Réformer l’apprentissage. Un point important du projet du président Emmanuel Macron, visant à valoriser cette filière porteuse d’opportunités. Les axes principaux d’une réforme de ce mode de formation ont été dévoilés par le Premier ministre Édouard Philippe et Muriel Pénicaud au mois de février 2018. Le 27 avril suivant, la ministre du Travail a présenté son texte devant le Conseil des ministres, conjointement à celui concernant la formation professionnelle et l'assurance-chômage. Ces projets seront examinés par le Parlement à la fin du mois de mai, pour une adoption prévue cet été et une mise en application dès la rentrée 2018.
Voici les principaux points que comporte la réforme, et l’impact qu’ils auront pour la filière de l’apprentissage.
Une meilleure rémunération mensuelle
Les jeunes de 16 à 20 ans se réjouiront sûrement d’une des principales évolutions présentées par la nouvelle mesure. Eh oui, les apprentis les moins âgés verront leur salaire mensuel augmenter de 30 euros nets. Une hausse plutôt modérée certes, mais une nouvelle non négligeable pour le porte-monnaie des apprentis ! Voici ce que touche un étudiant en apprentissage actuellement, en première année :
- S’il a entre 15 et 17 ans : 374,62 €
- S’il a entre 18 et 20 ans : 614,37 €
Voilà à quoi ressemble le salaire d’un étudiant en apprentissage, en deuxième année :
- S’il a entre 15 et 17 ans : 554,43 €
- S’il a entre 18 et 20 ans : 734,25 €
Et enfin, voici un aperçu de la rémunération actuelle d’un apprenti en troisième année :
- S’il a entre 15 et 17 ans : 794, 19, 43 €
- S’il a entre 18 et 20 ans : 974 €
Ainsi, à la rentrée 2018, un jeune de 19 ans en troisième année passera, grâce à cette mesure, la barre des 1000 euros, touchant 1004 euros au lieu de 974 €.
Plus d’apprentis en Erasmsus
La réforme semble vouloir donner plus d’opportunités de découvertes aux apprentis…. Grâce à Erasmus ! Certes, Erasmus n’est pas un programme réservé aux étudiants inscrits en écoles ou à l’université. Et pourtant, chaque année, les apprentis ne sont que 6800 à opter pour un séjour dans un pays européen dans le cadre de leurs études, et la plupart ne partent que sur de courtes périodes.
Et pour cause. La réglementation relative aux départs est moins flexible pour les apprentis que pour les étudiants.
Désormais, 15 000 jeunes en apprentissage pourront suivre un semestre de formation à l’étranger grâce au programme Erasmus pro !
Une aide pour le permis de conduire
Vous avez 18 ans, suivez ou vous apprêtez à suivre une formation en apprentissage ? Bingo, vous avez gagné une aide forfaitaire de 500 euros destinée à vous financer une partie de votre permis de conduire ! Une mesure qui va dans le sens d’une meilleure mobilité pour les apprentis.
Cette mesure est d’autant plus pertinente que nombreux sont les jeunes mettant de côté la formule de l’apprentissage découragés par les trajets entre leur école et le lieu de l’entreprise où ils réalisent leur apprentissage.
Cependant, nul besoin de préciser vos trajets en voiture pour mériter ce coup de pouce financier : cette aide vous sera attribuée sans justificatif et sans condition de ressources !
Une préparation à l’apprentissage
Tout futur apprenti ne dispose pas, avant de commencer sa formation, des compétences essentielles au bon déroulement de son alternance. Et c’est bien normal ! Pour permettre à chacun d’appréhender sereinement sa période d’apprentissage, des prépas apprentissage seront proposées par les Centres de Formations des Apprentis (CFA).
Ces dernières auront une durée de deux mois environ et aborderont les savoir-être et savoir-faire attendus par une entreprise. Plus de formation… pour moins d’abandon ! Oui, cette décision a pour but de pallier le problème des ruptures des contrats d’apprentissage, problématiques tant au niveau de l’apprenti que de l’entreprise !
L’apprentissage jusqu’à 30 ans
Vous avez 27 ans et vous vous croyez trop âgé pour vous lancer dans l’aventure de l’apprentissage ? Eh non ! Si cette pensée était jusqu’alors justifiée, elle ne l’est plus désormais. Le gouvernement a en effet décidé de repousser l’âge limite de l’apprentissage (26 ans actuellement) à 30 ans.
Depuis deux ans, neuf régions ouvraient l’apprentissage aux jeunes jusqu’à 30 ans. Toutes les régions devront donc suivre le modèle de ces régions.
Conséquence possible : plus de reconversion de la part des adultes qui, s’ils sont âges de plus de 26 ans, seront soumis à la même réglementation que ceux en contrat de professionnalisation, et recevront donc un salaire au moins égal au SMIC !
Plus de perte d’année en cas de rupture de contrat
Il ne sera plus question de perdre une année si l’entreprise ou l’étudiant souhaite rompre le contrat de travail qui les lie. Pour de nombreuses raisons, un contrat d’apprentissage peut être interrompu. Si les apprentis pouvaient se retrouver en milieu d’année dépourvus de formation en cas de rupture de contrat, ils pourront désormais prolonger leur formation au sein de leur CFApendant 6 mois et continueront à être financés. Bien sûr, si le CFA exclut un apprenti, celui-ci ne pourra plus suivre de cours…
Une meilleure information sur les formations
« L’apprentissage, ça me motive ! » C’est une bonne chose, encore faut-il savoir vers quelle formation s’orienter en fonction de ses débouchés ! C’est pourquoi le gouvernement a voulu également axer ses efforts sur la transparence sur la qualité des formations en apprentissage.
En d’autres termes, les futurs apprenants ainsi que leurs familles pourront connaître, pour chaque formation, le taux d’insertion dans le monde du travail post-école et le salaire à la clé. Les régions auront aussi un rôle crucial à jouer, celui d’informateur des famille sur l’orientation au cours de journées annuelles dédiées à cet effet ! De quoi être rassuré !
Les autres axes de réflexion
En plus des points concrets énoncés, jusqu'ici, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a affirmé travailler sur d'autres grandes questions lui tenant à coeur : notamment le projet de réduire l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes, ainsi que faciliter l’emploi pour les personnes en situation de handicap.