Si vous n’en avez pas déjà fait l’expérience en stage ou en alternance, vous connaissez très certainement le concept. En entreprise, la période des fêtes de fin d’année rime souvent avec “Team Building”. Mais ces sessions de cohésion d’équipes, très populaires depuis les années 1980 (près de 8 entreprises sur 10 y ont recours aujourd’hui), n’ont plus la côte auprès des jeunes diplômés.
C’est ce que nous apprend une étude publiée, fin novembre*, par deux enseignants-chercheurs, Xavier Philippe de l’EM Normandie et Thomas Simon de Montpellier Business School (MBS). Les sociologues dressent un constat clair : “si les entreprises voient le team building comme une expérience amusante et inoubliable, les jeunes diplômés considèrent ces séminaires “ridicules” et “gênants”.
Alors que les Teams Building sont censés créer une atmosphère ludique et amusante de cohésion en entreprise, ils ont plutôt l’effet opposé pour les jeunes. “Ces solutions prêtes à l’emploi ont tendance à faire fuir les meilleurs collaborateurs”, mettent en garde les chercheurs. On fait le point.
Éloignement des “préoccupations du travail réel”
Au cœur des critiques : “le fun”, l’amusement, qui est finalement “loin d’être un atout pour le management”, résument les sociologues. “Plus cet amusement est orchestré, plus il semble louche et suspicieux”, développent-ils. Les jeunes participants se sentent ainsi “infantilisés, voire manipulés” abondent-ils.
“En brouillant les cartes entre amusement et travail”, le team building peut ainsi créer un sentiment “d’inconfort et de malaise”, partagé par de nombreux jeunes diplômés, notent les auteurs. D’autant plus que cet aspect “fun” éloigne les participants des “préoccupations du travail réel tout en prétendant les avoir résolues”, ajoutent-ils. Dès lors, “le fun est un problème pour les organisations : il s’inscrit dans la mouvance du #bullshit job en entreprise et vient tenter de masquer les enjeux réels du travail” conclut l’enquête.
Pour autant, tout n’est pas à jeter dans le team building, nuancent les chercheurs. Les jeunes diplômés ne rejettent pas en bloc cette pratique et proposent de nouvelles manières d’organiser ces sessions. “Mieux vaut un événementspontané, venant de la base plutôt qu’un séminaire absurde et instrumentalisé par le management”, écrivent les auteurs de l’enquête.
* Etude menée avec 35 entretiens individuels auprès de jeunes diplômés de Grandes Écoles françaises, sur une période de huit mois.