À quelques semaines du vote du budget 2025 à l’Assemblée nationale, le gouvernement a dévoilé ses premières pistes pour faire des économies. Parmi celles-ci, la question de l’aide à l’embauche d’un apprenti pour les entreprises, mise en place depuis la crise sanitaire en 2020.
La nouvelle ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a été interrogée sur le sujet sur les éventuelles coupes budgétaires liées à l’alternance, au micro de franceinfo ce mercredi 2 octobre 2024. Après la prise de parole du Premier ministre, Michel Barnier, qui expliquait « soutenir l’apprentissage, mais en évitant les effets d’aubaine », cette dernière a confirmé qu’il y aura « des ajustements de la prime à l’apprentissage ».
La prime à l’apprentissage représente « 4 milliards sur les 20″ du budget du ministère
La ministre du Travail a tenu à rappeler que les aides à l’embauche d’un apprenti, à hauteur de 6000 euros, coûtent 4 milliards d’euros « sur les 20 milliards du budget » du ministère chaque année.
Néanmoins, plusieurs acteurs, dont le patronat, rappellent que la formation en alternance est un dispositif qui a fait ses preuves dans le monde du travail. « On est parfaitement conscient des contraintes budgétaires très fortes, mais ce serait un peu paradoxal, après le succès rencontré par l’apprentissage à tous les niveaux de qualification », expliquait notamment le patron du Medef, Patrick Martin.
Si le Medef est bien conscient qu’il faut faire des économies face au déficit public, le syndicat patronal appelle à maintenir les aides pour les grandes entreprises et toutes les formations de l’enseignement supérieur.« Il ne faut pas remettre en cause un dispositif qui marche », ajoute Patrick Martin.
Les entreprises craignent que la baisse des subventions liées à l’embauche réduise le nombre de nouveaux apprentis embauchés sur le marché du travail, alors que le seuil d’un million de contrats d’apprentissage signés a été franchi fin 2023.
Vers une réduction des aides pour les niveaux licence et master ?
En septembre dernier, la lettre au plafond du Premier ministre a imposé au ministère du Travail, un coup de rabot estimé à 600 millions d’euros pour faire des économies. Celle-ci cible notamment la réduction des aides à l’apprentissage pour les formations de niveau 6 et 7, à savoir les niveaux licence et master.
Au micro de franceinfo, Astrid Panosyan-Bouvet a affirmé qu’il faut « éviter les fausses réponses », notamment sur les coupes budgétaires pour les alternants en deuxième année de master.« Cela a permis à un tiers des étudiants d’accéder à ce niveau d’études grâce à l’apprentissage et cela a permis à beaucoup d’entreprises comme les TPE/PME de recruter ce type de profils et d’augmenter le niveau de qualité de l’emploi pour tous », assure la ministre du Travail.
🔴Réduction à la prime d'embauche des apprentis ➡️ "Il y aura des ajustements, de la prime à l'apprentissage", assure Astrid Panosyan-Bouvet. pic.twitter.com/YdCvVme7iv
— franceinfo (@franceinfo) October 2, 2024
Dans un nouveau baromètre relatif à l’alternance publié cette semaine, 60 % des personnes interrogées n’auraient jamais poursuivi d’études sans ce mode de scolarité, tandis que l’alternance a sauvé 53 % des sondés de l’échec scolaire.
Le groupe IGENSIA Éducation, qui a conduit cette étude, souhaite que les aides à l’embauche d’un apprenti soient ciblées pour ceux qui en ont le plus besoin. Il s’agit notamment des entreprises de moins de 250 salariés comme les TPE et pour les alternants issus de bac pro et de BTS, souvent issus des quartiers prioritaires.