, délégué général du think tank VersLeHaut.Un système qui, selon lui, « est éminemment concurrentiel qui fragilise les ambitions des jeunes et la capacité à mener ses objectifs ».
Ainsi, seulement 45 % des jeunes de 16 à 20 ans se fient au système éducatif pour les aider à avoir confiance en eux. « L’effort éducatif est exclusivement axé sur l’enseignement, et en restant restreint, il passe à côté des aspirations des jeunes », rétorque Guillaume Prévost. « Sans grande surprise, ils comptent essentiellement sur leurs parents et beaucoup moins sur les professionnels », ajoute Stéphan Lipiansky, chef de projet chez VersLeHaut et rapporteur de l’étude.
Confiance en soi et réussite académique : l’un ne va pas sans l’autre ?
L’association Télémaque et le think tank se sont intéressés à la corrélation entre les résultats scolaires et la confiance en soi chez les jeunes. Faut-il avoir confiance en soi pour décrocher de bonnes notes et vice-versa ? Pour Frédéric Guilleray, professeur agrégé cité dans l’étude, la confiance en soi « émerge d’un certain nombre d’éléments, dont la réussite ».
Dans l’étude, le think tank explique que la confiance en soi des jeunes serait évaluée « comme un sentiment de réussite » face à une tâche à réaliser, comme les devoirs ou bien un contrôle. « On demande à l’élève d’estimer à quel point il est confiant que la réponse qu’il vient de donner dans un test cognitif est correct ».
« La manière dont on présente une tâche change la performance. En présentant aux filles que la tâche est un dessin, elles réussissent. Si on dit géométrie, elles ne réussissent pas, alors que c’est la même chose. »
De ce fait, la confiance des jeunes pour affronter un examen est « largement corrélée avec le fait de réussir » cette même épreuve. Tout est une question de perception. « La manière dont on présente une tâche change la performance. En présentant aux filles que la tâche est un dessin, elles réussissent. Si on dit géométrie, elles ne réussissent pas, alors que c’est la même chose », analyse le think tank dans son étude.
Pour eux, la confiance en soi est primordiale dans l’apprentissage des jeunes. « Apprendre nécessite de croire en ses capacités, ce qui est déterminant pour la réussite », affirme Ericka Cogne, directrice générale de Télémaque. »Au fur et à mesure du parcours, la confiance chez certains élèves peut s’éroder, la représentation d’eux-mêmes qu’ils ont de leurs capacités », ajoute-t-elle. De son côté, Guillaume Prévost explique que cela relève parfois d’un choix personnel. « Il y a plein de gens qui n’ont pas envie d’être de bons élèves, cela ne veut pas dire qu’ils ne seront pas de bons citoyens ».
Confiance, santé mentale, ambition : quels enseignements tirer de ces constats ?
Suite à cette étude de grande ampleur sur le besoin de confiance chez les jeunes, le think tank a tiré six grands enseignements et des pistes de réflexion pour l’avenir :
- Comme évoqué précédemment, VersLeHaut estime que la confiance est « l’un des fondamentaux » pour la réussite académique.
- Le soutien adulte est essentiel. Selon le baromètre, 85 % des jeunes estiment que les parents sont les personnes en qui ils peuvent le plus avoir confiance. « Très tôt, les jeunes enfants portent un jugement sur la fiabilité des adultes en face d’eux et ce dernier repose sur l’attention, sur le fait de prendre soin de soi », explique Stéphan Lipiansky.
- La sélection que l’on peut retrouver dans les cycles éducatifs peut être délétère pour les élèves comme pour les étudiants. « Il est urgent de diversifier les voies de réussite pour ne pas les enfermer dans l’échec », propose le think tank.
- La santé mentale des jeunes s’est détériorée, notamment depuis la crise sanitaire. En 2022, 35 % des 18-24 ans avaient l’impression de ne pas prendre soin de leur santé mentale ou de leur bien-être, peut-on lire dans l’étude.
- Les expériences d’engagement « façonnent la confiance » des jeunes. Selon le think tank, celles-ci devraient être davantage accessibles. Le Service civique et le SNU ont été cités. « On pense que ces expériences d’engagement créent des liens et les aident à être mieux intégrés dans leur parcours ».
- Le think tank prône une ambition éducative. Il s’agit de « confier à un enfant un rôle premier dans l’apprentissage ». Cela passe par l’encouragement à prendre la parole, à proposer des activités concrètes et collectives dans les parcours scolaires en insistant sur « les dispositifs pédagogiques plutôt que des enseignements théoriques ».
Enjeux environnementaux : 3 jeunes sur 4 incertains face à l’avenir
Enfin, Télémaque et VersLeHaut ont tenu à mettre en exergue un phénomène qui touche les jeunes générations : les questions liées à l’écologie et le réchauffement climatique. Ce sentiment renforce leur manque de confiance face à l’avenir.
Parmi les échos qui reviennent pour les jeunes et les étudiants, ce sont probablement les enjeux environnementaux et l'éco-anxiété. Dans le baromètre Jeunes&Confiance, 75% des jeunes interrogés estiment que les problématiques environnementales ont un impact important sur leur capacité à se projeter dans le futur.
Dans ce contexte, 63% des sondés pensent que le meilleur moyen d’agir sur ces sujets de crise environnementale est d’adapter les modes de vie, les comportements et la manière de consommer. “Les enjeux environnementaux montrent une chute de 11 points depuis 2018 dans la confiance des jeunes pour l’avenir”, explique Stéphan Lipiansky. “Cette baisse significative traduit une grande source de tristesse, d’inquiétude et de peur chez eux”.
