Un « gadget présidentiel » qui « ne marche pas » et qui « coûte cher ». À l’instar du député écologiste Jean-Claude Raux, les parlementaires n’ont pas mâché leurs mots, mercredi 30 octobre, pour décrire le Service national universel. Les élus du Sénat et de l’Assemblée nationale ont voté, en commissions de finances respectives, pour la suppression de ce dispositif dans le projet de loi de finances pour 2025.
Promesse de campagne d’Emmanuel Macron en 2017, le SNU s’est déployé à partir de la rentrée 2019. Alors qu’il fait l’objet de vives critiques, le camp présidentiel avait annoncé, en janvier 2024, le généraliser à tous les lycéens français en 2026. Mais, sans budget, ces plans risquent d’être compromis. Encore faut-il que ce premier pas vers la suppression du SNU soit confirmé lors du vote définitif du budget 2025.
« Hérésie budgétaire »
La commission des finances de l’Assemblée, représentée en majorité par la gauche, a obtenu que les 128 millions d’euros destinés au SNU en 2025 soient redirigés intégralement vers le secteur du sport amateur. Le but : mettre fin à une « hérésie budgétaire » qui a « raté sa cible », a ainsi fustigé le député socialiste Pierrick Courbon, auprès de l’AFP.
Le déploiement du SNU est chiffré entre 2,5 et 3 millions d’euros, ce qui désespère les élus de gauche et représentants du secondaire, qui regrettent que ce budget ne soit pas affecté à des créations de postes d’enseignants notamment. Une victoire symbolique pour le Nouveau Front populaire dont les parlementaires étaient présents en nombre ; les élus macronistes et de droite étant en majorité absents.
Hier quand le Sénat votait la suppression du SNU, notre amendement de suppression était adopté en Commission des finances !
Une vraie politique publique de jeunesse, concertée avec les associations d’éducation populaire, vite ! pic.twitter.com/dDlxZlLdTg
— Florence Hérouin Léautey (@Fleautey) October 31, 2024
Côté Sénat, dont la majorité penche à droite, la commission des finances a adopté une position similaire. Celle-ci a voté quasiment à l’unanimité (avec deux abstentions) une baisse du budget alloué au SNU de 100 millions d’euros.« Après 5 ans d’expérimentation, il n’apparaît pas que le SNU apporte une plus-value suffisante pour justifier la suite de son déploiement » a déclaré Eric Jeansannetas, rapporteur des crédits de la Jeunesse, précise encore l’AFP. Pour le sénateur de la Creuse, les objectifs du dispositif font du « surplace ». Il questionne donc l’utilité d’une généralisation.
L’Exécutif reconnaît un dispositif « en panne »
Une généralisation du SNUquel’Exécutif semble prêt à abandonner, à en croire les déclarations, deux jours avant les votes parlementaires du ministre des Sports et de la Jeunesse, Gil Avérous. À l’antenne de Sud Radio, ce dernier a reconnu que le gouvernement n’avait « pas les moyens pour une généralisation du SNU » dans son budget. « En 2025, il ne le sera pas. En 2026 j’imagine mal qu’il puisse l’être », a-t-il dit, sans pour autant envisager de supprimer ce dispositif qu’il a reconnu être « en panne ».
En attendant, les amendements des deux commissions des Finances doivent encore être validés. Le rendez-vous est donné aux députés le 5 novembre, pour l’examen de la partie recettes du budget, et en décembre pour les sénateurs, qui examineront la partie « dépenses » du budget. Un calendrier qui pourrait être bousculé en cas de recours au 49.3 par le Premier ministre, Michel Barnier.