« Nous voulions remettre le skipper au centre de ce qu’il sait faire le mieux : naviguer » : Paul et Camille ont créé Very French Racing à 20 ans

La voile, ça ne s’invente pas ! Paul, 21 ans et breton, est un navigateur dans l’âme. En intégrant l’EM Normandie, il a rencontré Camille. Si la Francilienne n’est pas une fan de bateaux, elle a su faire bon usage de son envie d’entreprendre et de son approche plus terre-à-terre. Ensemble, ils ont créé une entreprise qui aide les skippers en herbe à se lancer dans la course au large. Portrait.
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© Camille Gatinois et Paul Bardinet

« Les opposés s’attirent » et « qui se ressemble s’assemble ». Deux dictons qui ont fonctionné de concert pour Camille Gatinois et Paul Bardinet. À mi-chemin entre passion pour la voile et opportunité concrète d’entrepreneuriat, et à seulement 20 ans, les deux étudiants de l’EM Normandie ont créé une entreprise : Very French Racing. Leur cœur de métier ? Accompagner des skippers novices dans leur projet de course au large

Entre leur vie personnelle, étudiante et professionnelle, ces deux étudiants vivent à cent à l’heure. Pour Diplomeo, ils reviennent sur leur aventure ainsi que sur leur quotidien de chefs d’entreprise en herbe.

Vous êtes actuellement en M2 à l’EM Normandie : pourquoi avoir intégré une école de commerce ?

PAUL : J’ai toujours voulu intégrer une école de commerce, et ce, pour plusieurs raisons. La première : la liberté dans l’élaboration de son parcours étudiant. Aussi, j’estime que ces établissements ne ferment pas de portes et qu’au contraire, ils en ouvrent. Ce qui a achevé de me convaincre de rejoindre l’EM Normandie, c’est le parcours à l’international et la formule de l’alternance qu’elle propose.

J’ai intégré cette école avec la volonté initiale de devenir commercial. Finalement, j’ai fini par découvrir l’entrepreneuriat à mesure du déroulement du programme et de rencontres avec plusieurs intervenants dès la première année.

CAMILLE : J’ai intégré l’EM Normandie en ne sachant pas vraiment ce que je voulais faire. J’avais quand même à cœur d’intégrer une grande école, car c’est un peu une tradition dans ma famille. Aussi, au moment de candidater, je travaillais en tant qu’hôtesse d’accueil à Paris et j’ai développé une appétence pour la relation client. Je suis donc retombée sur mes pieds en intégrant l’école, d’autant plus que mon frère y était déjà étudiant. 

Avant de lancer Very French Racing, aviez-vous déjà une expérience de l’entrepreneuriat ?

PAUL : J’ai rencontré Camille en 2ᵉ année à l’EM Normandie. Parmi toutes les choses qui nous rapprochaient, il y avait l’intérêt commun pour l’entrepreneuriat. En fin de 2ᵉ année, avec Camille et Geoffroy — un autre camarade — on lance une activité de confection de petits harnais à destination de la pratique de wing foil. Pour faire simple, c’est un sport de glisse nautique avec une planche qui vole et une voile qu’on tient dans la main. L’entreprise a eu une durée de vie d’un an. 

Structuration, communication, gestion de projet : l’incubateur de l’école nous a accompagnés tout du long dans tous ces domaines. À l’issue de la 3ᵉ année, on a fait prendre un nouveau tournant à cette entreprise : on a tout remis à plat et, de là, on a lancé Very French Racing. Cette fois-ci, nous n’étions pas accompagnés par l’incubateur. On estimait qu’on était en mesure de se lancer par nous-mêmes — avec nos partenaires financiers et investisseurs — forts de cette première expérience de l’entrepreneuriat et des enseignements de l’école.

Comment est née l’idée de Very French Racing ?

PAUL : Quand j’étais petit, je regardais souvent la Formule 1 et j’étais fasciné de voir toutes les équipes des écuries impliquées dans un même projet, ainsi que les jeunes pilotes passer de formule en formule jusqu’à atteindre le Graal que représente la F1. Dans l’univers de la voile, ça se passe aussi comme ça. 

En même temps, une réalité m’avait frappé : quand on veut se lancer dans une aventure de course au large, on se retrouve vite confronté à des obstacles de temps, de moyens, mais également organisationnels. Certains profils sont très forts pour naviguer, mais très perdus pour gérer tout ce projet. Alors, avec Camille et Geoffroy, on s’est dit qu’on devait trouver une solution pour eux. Ce sont souvent des jeunes qui ne savent pas par où commencer. En somme, on a lancé Very French Racing avec l’objectif de rendre la course au large plus accessible.

On a commencé par acheter un Mini 6.50 : le plus petit bateau à traverser l’Atlantique sans assistance ni communication. C’est vraiment la porte d’entrée vers la course au large. On le met à disposition d’un skipper principal, qu’on accompagne dans toute la vie de son projet : préparation du bateau, logistique, ravitaillement, financement avec des sponsors, etc. 

On a vraiment à cœur de permettre au skipper de passer le plus de temps possible en mer, à naviguer, plutôt qu’à terre, à gérer son projet. On voulait remettre le skipper au centre de ce qu’il sait faire le mieux : naviguer.  En 6 mois, le projet était monté, le bateau acheté et le skipper trouvé. On n’a même pas eu le temps de se poser la question de si c’était une bonne ou mauvaise idée. 

CAMILLE : Avec notre premier projet de conception de harnais, Paul, Geoffroy et moi-même nous sommes rendu compte que cette première activité nécessitait à terme des compétences internes en ingénierie et en conception produit que nous n’avions pas. Alors, on s’est tous mis autour d’une table et on a passé en revue tout ce que nous étions véritablement capables de faire. Là, Paul nous a parlé de son rêve. À nous trois, on rassemblait des compétences commerciales, communicationnelles et techniques. Alors, on s’est dit qu’on allait se lancer et essayer.

Partagez-vous tous les deux une passion pour la voile ?

PAUL : J’ai grandi en Bretagne, alors j’ai vécu en bord de mer quasiment toute ma vie. Du côté de ma famille maternelle, on y pratique énormément la voile. Ils vivent dans le Finistère où la culture côtière et du large y est très présente. Du côté de mon père, ce n’est pas du tout la même histoire : il est bordelais, il ne se passe rien avec l’eau. 

Quand j’avais 8 ans, j’étais en fait terrorisé par la mer. Je suis tombé dans l’eau lors d’un stage de voile à Térénez (Finistère). Après cet accident, je refusais de mettre le pied sur un bateau à nouveau. À mes 9 ans, on a déménagé dans le Morbihan et là j’ai eu un déclic avec mon frère. On s’est inscrit en école de voile, avant de commencer à faire de la compétition de catamaran. En classe de troisième, on a eu l’opportunité de participer à une régate, à bord du modèle de catamaran Nacra 15, qui est le petit frère du Nacra 17 -  le modèle olympique. 

J’ai alors pu découvrir l’exigence de la compétition et de la préparation du bateau, ainsi que la rigueur nécessaire pour accéder aux courses. Je me suis vraiment pris de passion pour la mer. Aujourd’hui c’est un élément essentiel dans tout ce que je fais. J’ai aussi toujours avec moi cette envie de naviguer le plus possible. Après les compétitions, j’ai navigué pour le plaisir, jusqu’à vouloir moi-même participer aux projets de courses au large d’autres personnes. 

CAMILLE : Mon histoire est à l’opposé de celle de Paul. Je suis originaire de la région parisienne. Alors, certes, j’ai pu effectuer quelques séjours en Bretagne, mais la pratique de la voile ne m’est pas du tout familière. Je n’ai jamais vraiment été attirée par le bateau. C’est en rencontrant Paul et Geoffroy - 2 passionnés de voile - que j’ai été introduite à cet univers. Ils étaient d’ailleurs ravis d’avoir à leurs côtés une personne extérieure au monde de la voile et qui pouvait voir les choses différemment, de façon plus factuelle.

Jongler entre les cours et l’entreprise n’a pas dû être de tout repos : comment l’avez-vous vécu ?

CAMILLE : Tout est une question d’organisation. Parfois, il faut savoir troquer son temps libre pour du temps de travail. Il est vrai qu’on a fait passer notre vie professionnelle très souvent avant notre vie personnelle et étudiante. 

Je suis actuellement en alternance au sein de la CPME (Organisation patronale pour la défense des PME) du Morbihan, sur des missions de communication et marketing, dans le cadre de ma 2ᵉ année de master. Le rythme est d’autant plus intense : la journée, nous sommes tous les trois dans nos entreprises d’accueil et le soir venu, on travaille pour Very French Racing. 

PAUL : Il n’y pas de week-ends, pas de jours fériés ni de vacances. Notre téléphone peut vibrer à n’importe quel moment. C’est devenu notre routine, on s’y fait. 

Que vous a apporté cette création d’entreprise d’un point de vue personnel comme professionnel ?

CAMILLE :  On peut citer le contrôle de soi, le sens des responsabilités et une plus grande maturité. Même nos familles nous disent qu’on a une façon bien particulière de penser par rapport à la majorité des autres jeunes de notre âge. 

PAUL : Je pense que sur le plan personnel, monter une entreprise est une aventure exceptionnelle. C’est aussi exceptionnellement dur. Parfois, il est vrai que je me demande un petit peu ce que l’on fabrique à 21 ans, surtout quand le soir, à 20 h, on a des potes qui se retrouvent pour boire un verre, et nous, nous sommes en réunion avec des partenaires ou dans le froid sur un bateau. 

Toutefois, au vu de tout ce que l’on acquiert comme connaissances - gestion de projet sportif, gestion d’entreprise ou même gestion financière -  ça n’a pas de prix. Ce sont des leçons de vie inestimables qu’on ne peut pas seulement tirer des cours, même s’ils servent de très bonnes bases. Aussi, je me dis qu’avoir commencé tôt est un atout. Dans 10 ans, j’aurais 31 ans et déjà une expérience conséquente du monde de l’entreprise. 

Quelle est la suite pour vous et Very French Racing ? Vos projets professionnels à terme sont-ils liés à l’univers de la voile ?

CAMILLE : Pour ma part, tout va dépendre de l’évolution de Very French Racing. En septembre prochain, notre contrat d’alternance prendra fin et il faudra savoir où on travaillera. J’aimerais trouver une activité en rapport avec la gestion de projet. On espère quand même qu’un jour, nous aurons l’opportunité de nous embaucher tous les trois au sein de Very French Racing.

PAUL : Pour moi, il est clair que je vais continuer dans le monde de la voile. Pour l’instant, j’effectue mon alternance de M2 en tant que commercial pour Pixel sur Mer, spécialisée en intégration de système électronique embarqué pour les bateaux de course. 

Ça me convient très bien d’être sur les pontons et sur les bateaux et d’aller parler aux skippers. À long terme, j’aimerais poursuivre avec Very French Racing, pouvoir acheter un deuxième bateau cette année, en avoir un troisième en 2025 et compter toujours plus de partenaires et de skippers dans l’équipe. Le rêve qu’on espère à peine imaginer, c’est qu’un jour, on ait dans l’écurie un projet Vendée Globe et d’autres en lien avec d’autres courses prestigieuses. 

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