Crise du logement : comment les établissements tentent de loger leurs étudiants ?

Plusieurs semaines après la rentrée, le casse-tête du logement perdure pour de nombreux étudiants. Pour éviter qu’ils ne restent sur le carreau, les écoles redoublent d’efforts et déploient leurs propres solutions. Décryptage.
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Alors que la rentrée bat son plein et que les cours ont repris, la crise du logement s’enlise dans l’Hexagone. Plusieurs étudiants restent à la recherche d’un toit et doivent jongler entre reprise et démarches effrénées.

Loyers élevés, concurrence féroce, sursaut de dernière minute : la quête d’un cocon transforme la rentrée en une véritable course contre la montre. Dans ce contexte, les établissements se mobilisent et multiplient les initiatives pour trouver des solutions d’hébergement.

« Je suis obligé de dormir dans ma voiture »

Lorsque les étudiants s’inscrivent dans leur établissement, un nouveau service s’invite peu à peu une fois leur dossier d’inscription posé : l’accompagnement au logement. Une aide bienvenue pour ceux qui se retrouvent soudain face à l’urgence d’un toit.

De plus en plus, avec la crise du logement, certains membres du personnel endossent le rôle de référent logement. Le plus souvent, ce sont les chargés de la vie étudiante qui prennent en charge les étudiants encore sans solutions, oscillant entre dossiers, appels et situations d’urgence. C’est le cas de Justine Rozé, responsable de la vie étudiante à Rennes School of Business, qui jongle entre trois services : « l’accompagnement à la scolarité, les aspects de la vie quotidienne et le logement».

« Nous communiquons dès les admissions. Les étudiants reçoivent un livret qui les incite à commencer leurs recherches rapidement, surtout s’ils viennent de loin, hors région parisienne », affirme Hélène Desmet, responsable de la vie étudiante à l’ESILV, école d’ingénieurs située à Courbevoie (Hauts-de-Seine). « Le livret fournit aussi des informations sur les prix des studios et des colocations. Nous insistons beaucoup sur la prévention pour éviter des situations de détresse».

Pourtant, malgré ces efforts et cette vigilance, la réalité frappe encore. À l’EM Normandie, fin septembre, deux étudiants restent sans logement. L’un d’eux, visiblement au bord du désespoir, confie, à la référente logement : « Je n’ai pas de logement et je dois dormir dans ma voiture ».

« On a des cas d’urgence différents : ceux qui n’ont pas cherché en arrivant car ils pensaient que ce serait simple, comme les étudiants internationaux et ceux qui ont sont isolés et qui ont de faibles revenus », explique Binta Diallo, référence logement à l’EM Normandie.

Solutions d’hébergement en urgence

Pour répondre à ces problématiques urgentes, les écoles mettent en place des solutions d’hébergement financées ou co-financées. À Montpellier Business School, un médiateur accompagne les étudiants concernés pour réserver des nuits d’hôtel prises en charge par l’établissement. « L’idée est de permettre à l’étudiant de savoir exactement où il dormira dans les prochains jours », précise MBS.

« À mon arrivée, il y avait eu un cas d’urgence grave : une étudiante américaine était venue avec ses valises en pensant qu’on avait des dortoirs comme aux États-Unis. Elle ne parlait pas bien français et n’avait pas compris. Elle a dormi sur un banc », renchérit Binta Diallo. Face à cette situation, l’EM Normandie avait dû débloquer en urgence des nuits d’hôtel. « Depuis, on met en place des webinars, un guide du logement, des fonds pour des nuitées d’hôtel et d’autres dispositifs pour éviter ça ».

Même démarche pour l’école de commerce rennaise qui priorise ces solutions d’urgence. « Depuis trois ans maintenant, nous privilégions des chambres en appart-hôtel. L’école prend en charge 50% du prix et l’étudiant paie les 50% restants », insiste la responsable de vie étudiante.

La situation est particulièrement délicate pour les étudiants internationaux, qui représentent un tiers des effectifs du campus rennais. « Ceux qui viennent en échange pour quatre à six mois rencontrent souvent le plus de difficultés et se rabattent beaucoup sur Airbnb », observe Justine Rozé.

Pour favoriser l’entraide, des réseaux internes ou externes, comme des groupes WhatsApp, sont également proposés, permettant aux étudiants de s’entraider via des hébergements temporaires ou des colocations entre pairs.

Des partenariats ciblés pour résorber les difficultés

Après avoir mis en place des solutions d’hébergement en urgence pour leurs étudiants, certaines écoles vont plus loin en structurant des partenariats ciblés pour prévenir et résorber les difficultés de logement sur le long terme.

Depuis quelques années, les écoles de commerce et d’ingénieurs engagent des collaborations avec des acteurs extérieurs. L’école d’ingénieurs du Pôle Léonard de Vinci a signé un partenariat avec Studapart pour accompagner tous les élèves dans leurs démarches. « C’est particulièrement intéressant pour ceux qui ne maîtrisent pas le français ou le processus de constitution d’un dossier de logement », souligne Hélène Desmet.

L’EM Normandie, qui dispose d’un campus au Havre, fait partie des établissements fondateurs de l’Association Havraise pour le Logement Étudiant (ALHOET). « C’est assez inédit en France : plusieurs établissements d’enseignement supérieur du Havre se sont regroupés en association. Là, il n’y a pas de concurrence quand il s’agit de logements, on travaille ensemble », souligne Binta Diallo.

Cette logique de coopération a été renforcée avec la création d’un Observatoire territorial des logements étudiants (OTLE), qui réunit logeurs, résidences étudiantes, établissements, Crous, pouvoirs publics et élus locaux. Une façon de coordonner tous les acteurs et d’anticiper les besoins.

La politique volontariste de la ville normande vient compléter ce dispositif. « Depuis un moment, la commune du Havre a donné énormément de permis de construire aux résidences étudiantes, avec l’idée de créer un bassin d’enseignement supérieur. Je suis à l’EM depuis 4 ans : chaque année, une nouvelle résidence émerge », assure la référente logement de l’école de management. Résultat : l’offre s’est diversifiée avec des gestionnaires privés comme UXCO, Odalys, Twenty Campus ou Student Factory.

Malgré l’accompagnement, les dispositifs d’urgence et les partenariats, les obstacles demeurent. Et ils ne se limitent pas à la question financière. « Malheureusement, on peut être parfois face au racisme. Certains propriétaires ne veulent pas d’étudiants internationaux », reconnaît Binta Diallo.

À cela s’ajoute la saturation que l’on retrouve particulièrement à Paris et sur le marché francilien : « Même avec une bourse Crous, il n’y a pas assez de logements. On prévient les étudiants : il faut s’y prendre tôt, parfois même payer dès juin-juillet pour septembre », ajoute la référente logement, au sujet des étudiants du campus parisien de l’EM Normandie.

Créer sa propre résidence : la solution aux problèmes de logement ?

Ainsi, certaines écoles choisissent d’aller plus loin encore et de bâtir leurs propres logements étudiants. C’est le cas de Rennes School of Business, qui a lancé le projet Constellation, à deux pas de son campus. « Nous venons de lancer un projet de construction de logements étudiants à proximité du campus Villejean. Les premiers logements ouvriront dès septembre 2026, puis une deuxième vague sera livrée en fin d’année 2026 », annonce Justine Rozé.

Pensé comme une réponse directe à la crise du logement, ce programme vise à sécuriser l’accueil des étudiants tout en renforçant la vie de campus. « Nous avons voulu aller plus loin et proposer une offre directe, à la fois pour répondre aux besoins de nos étudiants et pour renforcer la vie de campus », souligne la responsable de la vie étudiante de Rennes SB.

Une partie des logements sera réservée aux étudiants boursiers pour garantir une réelle mixité. « Il y aura donc des logements accessibles sur critères sociaux, avec une priorité pour certains publics, notamment les étudiants internationaux, les boursiers et ceux en situation de précarité », selon l’établissement.

Néanmoins, les établissements ne peuvent pas mettre des mots sur tous les maux.  « Le rôle des écoles est complémentaire de celui de l’État et du Crous. Nous ne pouvons pas agir seuls, mais nous sommes au plus proche des étudiants », estime Hélène Desmet de l’ESILV, avant de poursuivre : « Nous pouvons alerter rapidement nos partenaires quand une situation est urgente et relayer les cas critiques. C’est sans doute là notre principale force ».

Ces situations pèsent aussi sur le moral. Loin de leurs repères, les jeunes affrontent un double défi : réussir leur rentrée académique tout en cherchant un toit. « En période de rentrée, il y a toujours du stress : certains quittent leurs parents, leur pays, découvrent une nouvelle culture. Et quand on n’a pas sécurisé son logement, ça crée de l’angoisse », conclut la référente logement de l’EM Normandie.

 

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