Les études en alternance ont le vent en poupe et se sont largement démocratisées. Selon le ministère du Travail, 809 100 contrats d’apprentissage ont été signés en 2022, ce qui correspond à une augmentation de 13,4 % en un an. Un record.
Si ce mode de scolarité constitue la voie royale pour décrocher son diplôme et intégrer efficacement le monde professionnel, les ruptures de contrat sont aussi en hausse. C’est ce qu’indique un baromètre de l’alternance, publié ce mardi 14 février par le cabinet Quintet conseil et l’association Walt, de la fondation Adecco et l’institut BVA. Pour réaliser cette enquête, les sondeurs ont recueilli l’avis des entreprises, comme des apprentis.
1 apprenti sur 4 ne finit pas son alternance
Selon l’étude, 20 % des alternants ont rompu leur contrat avant que celui-ci se termine. Dans le détail, cela concerne 24 % pour les contrats d’apprentissage et 11 % pour les contrats de professionnalisation. Le baromètre fait le parallèle avec la « Grande démission », un phénomène qui prolifère outre-Atlantique depuis 2021, s’étend désormais dans notre pays.
De même, le taux de rupture d’alternance est même supérieur à celui des contrats à durée indéterminée (CDI), qui est à 16,4 % de rupture. Avec « des disparités notables entre les secteurs 9,4 % dans l’industrie, 14,2 % dans la construction et jusqu’à 19,2 % dans le tertiaire », peut-on lire dans l’étude.
Le niveau d’études va aussi jouer un rôle important. « Plus le diplôme visé par l’alternant est élevé, et plus le taux de rupture est faible ». En d’autres termes, ce sont les plus jeunes qui sont plus enclins à quitter leur entreprise, pour diverses raisons : de l’expérience pro accumulée qui permet de changer de structure facilement à un recrutement plus adapté ou encore des missions plus intéressantes.
42 % des interruptions de contrat ont lieu pendant la période d’essai
Le baromètre de l’alternance s’est également intéressé au moment où l’alternance prend fin. Pendant la période d’essai, le contrat s’arrête pour 42 % des apprentis et 33 % des entreprises. L’interruption la plus marquée se produit pendant les années d’alternance pour 56 % des jeunes et 64 % des entreprises. La rupture est peu fréquente à l’obtention du diplôme, avec seulement 2 %.
© Capture d’écran Institut BVA
Par ailleurs, l’enquête s’est aussi penchée sur l’initiative et les motifs des ruptures d’alternance. La décision est prise par les apprentis dans 45 % des cas, et dans 35 % par l’entreprise. « Mais les alternants sont 43 % à estimer que la décision vient d’eux », révèle l’étude. L’interruption liée à un commun accord pour 32 % des sondés en entreprise et 12 % pour les jeunes.
Pour les employeurs, 58 % estiment que les alternants n’ont pas donné satisfaction dans la réalisation des tâches. Ils sont 54 % à désigner le comportement comme facteur. Côté alternant, 28 % ne souhaitaient pas rester dans l’entreprise, 22 %, car l’intégration s’était mal passée ou qu’ils avaient trouvé un emploi ailleurs (16 %).
Malgré la popularité de la formation en alternance dans l’Hexagone, des difficultés subsistent. L’accès à l’apprentissage reste « problématique », souligne l’étude, car « trouver les candidats adéquats » s’avère toujours aussi compliqué pour les entreprises. 43 % d’entre eux s’expriment, dont 49 % en Île-de-France, « région où la densité est la plus forte ».
Enfin, des problématiques sont aussi visibles lors de l’embauche des apprentis. Tandis que 76 % des entreprises recrutent les jeunes sur CV, la pratique du recrutement reste « inadaptée ». Elles sont seulement 15 % à réaliser des tests et 13 % à mener un entretien ou à mettre le candidat en situation.