Le 15 mars dernier, des milliers de lycéens et étudiants ont participé à la grève mondiale pour le climat. Leur argument: “Pourquoi devrions-nous étudier pour un futur qui n’existera bientôt plus alors que personne ne fait rien pour le sauver ?”.
Combien d’entre eux ont participé aux marches pour l’environnement ? Sont-ils inquiets de la situation écologique actuelle ? Que pensent-ils du rôle des responsables politiques dans la gestion de la crise climatique et environnementale ? Ont-ils des pratiques écoresponsables ? Diplomeo a interrogé les jeunes sur leur rapport à l’écologie.
L’écologie: source d’inquiétude pour une écrasante majorité des jeunes
Si on associe souvent jeunesse avec insouciance, les jeunes d’aujourd’hui ne sont visiblement pas concernés par cette idée reçue… Et pour cause: une écrasante majorité d’entre eux manifestent leur inquiétude face à la situation environnementale actuelle: 94% se disent inquiets, dont 61% très inquiets. Des chiffres élevés, mais peu étonnants, alors qu’en 2018 déjà l’OFCE révélait que 85% des Français se montraient soucieux des conséquences du changement climatique.
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des étudiants en vidéo !
Fait intéressant : les jeunes de 18 ans et les hommes semblent moins perturbés par les crises environnementales. En effet, 67% des filles se disent très inquiètes, contre 56% des garçons. Du côté des jeunes de 18 ans, seulement 53% sont très inquiets, contre 67% de ceux de 23 ans.
Parmi les problématiques écologiques en jeu, les jeunes se trouvent particulièrement préoccupés par le déclin de la biodiversité et les extinctions de masse (61%), le dérèglement climatique (56%) et la pollution (52%).
Un tiers d’entre eux se voit tout de même tracassé par la question de l’épuisement des ressources (33%), un peu moins pour les problématiques de stress hydrique (28%) et d’érosion ou de stérilité des sols (23%).
Malgré une tourmente certaine, les 18-23 ans semblent encore voir ces crises comme un danger à moyen ou long terme. En effet, à la question “Pour qui êtes-vous le plus inquiet ?”, seulement 4% se disent soucieux pour eux et leurs proches. Pour tout dire, c’est plutôt l’avenir de la biodiversité qui les hante : 41% se disent avant tout alarmés pour le sort des autres espèces vivantes. Pour les autres, 32% sont surtout inquiets pour l’humanité dans son ensemble, et 23% pour les générations futures.
Les responsables politiques pointés du doigt
Mais qui doit donc agir pour sauver la planète ? Ce débat autour de la responsabilité environnementale est souvent houleux, et la plupart du temps interminable…
Pourtant, lorsque nous avons demandé aux jeunes à qui incombe, selon eux, la responsabilité de la protection de l’environnement, plus de la moitié a tranché en désignant les gouvernements comme principaux responsables.
Vous pensez que la protection de l’environnement est une responsabilité qui incombe avant tout…
…aux gouvernements et aux institutions publiques | …aux citoyens | …aux entreprises |
51% | 34% | 15% |
Dans tous les cas, les jeunes Français sont très sévères avec les institutions publiques : 95% d’entre eux pensent que les responsables politiques n’en font pas assez en ce qui concerne l’environnement et le changement climatique, dont 57% “pas du tout” !
Il semble que les lycéens et étudiants attendent clairement mieux de la part des politiciens en termes d’écologie. Par ailleurs, 27% d’entre eux affirment l’avoir fait savoir dans la rue en participant aux manifestations récentes pour l’environnement.
Consommation : une jeunesse de bonne volonté
Si elle pointe du doigt les responsables politiques, la génération Z ne se repose pas non plus sur ses lauriers. Dans leur quotidien, 83% des jeunes considèrent qu’ils font des efforts pour limiter leur impact sur l’environnement, dont 18% disent en faire beaucoup.
Plus inquiètes et plus engagées, les femmes sont 84% à s’efforcer de préserver l’environnement au quotidien, contre 78% des hommes. Elles sont également plus volontaires en termes de changements d’habitudes, notamment pour modifier leur alimentation : 64% d’entre elles ont modifié leur alimentation pour l’environnement, contre seulement 49% des hommes…
Avez-vous modifié votre alimentation pour l’environnement ?
Oui | |
Garçons | 49% |
Filles | 64% |
18 ans | 43% |
19 ans | 53% |
20 ans | 57% |
21 ans | 49% |
22 ans | 62% |
23 ans | 71% |
Total | 56% |
Parmi les jeunes qui modifient leur alimentation, les garçons vont plutôt se tourner vers le local alors que les filles préfèrent davantage diminuer leur consommation de produits d’origine animale.
En ce qui concerne ceux qui n’ont pas changé leur alimentation pour l’environnement, la bonne volonté est tout de même de mise : 74% affirment pouvoir un jour modifier leur alimentation pour l’environnement, notamment les filles (84% contre 69% des garçons). Plus de deux tiers d’entre eux feraient ce changement en achetant local et près de la moitié en achetant plus de produits de saison.
Mais on ne peut pas être parfait : les étudiants et lycéens ont encore de gros efforts à faire en termes de gaspillage alimentaire ! Lorsque nous leur avons demandé s’ils jettent leurs restes ou des produits alimentaires dont la date de péremption est dépassée, seulement 35% ont affirmé ne jamais gaspiller ou presque. Les deux autres tiers ne gaspillent “pas vraiment” ou “parfois”…
Côté textile, les jeunes sont encore pour la plupart habitués à acheter principalement et régulièrement des vêtements neufs. Pourtant, la question de l’impact néfaste de l’industrie textile et de la production de vêtements neufs sur l’environnement est d’actualité. On peut expliquer le choix des jeunes par leurs économies limitées. En effet, ce n’est probablement pas un hasard si les vêtements d’occasion, généralement abordables, rencontrent un meilleur succès que le textile dit écoresponsable, un peu plus cher…
En termes d’habitudes vestimentaires, vous achetez…
Toujours | Souvent | Parfois | Jamais | |
…des vêtements neufs | 33% | 25% | 40% | 2% |
…des vêtements d’occasion | 3% | 13% | 37% | 47% |
…des vêtements écoresponsables | 0% | 5% | 34% | 61% |
Les jeunes se rattrapent tout de même avec la gestion de leur poubelle : 80% des 18-23 ans recyclent souvent ou toujours leurs déchets.
Encore plus encourageant : 89% trouvent que la pratique du Zéro Déchet est une démarche respectable. Semblant faire preuve d’un très grand intérêt pour le “Zero Waste”, deux tiers des jeunes aimeraient l’appliquer dans leur quotidien et 8% affirment qu’ils le pratiquent déjà.
Énergie, transports : 89% des jeunes font attention à leur consommation énergétique
Électricité, chauffage, eau… Quand énergie rime avec économies, il paraît toujours plus simple d’être écolo. Sans grande surprise, une bonne majorité des jeunes Français fait attention à sa consommation énergétique : 40% sont systématiquement attentifs, 35% parfois et 14% uniquement chez eux.
Du côté des transports, 59% estiment qu’ils font en sorte de se déplacer au quotidien de façon à préserver au mieux l’environnement. Leurs manières de se déplacer les plus courantes ?
- Les transports en commun
- La marche à pied
- Le vélo ou la trottinette
Pour ceux qui ne se déplacent pas de manière dite “écologique”, la frustration est au rendez-vous : 32% de ces jeunes restants avouent qu’ils aimeraient, s’ils le pouvaient, modifier leur façon de se déplacer au quotidien pour préserver l’environnement.
À l'affût des applis écologiques et économiques
Nombreux sont les sites et applications collaboratifs, écologiques, solidaires et d’occasion. Et les jeunes en sont plutôt friands. Sans surprise, Leboncoin est utilisé par plus de deux tiers des jeunes. En deuxième place, on retrouve, encore sans étonnement, la célèbre appli de covoiturage Blablacar (54%).
Vinted se hisse en troisième place du podium : 38% des répondants, notamment 56% des filles, l’utilisent. La plateforme de mode d’occasion est toutefois suivie de près par le moteur de recherche solidaire Ecosia, utilisé par 33% des jeunes. Presque au coude à coude avec Ecosia, on retrouve Yuka, avec 32% d’utilisateurs chez les 18 à 23 ans.
Mais d’autres applications s’en sortent également assez bien: l’appli anti-gaspi Too Good to Go peut se vanter de récolter 16% d’utilisateurs chez la génération Z, tandis que le moteur Lilo attire 1 jeune sur 10.
Ce qui motive les jeunes à utiliser ces applications ? En premier lieu, l’idée de faire des économies (76%), bien que l’écologie soit un critère important pour plus de la moitié d’entre eux (56%). Pour 34%, la lutte contre le gaspillage est un facteur de motivation. Pour 24%, l’usage de ces applications est aussi une question de solidarité.