À la veille de Noël, le monde estudiantin dispose d’un nouveau gouvernement. L’ancienne Première ministre, Elisabeth Borne, a été nommée dans un ministère qui regroupe l’Éducation nationale et l’Enseignement supérieur. Celle-ci sera accompagnée par un nouveau ministre délégué à l’ESR, le président du CNES : Philippe Baptiste.
Les études d'Élisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur
Dans un communiqué de presse publié ce mardi 24 décembre, la Conférence des Directeurs des Écoles Françaises d’Ingénieurs (CDEFI) a tenu à féliciter la nomination de Madame Borne et Monsieur Baptiste. En revanche, la CDEFI déplore le rattachement du ministère de l’Éducation nationale à celui de l’Enseignement supérieur, à l’heure où l’enseignement supérieur est marqué par de nombreux défis.
Des difficultés prégnantes “par leur ampleur et par leur nombre”
Dans l’enseignement supérieur, l’année 2024 a été le théâtre de difficultés et d’inquiétudes. En tête, les problématiques comme la précarité étudiante, les déficits budgétaires des universités, le manque d’attractivité des carrières ainsi que les réformes non finalisées. Autant de problématiques qui traduisent un hiver rude et des incertitudes pour le monde estudiantin.
C’est la raison pour laquelle la CDEFI regrette le choix du gouvernement de fusionner ces deux ministères aux problématiques distinctes. “Les établissements d’enseignement supérieur et de recherche font face à des difficultés inédites par leur ampleur et leur nombre”, explique la CDEFI.
“Dans ce contexte bénéficier d’un ministère dédié, fort et disposant des ressources, de la vision et des capacités d'action nécessaires reste essentiel pour impulser et opérer efficacement une nouvelle stratégie ambitieuse qui s’impose”, peut-on lire dans le communiqué.
Niveau en mathématiques, qualité des formations, attractivité : les grands défis à relever
Pour la Conférence des Directeurs des Écoles Françaises d’Ingénieurs, l’enseignement supérieur et la recherche doit affronter plusieurs problématiques. Elle invite le nouveau gouvernement à se saisir de ces questions et faire de ces sujets une priorité nationale.“Dans un contexte économique marqué par des difficultés industrielles et un déficit de compétitivité”, la CDEFI a souhaité rappeler que la France repose “sur la qualité de son enseignement supérieur scientifique et de sa recherche”.
Ainsi, la CDEFI dresse cinq axes prioritaires pour “guider l’action” du nouveau gouvernement sur plusieurs thématiques :
- Élever le niveau en mathématiques et dans les disciplines scientifiques dès le plus jeune âge : à partir de l’école primaire, la CDEFI invite les enseignants à promouvoir l’égalité des chances, lutter contre les stéréotypes de genre. L’objectif ? Que tous les élèves disposent d’une solide culture scientifique
- Combler le déficit d’ingénieurs et garantir la qualité des formations : la CDEFI demande la formation de 15 000 ingénieurs supplémentaires qui doivent être à même de relever les défis économiques, environnementaux et technologiques. “Le Gouvernement devra engager les moyens budgétaires nécessaires et améliorer la régulation de l’enseignement supérieur privé lucratif”, précise la CDEFI.
- Renforcer l’attractivité internationale de l’ESR français : pour les directeurs des écoles d’ingénieurs, il s’agit de fixer des objectifs ambitieux en s’inspirant du “succès des grandes écoles” de l’Hexagone
- Approfondir l’autonomie des établissements d'enseignement supérieur : la CDEFI demande au gouvernement de se concentrer sur les réformes déjà engagées et d’épauler les universités comme les écoles afin qu’elles mettent en oeuvre leurs projets et qu’elles renforcent leur attractivité à l’international
- Renforcer le rôle des universités et des grandes écoles françaises dans l’organisation de la recherche nationale
Face à tous ces défis, le président des directeurs des écoles d’ingénieurs, Emmanuel Duflos, a souhaité résumer les actions de la CDEFI et ce qu’il attend du nouveau gouvernement. “Si le regroupement au sein d’un ministère unique de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche a un réel sens pour une meilleure articulation entre le secondaire et le supérieur, la Conférence craint que les thématiques liées à l’enseignement supérieur et à la recherche soient reléguées au second plan, noyées sous l'immense poids de l'Éducation nationale, un colosse dont les enjeux et les priorités sont immenses”, juge-t-il.
“La CDEFI et les écoles d’ingénieurs qu’elle représente seront plus que jamais vigilantes tout en restant mobilisées pour contribuer, de manière constructive, à relever les défis et garantir l’avenir de l’ESR français", conclut Emmanuel Duflos.