Quel avenir pour les universités françaises ? Depuis quelques semaines, les organisations syndicales et les acteurs de l’enseignement supérieur se mobilisent sous la bannière “Universités en danger” pour alerter sur l’incertitude budgétaire. D’ici 2025, près de 50 facultés risquent de finir dans le rouge.
Avec la chute du gouvernement de Michel Barnier, la mise en place d’un nouveau budget avant la fin de l’année pour l’enseignement supérieur et la recherche demeure incertaine. Les personnels, présidents, syndicats et étudiants du supérieur public dénoncent un financement insuffisant et appellent à plus de moyens.
Des mobilisations en cascades
C’est du jamais vu pour les universités : cela fait maintenant plusieurs semaines que les personnels des facultés françaises, accompagnés des syndicats, expriment leurs plus vives inquiétudes. Ils demandent à l’État d’apporter une réponse concrète aux difficultés financières que connaissent les universités.
Ces mobilisations prennent plusieurs formes : assemblées générales au sein des campus, réunions de crises ou encore manifestations dans la rue. Ce mardi 10 décembre, les organisations syndicales se sont réunies devant le siège du ministère de l’ESR, dans le sillage d’un Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (Cneser) qui n’a pas pu avoir lieu, en raison de la chute du gouvernement Barnier. Le prochain conseil devrait se tenir le 17 décembre prochain.
"Malgré la dissolution et l’incertitude, nous avons souhaité maintenir cette journée de mobilisation dans la mesure où, depuis plusieurs années, le budget de l’ESR est insuffisant", a affirmé lors de la mobilisation, Caroline Mauriat, la co-secrétaire du Snesup-FSU - syndicat national de l’enseignement supérieur - , auprès de l’AEF.
"Le PLF 2025 est en pause pour l’instant, mais il vient affiner” un problème qui existe déjà depuis des années. “Ce sous-financement chronique a impacté tant la recherche que les conditions d’études, et cela touche toutes les catégories de personnels", ajoute-t-elle.
Des incertitudes qui planent autour de la “loi spéciale”
En conseil des ministres ce mercredi avec le président de la République, Emmanuel Macron, les ministres démissionnaires vont initier une “loi spéciale” avec l’objectif de garantir “la continuité de l’État”. Celle-ci vise à utiliser de nouveau le budget 2024 pour faire tourner les services publics normalement. La “loi spéciale” sera examinée d’ici la fin de l’année.
Ainsi, qu’est-ce qui devrait être décidé pour l’enseignement supérieur et la recherche ? Si le budget 2025 alloué à l’ESR prévoyait une hausse de 89 millions d’euros, cela reste insuffisant pour les facultés, selon France Universités.
Cette situation complique la planification budgétaire des facs qui doivent préparer leur budget, sans savoir exactement combien elles recevront en 2025. En attendant, elles continueront à fonctionner avec le budget 2024, répartis en deux versements sur l’année.
“Nous ne pouvons pas pallier les décisions non financées de l’État”
“Nous avons dû dépenser 8 millions d’euros non compensés, financés via nos ressources propres et notre fonds de roulement suite à plusieurs facteurs, dont l’inflation”, explique Laurent Gatineau, président de CY Cergy Paris Université, auprès de Diplomeo. “Nos revendications sont claires : nous avons déjà absorbé l’intégralité des chocs inflationnistes, mais nous ne pouvons pas pallier les décisions non financées de l’État”, poursuit-il.
Pour limiter les déficits budgétaires, la faculté francilienne n’a pas ménagé ses efforts. “Nous avons mis en place des mesures de sobriété énergétique, comme la réduction du chauffage et la fermeture de bâtiments stratégiques pendant les vacances”, affirme Laurent Gatineau.
“Nous avons également revu nos marchés pour réduire les coûts, et nous gérons plus dynamiquement notre offre de formation”. Tous les cursus qui comprennent moins de 10 étudiants qui ne retrouvent un “public rapidement” ferment, à l’image du Master MEEF en Lettres qui a tiré sa révérence en 2022.
Face à ces situations que les acteurs du supérieur jugent intenables, les syndicats étudiants - l’UNEF en tête - appellent à une nouvelle mobilisation ce jeudi 12 décembre, pour exiger “la hausse des budget dans les services publics, de meilleures conditions d’études et de travail”. À Paris, un cortège sera lancé dès 14h sur la Place de la Bastille.
Le 12 décembre on se retouve dans la rue pour exiger la hausse des budgets pour les services publics, de meilleures conditions d’études et de travail.
Faisons-nous entendre ! pic.twitter.com/QvtrSnXolf
— UNEF (@UNEF) December 10, 2024