Si les effectifs des étudiants en pharmacie remontent la pente, il y a encore du chemin à parcourir et les représentants du secteur continuent de chercher des solutions. Depuis la réforme des études de santé PASS-LAS, en 2020, qui regroupe toutes les formations de santé en première année (médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie et kinésithérapie), les facultés de pharmacie peinent encore à faire le plein.
1000 places étaient vacantes en deuxième année de pharmacie en 2022. À la rentrée 2024, ce chiffre, communiqué lors de la conférence nationale des pharmaciens, début octobre, est descendu à 293. Une nette amélioration qui n’efface pas les inquiétudes sur l’attractivité de la filière. Un problème lié, selon les doyens de faculté de pharmacie, à la « hiérarchisation des filières de santé », accessibles à partir de la deuxième année d’études de médecine. Leur cursus est « encore trop souvent vu comme une filière de dernier recours par des étudiants de PASS-LAS », s’inquiètent-ils dans les colonnes du Monde.
🚨[ACTU] Places vacantes en études de pharma
293 places vacantes cette année en 2e année de pharmacie !
Ce résultat encourageant doit inciter tous les acteurs à continuer leurs efforts au service de l’attractivité de la profession.
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— Ordre national des pharmaciens (@Ordre_Pharma) October 16, 2024
Éviter de « perdre en route » les étudiants
Face à cette impasse, le président de la conférence nationale des doyens de pharmacie, Vincent Lisowski, remet sur la table une proposition évoquée depuis quelques années par la profession. Celle-ci consiste à rendre accessibles les études de pharmacie en un clic sur Parcoursup. Cela permettrait d’éviter de « perdre en route les étudiants en PASS-LAS », soutient-il. Le système actuel est trop complexe, selon lui. Il implique en outre une « autocensure » des élèves qui souhaitent s’orienter en pharmacie dès la terminale.
La mise en place d’une nouvelle méthode de recrutement sur Parcoursup vers le cursus de pharmacie permettrait ainsi aux facultés de retrouver leurs pleines capacités de sélection. Celles-ci ne fermeraient toutefois pas leurs portes aux étudiants de PASS-LAS qui pourraient toujours candidater, après une année d’études, comme c’est le cas actuellement, précisent les doyens.
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« Enjeu de santé publique »
Le ministère de l’Enseignement supérieur devrait se pencher sur cette proposition, la question des études de santé étant inscrite à l’agenda. Mais créer un accès unique aux études de pharmacie sur Parcoursup ne plaît pas à tous les acteurs du secteur. À commencer par les étudiants : l’association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf) estimait déjà, en 2023, que cette solution ne résoudrait pas les lacunes sur l’attractivité de la filière.
Dans une enquête parue en mars 2023, l’Anepf révélait que 80 % des étudiants en PASS-LAS n’ont pas d’idée précise de leur projet professionnel. Ces derniers sont en effet avant tout intéressés par les études de santé. L’étude estime même que 55 % des étudiants n’auraient pas choisi les études de pharmacie sur Parcoursup, malgré un bon dossier scolaire.
Donner accès à la pharmacie via Parcoursup contribuerait dès lors à brouiller davantage l’orientation des étudiants, estime l’association. Cette dernière préconise le maintien d’une année commune en PASS-LAS, au cours de laquelle il faut améliorer le module de présentation des différentes filières de santé.
Si le travail de sensibilisation au métier de pharmacien s’est accéléré ces dernières années, avec des modules et kits pédagogiques déployés par les facultés et associations, l’ensemble des acteurs s’accorde sur le fait qu’il reste encore du chemin à faire. Avec 25 pharmacies qui ferment chaque mois en France, selon la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, « c’est aujourd’hui un enjeu de santé publique » que de faire venir des étudiants en pharmacie, prévient Vincent Lisowski. « Si la pharmacie s’écroule, la prise en charge des patients dans les territoires va également s’écrouler », ajoute-t-il.