Allier son amour pour les sciences et celui des balades en voile : c’est le leitmotiv d’Antoine Canivet, 23 ans. Ingénieur en herbe, il enfile à ses heures perdues le blouson de skipper : la navigation est une activité qu’il prend plaisir à partager. Un équilibre scientifique et sportif qu’il cultive à travers ses engagements et ses projets.
Originaire de la capitale, le jeune homme se dirige vers une classe préparatoire PCSI, puis PSI au lycée Claude-Bernard à Paris. Il passe ensuite les concours post-prépa pour intégrer l’école d’ingénieurs de Mines-Nancy, dans le cadre du Programme grande école (PGE). Au fil des années passées sur les bancs de l’école d’ingénieurs, sa passion pour la navigation en mer se concrétise. Portrait.
La passion pour la voile depuis l’enfance, entre brise et Breizh
C’est pendant sa tendre enfance que le jeune homme s’est familiarisé avec la voile, lors de ses vacances estivales en Bretagne, à l’âge de 8 ans. « Ma mère est d’origine bretonne et j’ai commencé par un stage en catamaran quand j’étais enfant », se remémore-t-il. Bien que ses parents ne soient pas « spécialement des voileux », Antoine y consacre beaucoup de temps lors de ses activités au sein des scouts marins. « Cette expérience m’a fait passer de la planche à voile au voilier habitable ».
À l’adolescence, il obtient plusieurs diplômes, dont celui de chef de bord et d’encadreur dériveur. Antoine enfile ensuite la casquette de chef scout marin à 16 ans et supervise les navigations des scouts avant de former de nouveaux marins. « On entre dans une nouvelle dimension quand on devient chef de bord », explique-t-il, avant d’ajouter : « Cette expérience a été très formatrice et cela m’a permis de faire de la voile sur de plus gros bateaux et de commencer les convoyages, puis des courses ».
Son bac en poche et sa classe prépa terminée, il passe les concours pour intégrer une grande école d’ingénieurs à Mines-Nancy : un établissement niché dans le Grand Est. S’il s’éloigne des côtes maritimes françaises, ses activités ne s’estompent pas, au contraire. « C’était assez drôle parce qu’au moment où je me suis éloigné de la mer, c’est-à-dire en arrivant en Lorraine, j’ai commencé à faire beaucoup plus de voile », pointe-t-il.
La césure : un grand bol d’air frais au rythme des vagues
Afin de développer ses compétences et de s’adonner à sa passion pour la voile, Antoine décide d’entamer les démarches pour amorcer son année de césure. Il expose ses arguments à l’administration de l’école pour s’octroyer une parenthèse dans sa scolarité, mais celle-ci se montre perplexe au début. « Mon école ne comprenait pas quelles étaient mes intentions », concède-t-il. « C’est quand ils ont vu que j’avais une plaquette et des sponsors qu’ils se sont dit que c’était quelque chose de sérieux ».
Après avoir eu l’accord de son établissement, Antoine décide de partir à la conquête des terres bretonnes et normandes. Une des plus grandes courses qu’il effectue lors de sa césure, c’est la Mini en Mai : une compétition en solitaire qui a lieu au printemps. Le jeune skipper met les voiles à la Trinité-sur-Mer (Finistère) pour faire un grand tour du Golfe de Gascogne. « J’ai aussi fait une autre course de Douarnenez à Deauville, puis une qualification en solitaire depuis La Rochelle en passant par la Manche, les îles Britanniques et l’Irlande ».
« Mentalement, c’est un véritable challenge, on est tout seul et il n’y a personne pour nous réconforter »
Ses voyages apportent parfois leur lot de déconvenues. Lors de son périple, il fait face à plusieurs obstacles : des vents violents et la présence de nombreux cargos lors de sa traversée en Normandie. « Il faut faire très attention lorsqu’on navigue en Europe du sud, car il y a beaucoup de ports et donc beaucoup de navires marchands qui peuvent croiser ta route. Il faut savoir les éviter », explique-t-il.
© Antoine Canivet/Droits réservés
Ce qui l’anime quand il fait de la voile, c’est que ces périples ne se ressemblent pas les uns et les autres. « Mentalement, c’est un véritable challenge, on est tout seul et il n’y a personne pour nous réconforter. On vit des moments forts, de la joie comme du découragement, mais c’est ce défi qui rend tout ça passionnant », admet Antoine. Aujourd’hui, le jeune homme dispose d’un nouveau bateau et souhaite prendre davantage confiance en lui lors de ses voyages afin de « vivre encore mieux ses aventures » avec « de meilleurs résultats ».
Élève ingénieur à temps partiel, skipper à temps plein
Pour Antoine, il y a les aventures en mer, mais aussi les objectifs scolaires. Si la voile demeure importante dans son quotidien, l’élève ingénieur est également un passionné d’ingénierie avec un fort engagement pour les sciences, le domaine de l’énergie et le développement durable. Rentré de césure, il poursuit ses études en deuxième année de master à Mines-Nancy, tout en préparant sa participation au Mini Transat 2025, une course en solitaire à travers l’Atlantique.
Grâce à son statut d’étudiant sportif de haut niveau, il bénéficie de nombreux aménagements dans son emploi du temps pour concilier voile et études. « Cela me permet de mieux connaître mon bateau et de m’améliorer continuellement », précise Antoine. « J’ai accès à des horaires flexibles et des cours à distance lorsque nécessaire, ce qui m’aide à gérer les deux aspects de ma vie », ajoute-t-il.
Un profil très touche-à-tout, car ce dernier gère une ribambelle d’initiatives qui se font échos. L’étudiant, dans le cadre de ses cours, souhaite mettre en avant des projets en lien avec l’énergie, l’éco mobilité et le développement durable. Dans le même temps, son objectif est de traverser l’Atlantique en solitaire, en trois semaines, sur un bateau de 6,50 mètres. « Aujourd’hui, les gens traversent l’Atlantique en 8 h en avion avec une coupe de champagne à la main. Mon projet c’est de questionner les individus sur l’énergie, comment on la dépense, quels sont les standards et comment limiter cela », explique-t-il.
« Il y a un lien de cause à effet entre mon parcours scolaire et la voile »
Depuis qu’il a commencé à naviguer en solitaire, il a participé à plusieurs courses et projets, notamment pour l’association ELA qu’il soutient. Celle-ci accompagne les enfants touchés par des leucodystrophies. « C’est une maladie génétique rare qui touche la myéline des neurones et qui soustrait des fonctions vitales aux enfants, comme le risque de devenir aveugle ou de ne plus pouvoir marcher, avec une espérance de vie réduite », informe-t-il. « J’ai donc choisi de soutenir ELA qui lutte contre ces maladies, en intégrant cet aspect à mon projet à la fois d’ingénieur et de la voile et en faisant connaître l’asso à travers le sport. Il y a un lien de cause à effet entre mon parcours scolaire et la voile ».
L’élève ingénieur présente l’association ELA dans une école primaire. © Antoine Canivet/Droits réservés
Pour Antoine, l’année 2025 sera jalonnée par plusieurs objectifs : la recherche d’un stage de fin d’études dans le secteur de l’énergie, « de préférence lié aux énergies renouvelables », dans le sillage de sa future diplomation d’ici septembre. Il est également très présent sur les réseaux sociaux pour partager ses aventures, tout en cherchant à améliorer sa communication pour attirer davantage de sponsors.
Quant à ses ambitions futures dans la voile, le Mini Transat et sa traversée de l’Atlantique est une étape majeure. Il ne se ferme pas la porte pour des compétitions plus exigeantes comme le Vendée Globe. « C’est certain que le Vendée Globe ou la Route du Rhum m’attirent aussi, mais je préfère avancer étape par étape », lance-t-il, avant de conclure : « Je trouve mon équilibre entre la voile et mon métier d’ingénieur, ce qui me permet de rester polyvalent et d’éviter de me consacrer à une seule passion ».
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