Ils manquent cruellement à l’appel sur les bancs des écoles d’ingénieurs. Les femmes et les élèves issus de la diversité, sociale ou territoriale, sont toujours sous-représentés dans les formations en sciences de l’ingénieur. Perçues comme trop élitistes ou inaccessibles, elles offrent pourtant des débouchés intéressants sur le marché du travail.
C’est en partant de ce constat que Centrale Supélec s’est donnée pour mission d’obtenir "plus de diversité et d’inclusion" dans ses rangs. Alors qu’il manque en France au moins 10 000 ingénieurs par an, selon une étude de l’IEFS, l’École tente de relever un double défi. Elle veut "augmenter le vivier" d’ingénieurs, tout en répondant "aux besoins des entreprises et de la société en termes de diversité et d’égalité des chances".
Objectif : "atteindre 30% de jeunes femmes et 30% de boursiers d’ici 2032", expose, ce jeudi 26 octobre, Romain Soubeyran, directeur général de Centrale Supélec lors d’une conférence de presse. Actuellement, l’établissement compte 28% de femmes dans son cycle ingénieur et 17% de boursiers.
Une approche "systémique" auprès des jeunes, dès la troisième
Pour répondre à cette ambition, Centrale Supélec a lancé, dès avril 2023, le centre des diversités et de l’inclusion (CeDI). Celui-ci accompagne les jeunes, dès la fin du collège et jusqu’à la 3e année du cycle ingénieur. Une "approche systémique", fidèle à la méthode des ingénieurs, qui repose sur trois axes.
Contribuer à l’égalité des chances
Pour que "le genre, la diversité territoriale ou sociale" ne soient pas un frein à la poursuite d’études scientifiques dans le supérieur, l’école souhaite sensibiliser les lycéennes et lycéens aux sciences, explique la direction de Centrale Supélec.
Des bancs de l'école à l'entrée dans la vie active, l'origine sociale plombe encore les inégalités
Plusieurs projets sont mis en place en ce sens. Comme le SummerCamp : une semaine ouverte à des élèves de seconde. Cet été, 150 élèves (50% de filles et 50% de boursiers) ont découvert, en immersion, les formations proposées par Centrale Supélec. Des portes ouvertes et expositions sur les campus de Centrale Supélec ont en outre été organisées pour les collégiens et lycéens, afin de “permettre aux jeunes de se projeter en filière scientifique et dans une grande école”.
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— CentraleSupélec (@centralesupelec) October 26, 2023
Diversifier le recrutement
Avec le déploiement d’une voie d’admission universitaire à Centrale Supélec, l’école espère ouvrir ses portes à un public différent de ses candidats en prépa, majoritairement masculins. Elle a ouvert en outre deux nouveaux cursus, dans le but d’attirer plus de femmes.
Centrale Supélec propose désormais deux nouveauxBachelors, en partenariat avec l’Essec et McGill, université anglophone de Montréal. Pari réussi : le premier, à forte composante management, compte 42% d’étudiantes. Et le second, plus généraliste qui enseigne les sciences du vivant, compte 36% de femmes étudiantes.
Proposer une politique d’inclusion
Une des missions du CeDI : "s’assurer qu’aucun élève ne soit entravé par des difficultés financières", insiste la direction de Centrale Supélec. Pour la mener à bien, l’école s’appuie sur une "politique de bourse active". Comme la bourse Sébastienne Guyot, d’un montant de 8 000 euros par an sur trois ans, accordée à trois jeunes filles.
Les jeunes femmes disposent en outre depuis 2022 d’un programme de mentorat, dont les mentors sont des alumni. Centrale Supélec a enfin développé l’apprentissage, qui permet une ouverture des formations à des élèves issus de milieux défavorisés.
"Lever l’auto-censure"
Centrale Supélec ne compte pas s’arrêter là. L’école va lancer, en 2024 des stages d’observation pour les élèves de troisième dans les entreprises des alumnis. Un programme "Centrale Supélec Prépa" devrait aussi voir le jour en septembre 2024. Il vise à accompagner une trentaine de candidats boursiers des classes préparatoires (sélectionnés sur dossier, par l’école).
Derrière ces projets, toujours les mêmes objectifs : "toucher les élèves de plus en plus tôt, aller à leur rencontre partout en France, lever l’auto-censure, développer l’attractivité des sciences", insiste Romain Soubeyran.
Des défis que Centrale Supélec tente de relever, entourée d’associations et d’entreprises partenaires, sous réserve de soutien financier. La récente donation à l’école de 3 millions d’euros de Stéphane Bancel, président du laboratoire Moderna, et ex-étudiant de Centrale Supélec, a ainsi permis la mise en marche de la CeDI. De quoi donner à l’école les moyens de ses ambitions.