Si la formation en alternance connaît un succès fulgurant depuis quelques années, elle semble également avoir une incidence socio-économique. C’est ce que révèle une étude de l’association Walt et de la Fédération Syntec, publiée en octobre 2023.
Pour réaliser cette enquête, les auteurs se sont référés aux 837 000 contrats d’apprentissage qui ont été signés en 2022, selon le ministère du Travail. Un chiffre en hausse de 14 % par rapport à 2021. La proportion du nombre d’alternants s’est accrue pour tous les niveaux de diplômes post-bac : 22 % pour les bac+2, 19 % pour les bac+3/bac+4 et 22 % pour les bac+5 et plus.
L’alternance : un « levier d’ascension sociale »
Faire le choix de l’alternance quand on est issu d’un milieu social modeste revêt bien des avantages, comme entamer de longues études. Selon l’enquête, ce mode de scolarité « augmente significativement » l’accès aux études supérieures, notamment jusqu’en deuxième année de master. 41 % sont issus de familles d’employés, et 25,1 % d’ouvriers et d’artisans.
En outre, 24 % des apprentis inscrits en école de commerce ou en école d’ingénieurs diplômés d’un bac+5 ne sont pas des enfants de cadres, contre 19 % des étudiants en formation initiale. Cela vaut également pour tous les autres diplômés d’un master 2 : l’étude affirme que 30 % des alternants sont issus de milieux sociaux plus populaires.
Dans le détail, il est possible d’avoir 13 % d’apprenants issus de milieux modestes de plus dans un cursus de niveau master, grâce à l’alternance. Du côté des écoles privées, la probabilité est de 36 % supplémentaires en business school et 47 % en école d’ingénieurs.
© Association Walt
Aller plus loin dans ses études, grâce à un apport financier non négligeable. Eh oui, l’apprentissage permet non seulement à l’étudiant d’être exempté de ses frais de scolarité, mais aussi de percevoir un revenu. « Ce gain est particulièrement bénéfique pour les foyers modestes, pour qui les frais d’études pèsent en moyenne 5,6 fois plus lourd que pour les foyers plus aisés », apprend-on dans l’étude.
En ce sens, une autre enquête de la Conférence des présidents d’université (CPU), corrélée avec celle de l’association Walt, renforce cette idée d’ascension sociale des jeunes. L’étude de la CPU indique que 30 % des apprentis n’auraient pas poursuivi leurs études s’ils ne jonglaient pas entre les cours et l’entreprise. 34 % d’entre eux étaient boursiers avant d’opter pour l’alternance.
L’apprentissage facilite l’insertion professionnelle des jeunes diplômés
Sans surprise, choisir un cursus en alternance, c’est augmenter ses chances de trouver un emploi dans la vie active. Cette étude le confirme : 54 % des apprentis décrochent un poste en CDI dans les deux mois post-diplôme, contre 34 % pour les autres.
Pour les formations du CAP au BTS, 70 % ont déniché un emploi dans le secteur privé en juillet 2022, soit un an après l’obtention de leur précieux sésame. L’étude précise que ces derniers ont majoritairement été embauchés dans leur entreprise d’origine, par leurs employeurs. Ceux qui n’ont pas opté pour l’alternance sont 50 % à tirer profit d’un emploi post-diplôme.
Quant aux alternants des niveaux supérieurs, ils sont 84 % au niveau licence professionnelle (bac+3) et 80 % au niveau master (bac+5) à avoir décroché un travail au cours de leurs trois premières années dans la vie active. Les étudiants en formation classique, eux, sont respectivement 72 % et 67 % à bénéficier d’un accès durable à l’emploi.
Le ministère de l’Enseignement supérieur dévoile une charte d’accompagnement pour les apprentis
Face à la démocratisation de l’apprentissage dans les études post-bac, le ministère de l’Enseignement supérieur a mis en ligne une charte pour mieux accompagner les apprentis. Cette dernière définit « les engagements des acteurs de l’apprentissage » dans l’accompagnement des alternants du supérieur, « en termes de pédagogie et de suivi de leur trajectoire ».
Si l’objectif de cette charte n’est pas de « se substituer aux référentiels existants », elle vise à « constituer la base d’une pratique vertueuse ». L’objectif principal étant d’apporter une aide aux alternants du supérieur dans leur réussite, dès la signature de leur contrat d’apprentissage ou de professionnalisation.