« Exigeant », « autoritaire », «impitoyable», «stressant» : nous ne sommes pas en train de décrire le grand méchant du dernier film d’horreur au box-office. Ces mots sont les premiers évoqués par les étudiants pour décrire… le monde professionnel, rapporte une étude de l’Association pour l’emploi des cadres (APEC). Publiée ce mardi 3 septembre, cette enquête baptisée «Le monde du travail vu par les étudiants du supérieur» a été menée auprès de 600 étudiants bac+3 et plus.
Tandis que la réalité de l’insertion professionnelle est plutôt favorable aux jeunes, ces derniers s’attendent à un monde austère et compétitif, où les entreprises ne leur accordent ni place, ni reconnaissance, résume l’étude. Un tableau sombre qui laisse néanmoins entrevoir quelques notes positives, les jeunes interrogés ayant, en même temps que toutes leurs craintes, une perception stimulante et émancipatrice de la vie active. Diplomeo plonge dans les chiffres et décortique les craintes et les attentes des étudiants pour leur premier emploi.
| 📈Un marché de l’emploi prometteur pour les cadres 2024 Après une année 2023 dans le vert (+6% « recrutements), l’embauche des cadres en 2024 devrait encore progresser de 2%, avec 337 000 emplois en CDI et CDD ouverts. Les secteurs les plus porteurs ? L’informatique, l’ingénierie, le conseil, la banque-assurance, mais aussi l’industrie. Le contexte géopolitique instable et financier, avec la forte hausse des taux d’intérêt, pourrait néanmoins perturber le marché du travail cette année. Source : étude annuelle de l’APEC, publiée en avril 2024 |
Faible salaire et grosse charge de travail : les principales craintes des étudiants pour leur premier emploi
Écoles de commerce, d’ingé ou université : quelle que soit leur filière ou domaine d’études, tous les étudiants partagent la même appréhension. 9 jeunes sur 10 s’attendent ainsi à un milieu professionnel particulièrement exigeant et sérieux. La majorité des sondés craint aussi de se confronter à un monde stressant (83%), compétitif (85%), autoritaire et procédural (70%), injuste (67%), impitoyable (57%) ou encore précaire (51%).
Dans ce cadre, les personnes interrogées associent le milieu professionnel à des conditions de travail difficiles. En tête des inquiétudes, la crainte d’être mal payé (37%), de subir trop de pression (37%), d’avoir trop de travail (29%) ou encore de ne pas s’épanouir au travail (27%). Des appréhensions à mettre en miroir avec les attentes principales des sondés quant à leur futur métier, à savoir :
- leur rémunération : 59% des sondés pensent qu’il sera compliqué de trouver un emploi bien rémunéré
- l’intérêt qu’ils donnent à leur travail : ⅔ des jeunes pensent qu’ils ne trouveront pas d’emploi correspondant à leurs choix
- leur équilibre vie pro / vie privée : 41% craignent que leur premier emploi n’offre pas cet équilibre
Le CDI et l’insertion en entreprise : un graal inatteignable ?
Quant à la première étape qui attend les étudiants juste après leur diplôme, à savoir la recherche d’emploi, le pessimismedomine encore les esprits, souligne l’étude. Un jeune sur deux craint ainsi que trouver un CDI soit compliqué, voire très compliqué (14%).
Autant de craintes nourries par le sentiment que les entreprises ne réservent pas une place suffisante aux jeunes. À leurs yeux, les employeurs ont ainsi une mauvaise image des jeunes (51%), ne leur donnent pas leur chance (52%), les intègrent mal (47%) ou encore ne leur confient pas de tâches intéressantes (51%) et ne leur permettent pas une progression rapide (66%).
| ⚖️ Les jeunes femmes particulièrement inquiètes pour leur insertion pro L’étude de l’APEC révèle certaines disparités entre les sondés : les jeunes femmes sont particulièrement inquiètes sur les perspectives d’insertion et doutent encore plus de la possibilité de trouver un emploi correspondant à leurs critères. À l’inverse, les étudiants en école d'ingénieurs sont les plus sereins sur leur insertion pro et la qualité de celle-ci. |
Un manque d’informations sur le monde du travail
Heureusement, tout n’est pas si sombre dans la vision qu’ont les jeunes de la vie professionnelle. 70% d’entre eux jugent le monde du travail stimulant, mais aussi innovant (64%) et coopératif (63%). 52% sont aussi enthousiastes à l’idée d’avoir accès à l’indépendancefinancière - un argument valable en particulier chez les femmes, 60% des répondantes l’ayant mentionné.
Le travail permet aussi, selon les étudiants, de se sentir utiles (40%). Ces derniers apprécient en outre le fait qu’ils pourront mettre en pratique leur apprentissage (27%), mais aussi continuer à apprendre (43%) une fois en poste et évoluer en acquérant une autonomie et en endossant des responsabilités.
Des attentes fortes de la part des étudiants, dont les craintes sont aussi nourries par un manque criant d’informations concrètes, souligne l’étude. La plupart des étudiants avouent ainsi mal connaître le monde du travail : 51% ne connaissent par exemple pas le droit du travail ni la gestion des carrières. Ces derniers aimeraient avoir des informations sur les métiers, mais aussi sur le fonctionnement général du marché du travail et des entreprises. Une piste à creuser dans la pédagogie des formations de l’enseignement supérieur ?
