Quel salaire après un cursus de bac +2 à bac +5 ? Dans un contexte d’inflation (près de 6% en 2023), les rémunérations des jeunes diplômés en France sont en hausse. La rétribution annuelle brute médiane d’un diplômé Bac +5, avec moins de deux ans d’expérience, atteint ainsi 42 000 euros en 2023, en hausse de 7% par rapport à 2022. Pour un diplômé d’une école d’ingénieur prestigieuse, dite de “premier rang”, la paie peut atteindre 43 500 euros par an.
Voilà ce que nous apprend une enquête menée par WTW, publiée mardi 5 décembre. La société d’assurance a analysé les salaires de 12 300 jeunes titulaires d’un diplôme de Bac+2 à Bac+5, d’écoles d’ingénieurs ou de commerce, d’universités ou de formations spécifiques, au sein d’un panel de 63 entreprises, entre avril et juin 2023.
Si ces niveaux de rémunération varient selon le type de diplôme ou le prestige de l’école, le salaire n’est plus la seule motivation pour attirer les jeunes en entreprise. D’autres facteurs, en lien avec la qualité de vie professionnelle, la flexibilité ou encore le sens donné au travail, sont autant de variables auxquelles les structures tentent de s’adapter.
Jusqu’à 5000 euros de différence selon la renommée de l’école
Les entreprises françaises sont attachées au prestige des écoles pour déterminer le salaire du jeune diplômé dès l’embauche, nous apprend l’enquête. Ainsi, avec un salaire annuel brut de 43 000 euros, un jeune diplômé issu d’une école de commerce de “premier rang” touche 5000 euros de plus par an (+13%) qu’un diplômé issu d’une école de commerce de 3e rang (38 000 euros).
De même, l’écart de rémunération annuelle brute entre un diplômé d’une école d’ingénieur de premier rang atteint 43 500 euros médian, contre 40 500 euros pour un diplômé d’une école de troisième rang. Soit 3000 euros de différence.
Selon l'étude, les écoles de commerces se classent selon trois rangs
1er rang : salaire annuel de base médian à 43 000 euros
- HEC
- ESSEC
- ESCP Europe
- EM Lyon
- EDHEC
2e rang : salaire annuel de base médian à 40 000 euros
- SKEMA BusinessSchool
- NéomaBusinessSchool
- Grenoble Ecole de Management
- KedgeBusinessSchool
- Audencia Nantes Ecole de Management
- Toulouse BusinessSchool
- IESEGSchoolof Management
3e rang : salaire annuel de base médian à 38 000 euros
- Montpellier BusinessSchool
- Institut Mines-Télécom BusinessSchool
- ESC RennesSchoolof Business
- École Supérieure des Sciences Commerciales d'Angers(ESSCA)
- BusinessSchoolINSEEC•École de Management de Strasbourg
- ICN BusinessSchoolNancy-Metz
- ESCE BusinessSchool
- Ecole de Management Léonard De Vinci (EMLV, Paris LaDéfense)
De même, les écoles d'ingénieurs se déclinent en trois rangs
1er rang : salaire annuel de base médian à 43 500 euros
- Polytechnique
- Telecom paris
- CentraleSupélec
- Ponts Paris Tech
- Ecole des Mines Paris
- ENSTA Paris
2e rang : salaire annuel de base médian à 41 500 euros
- Ecole des Mines-Nancy
- École Centrale-Lille
- INSA Lyon
- École Centrale-Lyon
- École Centrale-Nantes
- ISAE-SUPAERO-Toulouse
- Arts et Métiers Sciences et Technologies
- Grenoble INP-Ensimag•UTC-Compiègne
- École des Mines-Saint-Étienne
- ENSAE Paris•Grenoble INP-Phelma
- ENSEEIHT-INP Toulouse
2e rang : salaire annuel de base médian à 40 500 euros
- TélécomSudParis-Evry
- UTT-Troyes
- Grenoble INP-Ense
- AgroParisTech
- École Centrale-Marseille
- ECPM-Strasbourg
- ESIEE Paris-Marne-la-Vallée
- ESILV-Paris-La Défense
- IMT Mines Alès
- INSA Toulouse
- ITEEM (Centrale Lille)
- ENSCM-Chimie Montpellier
- IMT Nord Europe
Pour les formations spécifiques (sciences politiques, informatiques, nouvelles technologie, médicament, statistiques…), le salaire annuel de base à l’embauche ne varie pas selon le prestige du cursus. Il s’élève en moyenne à 40 500 euros annuels bruts. De même, pour les jeunes ayant suivi un cursus universitaire, ce montant s’élève à 38 000 euros bruts par an. Les meilleurs salaires étant réservés aux étudiants des universités de Paris Dauphine, de Paris 1 Panthéon Sorbonne et Paris Panthéon Assas.
A noter que les salaires des jeunes diplômés ne sont pas les seuls à avoir été rehaussés en 2023. Les gratifications des stagiaires et des alternants sont elles aussi en hausse, et bien supérieures au seuil légal (jusqu’à +23% pour les stagiaires en Bac+4 à bac+6).
“La rémunération attractive ne suffit plus à retenir les jeunes talents”
Alors que les entreprisespeinent à attirer - et garder - de nouveaux talents, celles-ci mettent en place des politiques pour retenir leurs jeunes recrues. A commencer par le salaire : 59% d’entre elles ont revu en 2023, ou envisagent de revoir à la hausse leurs grilles de rémunération à l’embauche, selon l’étude.
Autre levier : 85% des entreprises ont déployé une stratégie de développement en interne (formation, mobilité), 77% ont mis en place un modèle hybride (présentiel et télétravail), dans le cadre d’une politique de flexibilité et 62% ont développé une stratégie d’accueil (“onboarding”) des nouvelles recrues, égrène l’enquête.
“Dans un contexte de versatilité des jeunes talents, la rémunération attractive seule ne suffit plus à les retenir, d’autant que la hausse des prétentions salariales n’est qu’une réponse à celle du coût de la vie”, analyse Radia Rafil, consultante en Data intelligence chez WTW en France. “Les entreprises doivent donc redoubler leurs efforts pour offrir une expérience collaborateur qui réponde à leurs attentes en termes de flexibilité, d’évolution de carrière et de quête de sens”, conclut-elle.
