Un vélo broyeur, des bouchons en plastique et une “injecteuse” - sorte de pressoir - qui dégage une odeur étonnante de bougie d’anniversaire. La salle de pause du campus de NEOMA Business School, à Paris, a accueilli une drôle d’installation, mercredi 31 janvier. Celle-ci propose de transformer, en quelques minutes, des déchets plastiques en un petit objet pratique, comme une toupie, des mousquetons ou un porte-clés aux formes variées.
Le but ? “Changer le regard des participants sur le déchet plastique, pour qu’on le voit comme quelque chose qui se réutilise plutôt que quelque chose qui se jette”, explique Matthieu Fouquer, animateur de l’atelier. Avec son entreprise baptisée Eco-Plast, cet ancien prof sillonne les écoles, entreprises ou clubs de sports pour sensibiliser petits et grands sur le recyclage du plastique, omniprésent dans nos vies. Reportage.
“Le recyclage n’est pas une solution miracle”
Première leçon : pour recycler du plastique, il faut donner de l’huile de coude ! “On voit que ça nécessite beaucoup d’effort pour recycler ce que l’on jette tous les jours”, constate Arnaud, qui se prête au jeu en premier devant ses amis amusés. Sur le vélo broyeur, il doit pédaler au moins 3 minutes, afin de transformer plusieurs bouchons en plastique en “paillettes”.
Arnaud, étudiant en première année à NEOMA Business School, à Paris. ©Diplomeo
“Le recyclage ça consomme de l’énergie, ce n’est pas une solution miracle”, confirme Matthieu Fouquer. Et pour cause : les paillettes sont ensuite versées dans l’injecteuse, où elles sont chauffées à 220°C, dégageant la fameuse odeur de bougie d’anniversaire fondue - de paraffine. Puis, il faut actionner de toutes ses forces le manche du pressoir, sous lequel est placé le moule de l’objet choisi.
Arnaud a opté pour les mousquetons. S’il ne “compte pas faire de l’escalade avec”, plaisante-t-il, l’étudiant de 18 ans, qui se décrit comme “engagé dans les démarches écologiques”, apprécie l’atelier de sensibilisation. “L’écologie, c’est l’avenir. C’est important d’en connaître les principes, et surtout d’adopter les bons comportements”, conclue-t-il.
“Pas toujours évident de se passer du plastique”
Au tour d’Abu de monter sur le vélo broyeur, dont la selle n’est “vraiment pas confortable” à son goût, s’amuse-t-il. L’étudiant Indien en marketing de luxe a vécu le fléau du plastique. “J’ai travaillé dans la pêche maritime”, explique-t-il dans la langue de Shakespeare. “J’ai pu voir comment cela pollue les océans et met en danger l’écosystème et la vie aquatique”, retrace-t-il.
Pourtant, si le jeune homme “essaie de recycler au quotidien, ce n’est pas toujours évident de se passer du plastique” reconnaît-il. “Pour changer les choses, on devrait commencer par des actions à échelle individuelle”, selon lui.
Pour sa camarade Bianca, s’il est “important” de sensibiliser la population, le recyclage est aussi une responsabilité de l’entreprise. Dans le domaine du luxe,”les acteurs sont de plus en plus conscients de la situation”, se réjouit l’étudiante Brésilienne, qui suit des projets de développement durable dans le cadre de sa formation. “On travaille sur la réutilisation des matériaux - l’upcycling - pour les produits de mode aussi bien que pour les campagnes marketing”, illustre-t-elle.
Le plastique en quelques chiffres
Source : OCDE, 2022 |
Des changements attendus à l'échelle individuelle… mais surtout au niveau des entreprises
“Il y a plein de choses qui sont en train de se passer du côté de l’entreprise, avec la réglementation européenne en cours”, confirme Valéry Michaux, directrice du tout nouveau MSc Sustainability Transformation à NEOMA. “L’initiative individuelle compte, mais seulement pour 25% de la solution”, estime l’enseignante-chercheuse. Les 75% restants de la solution concernent dès lors les entreprises, selon elle.
85% des étudiants pensent que les établissements de formation ont un rôle à jouer
Dans les 5 prochaines années, celles-ci seront soumises à de plus en plus de contraintes pour limiter l’impact de leur production sur “la pollution, l’empreinte carbone, la gestion de l’eau, la biodiversité…”, égrène Valéry Michaux. “En tant que consommateur, on va suivre”, ajoute-t-elle.
Si une grande partie des jeunes est encore désinformée sur le dérèglement climatique, ou en proie à l’éco-anxiété, se tenant loin des actions et ignorant les solutions, Valéry Michaux reste positive et parie sur la formation des étudiants. “Notre but est de faire prendre conscience aux étudiants à quel point l’intégration des questions sur la transition dans les entreprises est importante”, explique-t-elle, estimant que l’école a “une responsabilité” sur ce sujet.