Chaque année, c’est le même rituel, on croise dans les rues des étudiants, déguisés, recouverts de farine et d’œufs, faisant la chenille ou se baignant dans des fontaines pour les plus sages, mais ce sont souvent des week-ends complets organisés lors desquels les étudiants campent, participent à toutes sortes d’animations et de soirées plutôt alcoolisées. Ces soirées ou week-ends d’intégration représentent le rite d’entrée dans le monde de l’enseignement supérieur, universités, grandes écoles et classes prépas confondues pour les petits nouveaux, fraîchement sortis du lycée.
Pourtant le bizutage est interdit par la loi depuis 1998, il est défini comme toutes actions qui consistent « à amener une personne à subir ou à commettre des actes humiliants ou dégradants ou à consommer de l’alcool de façon excessive, et ceci même si elle est consentante », et peut être puni de 6 mois de prison et jusqu’à 7500 euros d’amende. À chaque rentrée, c’est la même rengaine, à l’issue de ces événements, des étudiants en viennent à porter plainte pour humiliation, abus sexuel voire viol et la consommation excessive d’alcool a déjà couté la vie à plusieurs étudiants, comme David Marret en Bretagne en 2017. Sa famille se mobilise aujourd’hui pour sensibiliser les jeunes aux risques et propose plusieurs solutions pour éviter d’autres drames, comme la présence d’unité médicale capable de réagir au plus vite face à des jeunes en comas éthyliques.
Mais cette loi et les risques encourus ne suffisent pas à décourager les étudiants. Sous l’impulsion de la ministre Frédérique Vidal, plusieurs organisations de l’enseignement supérieur telles que la Conférence des Grandes écoles (CGE), les CROUS, la Conférence des Directeurs d’écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI), la FAGE, l’UNI, l’UNEF, la Conférence des Présidents d’Université (CPU) se sont rassemblées et ont signé la Charte « Événements festifs et d’intégration étudiants » qui veut permettre l’organisation de soirées et de week-ends plus responsables.
Signature de la charte #StopDangerWEI ! L'objectif ? Accompagner les associations étudiantes dans l'organisation d'événements d'intégration. Consultez la charte ? pic.twitter.com/h6a0NtC6T0
— Sup-Recherche-Innov (@sup_recherche) 10 octobre 2018
Le document propose notamment d’intégrer des sanctions contre le bizutage dans le règlement intérieur des établissements, la création d’un guide pour aider à la mise en place des événements, la formation des organisateurs aux premiers secours, la sensibilisation des étudiants aux risques de l’alcool par les services de santé universitaire ou encore la création d’un document qui devra être complété pour chaque événement par les organisateurs sur lequel ils indiqueront le programme, les animations, le budget et surtout la quantité d’alcool prévue.
Les nouvelles propositions n’ont pas pour but d’interdire ces événements et cette charte n’empêche en rien de faire la fête, il s’agit surtout de mesures qui concernent, aussi bien la direction des établissements que les organisations étudiantes pour éviter les débordements et les drames dus à la forte alcoolisation de ces élèves lors des soirées et week-ends d’intégration.
#StopDangerWEI. À partir de 16H30, retrouvons nous pour la signature de la charte « Événements festifs et d’intégration étudiants » engageant les parties prenantes de ces événements à en promouvoir et respecter les principes de responsabilité et de prévention. pic.twitter.com/15sA0eBBn1
— Sup-Recherche-Innov (@sup_recherche) 10 octobre 2018