Étudier, rédiger son mémoire, candidater à des stages ou alternances… La vie d’étudiante n’est pas un long fleuve tranquille, mais certaines vont encore plus loin ! Elles relèvent un défi de taille : combiner une vie à 100 à l’heure avec celle de maman.
Charline, élève à l’école de commerce EDC Paris, enceinte de son deuxième enfant et en alternance chez Canal+, et Élodie, maman de trois enfants, en master à l’Université Côte d’Azur et en stage à l’INRAE, ont accepté de nous raconter leur quotidien entre galères et petites victoires.
Charline, qu’est-ce qui t’a poussée vers un Programme Grande École ?
Après ma licence en comptabilité, je souhaitais devenir contrôleuse de gestion. C’est une filière qui me passionne. J’ai donc intégré le Programme Grande École de l’EDC Paris afin d’atteindre cet objectif professionnel.
Élodie, pourquoi avoir choisi ce master en Innovation Entreprise et Société ?
J’ai suivi un BTS profession immobilière, mais je n’ai pas aimé ce secteur. J’ai donc poursuivi vers une prépa ATS, avec un double cursus en économie et gestion. J’ai pu découvrir la géopolitique, et m’ouvrir aux enjeux climatiques et environnementaux. En tant que maman, je voulais exercer un métier porteur de sens, pour améliorer l’avenir de mes enfants.
J’ai découvert ce master proposé à Nice et le fait de développer des stratégies d’innovation en lien avec le développement durable m’a beaucoup parlé.
Devenir maman tout en étant étudiante, ça vous a fait peur ?
Élodie : J’avais surtout peur pour la prépa qui nécessite une énorme charge de travail. Je voyais cela comme un énorme challenge. Je redoutais également les préjugés et de tomber sur des personnes qui ne comprennent pas mon choix de ne pas avoir fait de choix. Enfin, j’avais peur des imprévus, car je ne suis jamais à l’abri d’un appel de l’école ou de la garderie des petits.
Charline : Non et je suis même enceinte de mon deuxième enfant. J’ai surtout pensé à mon avenir et je savais que je pouvais compter sur le soutien de mon mari et de mes parents.
Élodie : Le secret pour tenir, c’est la motivation et la persévérance. Je sais aussi pourquoi je m’engage dans cette voie et je le fais pour exercer un métier que j’aime. Et, ça, ça n’a pas de prix !
Un enfant n’est pas un frein à un projet. C’est une source de motivation. - Charline
Pouvez-vous compter sur le soutien de vos établissements ?
Charline : Je réussis à combiner mon alternance et mes études avec le soutien de mon mari, mais aussi de mes collègues du bureau. Quand j’ai su que j’étais enceinte, en début d’année, j’en ai parlé à ma manager. J’avais peur qu’elle mette fin à mon contrat, mais elle l’a bien pris et m’a soutenu. Ça a renforcé ma motivation.
Élodie : Cela dépend beaucoup des professeurs. Quand j’ai des obligations, je préviens l’enseignant en question. Par exemple, j’habite à 1h de Nice et la garderie ouvre seulement à 7h30. Il m’est difficile d’être à l’heure lorsque le cours commence à 8h, donc je fais de mon mieux, mais les professeurs sont compréhensifs.
La responsable de master m’a aussi beaucoup rassurée quand j’ai accouché en décembre dernier. Elle m’a dit de profiter de mon bébé et m’a proposé de faire les rattrapages l’année prochaine, mais je suis venue en cours enceinte jusqu’au cou et je ne voulais pas perdre tous ces mois de travail.
Charline, tu accouches bientôt, tu as déjà tout prévu ?
J’ai droit à des congés maternités et je vais en profiter. Ensuite, mon enfant ira à la crèche, comme sa sœur et je pourrai reprendre les cours et l’alternance.
La plupart des gens sont bienveillants et compréhensifs. J’ai pu tomber sur des personnes qui m’ont fait comprendre que, quand on est maman, on n’a pas sa place dans les études. - Élodie
Stage et alternance : c’est un stress en plus ou un équilibre est-il possible ?
Élodie : Je me suis posé la question pour savoir si c’était raisonnable de faire un stage. Après avoir échangé avec l’INRAE, j’ai pu adapter mes horaires à ma vie de famille. La fatigue est présente, mais c’est une vraie opportunité qu'on ne vit qu'une fois dans sa vie. J’ai la chance d’être dans un laboratoire qui fait de l’innovation vertueuse !
Charline : Avec une bonne organisation, je sais que je peux y arriver. L’an prochain, je vais profiter de mes congés durant l’alternance pour pouvoir appréhender toutes les futures difficultés auxquelles je serai confrontée, notamment la rédaction du mémoire.
Élodie, comment réagissent les autres quand tu leur décris ta situation ?
La plupart des gens sont bienveillants et compréhensifs. J’ai pu tomber sur des personnes qui ne comprenaient pas ma situation ou m’ont fait comprendre que, quand on est maman, on n’a pas sa place dans les études.
Ça ne m’a pas découragé et m’a encore plus donné l’envie de poursuivre et prouver aux gens qui ne croyaient pas en moi que c’était possible. Je gère cela seule, mais avec de l’organisation et de la motivation, ça passe !
Côté vie étudiante, est-ce que vous avez dû faire des sacrifices ?
Charline : Oui, je n’ai pas pu assister à certains cours. Quand ma fille est malade, je suis obligée de rater certaines matières pour l’emmener chez le médecin. Mais ensuite, je rattrape les cours et essaie de m’autoformer pour réussir à valider ces matières.
Élodie : Quand j’étais en prépa, je ne pouvais pas faire de tour de France des oraux comme mes camarades, car il fallait penser aux aspects pratiques de la vie de famille. Ensuite, le fait d’être maman peut isoler. On a des journées à 1 000 à l’heure et ce n’est pas facile de trouver du temps pour avoir une vie sociale.
Et inversement, avez-vous parfois dû sacrifier des moments en famille ?
Charline : Bien sûr ! Par exemple, le week-end, je préfère rester à la maison pour étudier plutôt que d’accompagner mon enfant au parc. Je sais qu’il faut que je fasse des efforts supplémentaires pour réussir dans mes études.
Élodie : Malheureusement, parfois, je suis tellement fatiguée que je ne fais pas autant d'activités avec mes enfants que ce que j’aimerais. Quand je prépare un examen, c’est du temps que je ne peux pas leur consacrer. J’essaie de m’organiser au mieux. Dès que j’ai un petit trou, j’en profite pour vite faire mon devoir afin d’être complètement disponible pour eux.
Comment vous voyez dans quelques années ?
Élodie : J’aimerais être consultante d’entreprise en stratégie d’innovation et accompagnement dans la transition écologique et je souhaiterais que ma vie soit équilibrée avec les enfants. J’ai envie de leur donner le goût des études et, pour le coup, ils n’auront pas d’excuses !
Charline : Sur le plan professionnel, je m’imagine occuper le poste de mes rêves en conciliant ma vie de famille et mes enfants, qui sont déjà ma source de motivation.
Un dernier mot pour celles qui vivent le même quotidien que vous ?
Charline : Un enfant n’est pas un frein à un projet. C’est une source de motivation. Quand je vois ma fille chaque matin, j’ai envie de continuer et de me battre, même si c’est compliqué, pour qu’elle ne manque de rien et qu’elle soit fière de moi.