L’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) a publié, ce mois de novembre, les résultats de l’enquête « Contexte des sexualités en France — 2023 » (CSF-2023), initiée par l’ANRS-Maladies infectieuses émergentes. Depuis 1970, il s’agit de la quatrième enquête scientifique menée à l’échelle nationale sur la sexualité des adultes. Les données ont été collectées entre novembre 2022 et décembre 2023, auprès de plus de 31 000 personnes, âgées de 18 à 59 ans.
Les 18-29 ans représentent 17,7 % des femmes et 18,5 % des hommes interrogés. S’ils sont les plus exposés à certaines pratiques à risques, ils sont également pionniers de plusieurs bonnes habitudes à prendre et de mentalités progressistes. Découvre 7 chiffres clés de l’enquête CSF-2023 publiée en novembre 2024 !
18,2 et 17,7 ans : l’âge médian au premier rapport sexuel
18,2 ans pour les femmes et 17,7 ans pour les hommes : c’est l’âge auquel la moitié des sondés de l’enquête CSF-2023 a eu son premier rapport sexuel. Depuis les années 2010, l’âge médian du premier rapport remonte par rapport à la tendance observée depuis 1960 : une diminution de 3 ans pour les femmes et de 2 ans pour les hommes caractérise la période 1960-2010.
Aux alentours de 1966, l’âge médian du premier rapport sexuel est fixé à 20 ans chez les femmes et 19 ans chez les hommes. Ensuite, il est en chute libre pendant près de 2 décennies pour atteindre environ 18 ans chez les femmes et les hommes en 1980. En 2006, l’âge médian du premier rapport est fixé à 17 ans chez les femmes et en 2010, il descend à 17 ans également chez les hommes. Depuis lors, l’enquête révèle une remontée pour les deux sexes.
Les jeunes semblent alors prendre davantage leur temps avant de passer le cap — ce qui peut être interprété positivement. Un propos à nuancer toutefois, puisque l’étude énonce également que recul de l’âge médian du premier rapportne rime pas avec plus grande protection des premiers rapports sexuels.
Plus de rapports homosexuels déclarés chez les jeunes femmes que chez les jeunes hommes
L’enquête met en avant une information inédite : « Pour la première fois en 2023, les femmes déclarent plus de rapports homosexuels que les hommes ». Si les résultats démontrent que les expériences avec une personne du même sexe sont « beaucoup plus fréquentes » chez les jeunes âgés de 18 à 29 ans, elle dévoile également que la part de jeunes femmes à déclarer avoir au moins eu un rapport homosexuel au cours de leur vie s’élève à 14,8 % contre 9,3 % chez les hommes du même âge.
Là encore, il peut s’agir d’une donnée positive, laissant éventuellement deviner une meilleure acceptation de sa sexualité chez les jeunes femmes. En parallèle, ces chiffres peuvent être le résultat de la diminution des tabous et de l’autocensure.
Les identifications non hétérosexuelles plus fréquentes chez les 18-29 ans
« [Les] identifications non hétérosexuelles sont plus fréquentes chez les 18-29 ans », peut-on lire dans l’étude. De fait, 1,3 % des femmes et 2,3 % des hommes du panel total - âgé de 18 à 89 ans - définissent leur sexualité comme homosexuelle. 2,8 % des femmes et 2,3 % des hommes se disent bisexuels. 1,5 % des femmes et 0,6 % des hommes se considèrent pansexuels.
Du côté des jeunes de 18-29 ans interrogés, 2,6 % des femmes et 3,2 % des hommes se considèrent homosexuels. 9,6 % des femmes et 4,3 % des hommes se déclarent bisexuels. 3,1 % des femmes et 1,1 % des hommes, quant à eux, se considèrent pansexuels. Ainsi, près de 4 jeunes femmes et 2 jeunes hommes sur 10 ne sont pas strictement hétérosexuels (autant en termes d’attirance, que de pratiques ou que d’identité). En parallèle, cette tranche d’âge est aussi la plus concernée par une réflexion personnelle autour de l’appartenance et du changement de genre.
L’enquête explique alors très justement que « la remise en cause de l’hétérosexualité est ainsi plus fréquente chez les jeunes générations, celles-ci ayant grandi, à la différence de leurs parents et grands-parents, dans une période de forte évolution des droits et de la visibilité sociale des personnes LGBTQA+ ».
Expériences sexuelles en ligne : les jeunes beaucoup plus concernés
Se connecter à un site de rencontre, rencontrer un partenaire sexuel en ligne, échanger des images ou des vidéos intimes à distance : ce sont autant d’expériences que l’essor du numérique rend possibles. La tranche du panel de l’enquête CSF-2023 âgée de 18 à 29 ans est la plus concernée par ces pratiques. 63,9 % des femmes de moins de 30 ans et 72,8 % des hommes du même âge ont déjà eu des expériences de ce type.
L’enquête met également en lumière les dangers liés à ces pratiques en ligne, comme la réception de messages et d’images intimes et sexuelles non sollicités, ou encore, la diffusion à son insu d’images intimes. Une femme sur trois et un homme sur quatre chez les moins de 30 ans déclarent déjà avoir vécu une expérience préjudiciable en ligne.
Davantage de cas de violences sexuelles déclarés surtout chez les jeunes
Entre 2006 - date de l’avant-dernière enquête nationale - et 2023, les déclarations de rapport forcé ou de tentative de rapport forcé ont augmenté de la part de l’ensemble de la population sondée. Toutefois, l’enquête explique que « la hausse est particulièrement marquée chez les jeunes de 18-29 ans, passant de 16,5 % à 36,8 % pour les femmes et de 4,7 % à 12,4 % pour les hommes ».
L’étude interprète bien évidemment ces résultats de façon négative, en y prêtant une augmentation concrète des faits de violence sexuelle, mais les chercheurs estiment aussi que « ces évolutions peuvent traduire (...) une augmentation de la capacité à qualifier les faits de violence et (...) aussi une plus grande facilité à les évoquer dans le cadre d’une recherche ».
Plus de la moitié des 15-29 ans vaccinés contre l’hépatite B
L’hépatite B est une Infection sexuellement transmissible (IST). Un vaccin existe. Sans compter les personnes ne connaissant pas leur statut vaccinal, 63,5 % des jeunes filles et jeunes femmes sont vaccinées contre l’hépatite B. Ce chiffre descend à 52,9 % pour les jeunes hommes du même âge. La couverture vaccinale n’est pas encore suffisante, mais « elle progresse significativement chez les jeunes générations », selon l’enquête.
La couverture vaccinale contre le papillomavirus progresse aussi chez les jeunes. 61,3 % des jeunes filles et femmes de 15 à 19 ans sont vaccinées, contre 32,9 % des jeunes hommes du même âge.
51,8 % des dernières grossesses sont non souhaitées chez les femmes de 18-29 ans
Il s’agit d’un chiffre fort mis en exergue par l’enquête CSF-2023 : « En 2023, 51,8 % des dernières grossesses survenues dans les 5 ans sont non souhaitées chez les jeunes femmes de 18 à 29 ans ».
Il est aussi l’occasion de rappeler que des moyens de contraception existent comme le préservatif, la pilule ou le stérilet — pour ne citer que les plus célèbres. S’ils ne sont pas efficaces à 100 %, ils réduisent substantiellement les risques. Il est aussi bon de rappeler que tous les modes de contraception féminines ne conviennent pas à tout le monde. Avant d’opter pour l’une ou l’autre méthode, il est nécessaire de bien s’informer et d’échanger avec un professionnel de santé.
Pour rappel : le préservatif n’est pas seulement un moyen de contraception. Il protège également contre plusieurs IST. Ce n’est pas le cas d’un simple usage de la pilule, par exemple.
