« L’alternance fait partie des gênes de cette maison », déclare Christian Laine, président de la fondation INFA. Pour la première fois depuis sa création, l’Institut National de Formation et d’Application (INFA) a établi un sondage concernant la représentation de la formation en alternance par les salariés. Il apparaît que ce mode d’apprentissage est non seulement connu, mais reconnu par le monde professionnel : 98 % des personnes interrogées déclarent connaître la formation en alternance.
L’alternance, un parcours professionnalisant
Quels sont les principaux chiffres qui ressortent de ce premier baromètre ? 44 % des salariés estiment que la formation doit servir à développer une bonne capacité d’adaptation et 42 % pensent qu'elle permet d’avoir une meilleure connaissance du monde de l’entreprise. L’alternance apporte non seulement connaissances et savoir-faire, mais permet ainsi de prendre du recul sur le terrain professionnel vis-à-vis de la formation théorique. « L’alternance doit devenir une voie d’accès à l’emploi », soutient Alain Langlace, directeur général de la fondation.
« L'alternance restitue le stagiaire dans la société dans laquelle il vit »
L’étudiant découvre la réalité de l’environnement professionnel et faire le choix de l’alternance permet de se professionnaliser (pour 94 % des personnes interrogées). Le jeune s’approprie ainsi les valeurs et la culture de l’entreprise, il se retrouve au plus près de la réalité du métier. Une formation en alternance « restitue le stagiaire dans la société dans laquelle il vit », affirme Christian Laine. L’entreprise doit accompagner le jeune dans sa démarche citoyenne à travers la transmission d’un savoir-être.
L’alternance face à une impasse ?
Les bénéfices de l’alternance sont certains, mais les résultats du baromètre révèlent les limites de la formation en alternance. La principale barrière rencontrée dans la démarche d’une formation en alternance repose sur la difficulté à trouver une entreprise d’accueil, d’après 77 % des salariés interrogés. Diplomeo révélait dans un récent sondage que 52% des jeunes n'ont pu suivre une formation en alternance, faute d'avoir trouvé une entreprise pour les accueillir. En effet, certaines professions dîtes en tension ne peuvent bénéficier des conditions et du cadre réglementaire de l’alternance, c’est le cas notamment des métiers du secteur sanitaire et social. Le monde de l’artisanat n’est par ailleurs pas le seul secteur concerné par le processus de l’alternance contrairement aux idées reçues.
La fondation INFA souhaite ainsi redonner une dynamique à ces secteurs professionnels trop souvent en marge de la formation en alternance. De plus, toutes les entreprises ne bénéficient pas nécessairement de l’alternance et les principales raisons invoquées ne sont pas d’ordre d’économique. 70 % des répondants estiment qu’il est difficile de mettre en place l’alternance pour les petites et moyennes entreprises et 68 % évoquent la charge de travail supplémentaire pour les salariés formateurs.
L’Institut National de Formation et d’Application (INFA) souhaite faire bouger les lignes. La fondation profite de la période électorale pour interpeller les candidats à l’élection présidentielle sur le sujet de l’alternance. 79 % des personnes interrogées considèrent que l’insertion professionnelle représente un sujet urgent pour le prochain président de la République. Mais les candidats ne présentent pas suffisamment de solutions concrètes pour remédier aux problèmes que rencontre l’alternance. Les projets de la fondation sont nombreux comme le développement de contrat-parcours pour les secteurs économiques en tension afin de faciliter l’insertion professionnelle des personnes peu qualifiées, ainsi que le renforcement de l’accompagnement de l’alternant dans sa recherche d’entreprise.
Rencontre avec une ancienne alternante
Jihane est une jeune étudiante qui a bénéficié de l’alternance au cours de sa scolarité à l’âge de 22 ans. Elle considère que ce mode d’apprentissage permet « de mettre en pratique ce qu’on apprend en cours ». L’approfondissement des outils pédagogiques apparaît comme un avantage incontestable de l’alternance. Suivre une formation en alternance a permis à Jihane de bénéficier du même statut qu’un salarié au sein de l’entreprise. Elle a également découvert « le vrai côté de la vie professionnelle ». À l’issue de sa formation en alternance, le réseau professionnel de cette jeune étudiante s’est considérablement enrichi et représente un sérieux avantage pour une future insertion professionnelle réussie.
En revanche, Jihane reconnaît que les démarches sont compliquées et peuvent devenir un frein au choix de l’alternance, c’est pourquoi il faut suffisamment se prendre à l’avance dans la recherche de l’entreprise. Le chef d'entreprise dénombre également de nombreux avantages dans le recrutement de jeunes en alternance : « Les entreprises voient l’alternance comme un investissement », termine Jihane.