Cette année, les candidats sur Parcoursup® ont jusqu’au 11 mars pour formuler leurs vœux. Alors que la crise sanitaire perturbe depuis bientôt un an le monde de l’éducation et qu’il semble difficile d’aborder l’avenir, Parole aux Jeunes by Diplomeo a consulté plus de 6800 élèves de terminale pour en savoir plus sur leur rapport avec la plateforme du ministère de l’Enseignement supérieur et sur leur état d’esprit.
Une plateforme globalement satisfaisante pour les terminales
Parcoursup® n’a pas toujours fait l’unanimité auprès des futurs étudiants. Pourtant, cette année, 88 % des jeunes de terminale trouvent l’offre de formation satisfaisante sur la plateforme, même si un tiers d’entre eux envisagent tout de même de postuler à des formations hors Parcoursup® et que 10 % ont même déjà entrepris de chercher une école ou une université autrement. De fait, si depuis quelques années, le site d’orientation officiel du ministère de l’Enseignement supérieur a vu son catalogue de formations s’étoffer considérablement, 31 % des élèves interrogés affirment encore que les formations qui les intéressent ne figurent pas toutes sur Parcoursup®. Les jeunes provenant de filières professionnelles sont ceux qui ont moins froid aux yeux à l’idée d’aller voir ailleurs (43 %), suivis des élèves de terminale technologique (32 %) puis des classes générales (26 %).
En effet, les jeunes trouvent tout de même quelques défauts à Parcoursup®. Plus de 6 sur 10 avouent avoir du mal à rédiger leur projet de formation motivé. En outre, la moitié des sondés trouvent qu’ils n’ont pas assez de temps pour découvrir les formations qui pourraient les intéresser sur Parcoursup®. Plus encore, 59 % pensent que le délai de 3 à 5 jours n’est pas suffisant pour accepter ou renoncer à une proposition.
Cela ne les empêche pourtant pas de formuler de nombreux vœux sur la plateforme. Ainsi, seulement 27 % entrent moins de 3 vœux dans leur liste. Pour les autres, 32 % y formulent entre 4 et 6 vœux, 21 % entre 7 et 9 vœux, et 20 % un total de 10 vœux : le maximum autorisé sur le site. En tendance, les élèves de filière générale inscrivent davantage de vœux que ceux de terminale professionnelle et technologique.
Pour ce qui est du calendrier, on ne peut pas dire que les terminales s’y prennent au dernier moment. En effet, 91 % des candidats ont entré ou prévu d’entrer leurs vœux pas plus tard qu’au mois de février. Seuls 9 % ont décidé de jouer avec le feu en entrant leurs vœux seulement début mars. Prudents, ils sont également 77 % à avoir prévu des « vœux de secours ». Plus incertaines, les filles tendent d’ailleurs à davantage miser sur des voeux parachutes (81 %) que les garçons (74 %). Les élèves de générale sont aussi plus nombreux à faire ce choix (81 %) que ceux en techno (78 %) et en pro (68 %).
8 jeunes sur 10 ont peur de ne pas être acceptés dans une formation qui leur plait
Les vœux de secours : un moyen de limiter son stress ? Si 68 % des répondants sont inquiets de ne recevoir absolument aucune proposition de formation, ce que les terminales craignent, c’est avant tout de ne pas pouvoir accéder aux formations qui les attirent. Effectivement, 8 sondés sur 10 se disent inquiets de ne pas recevoir de propositions de formationsqui leur plaisent, dont 85 % des femmes et 76 % des hommes.
Au total, 77 % des élèves de terminale se disent stressés par la procédure, dont 37 % très stressés. Encore une fois, ce sont les femmes (85 %) qui se rongent davantage les ongles que les hommes (70 %). « Stressante » est d’ailleurs le premier qualificatif que les sondés utilisent pour définir Parcoursup®.
En outre :
- Près de la moitié pensent que la procédure est « longue »
- Plus d’un sur trois estime qu’elle est « compréhensible » (contre 70 % en 2018), mais aussi « compliquée »
- 27 % la définiraient comme « ouverte à tous », alors que 12 % la considèrent « discriminatoire » (contre 52 % en 2018)
- 26 % la trouvent « pratique »
- 55 % estiment qu’elle les perturbe dans la préparation de leur bac (contre 60 % en 2018)
Un stress exacerbé par la crise
Les avis peuvent donc varier au sujet de la plateforme du Ministère de l’Enseignement supérieur, mais une chose est sûre : l’angoisse est bien là. Et la crise sanitaire, doublée d’une crise économique, n’arrange pas les choses. En effet, 73 % des jeunes affirment que la crise a compliqué leur parcours d’orientation, et ce, de différentes manières. 18 % avouent même avoir modifié leurs choix d’orientation à cause de la pandémie et ses conséquences.
Parmi les répondants, beaucoup avouent se détourner de secteurs qui ont été directement impactés par l’épidémie de coronavirus. Alors que certains abandonnent définitivement l’idée de se lancer dans les métiers de la santé après avoir vu à quel point les vagues successives du coronavirus ont secoué le système hospitalier en France, d’autres se découvrent, à l’inverse, une nouvelle passion pour le domaine. « Avec la crise économique et les effets sur les intermittents, j’ai changé d’orientation en passant de l’art à la médecine », avoue l’un des élèves interrogés. Tourisme, restauration, événementiel… Le constat est clair pour la plupart des jeunes : « On voit des secteurs qui sont plus touchés par la crise que d’autres et donc qui attirent moins ». Une crise qui, par ailleurs, perturbe également la recherche d’alternance de certains : « Je cherche un apprentissage en concession auto et je n’arrive pas à trouver mon apprentissage », avoue un élève.
Ayant écho des difficultés financières de leurs aînés, un certain nombre de jeunes renoncent également à s’éloigner du domicile familial pour leurs études futures. « Financièrement, sans bourse et sans job étudiant je ne peux pas partir étudier dans une autre ville, mes parents ne pouvant pas m’aider au financement d’un logement. », explique l’un d’entre eux. « Entre les misères étudiantes mises au devant de la scène et les salons de l’orientation fermés, nos choix ont forcément été impactés. Nous avons tous pris la décision de ne pas trop nous éloigner de chez nous, de ne pas prendre de risque même si d’autres universités ou écoles nous tendaient les bras au-delà de nos départements. », raconte un autre.
Au-delà du point de vue strictement pratique, la succession des confinements a poussé certains terminales à la réflexion : « Je pense qu’on s’est tous remis en question pendant la crise. Et donc on se pose la question, non pas du “Qu’est-ce que je veux faire comme métier ?”, mais plus “À quoi je veux que ma vie serve ?”. », philosophe un sondé. Même si de nombreuses initiatives ont été prises pour accompagner les jeunes dans leur orientation, le virtuel ne remplace pourtant pas le réel : « La crise sanitaire nous a empêchés d’avoir beaucoup de cours, notamment des cours sur l’orientation, les visioconférences ne sont pas assez efficaces selon moi pour remplacer des portes ouvertes ou des cours. », raconte un jeune. « Les autres années, les terminales pouvaient bénéficier d’un forum des métiers en présentiel qui s’avère être plus efficace que des visioconférences depuis notre salle de classe, à travers lesquelles le contact avec des anciens étudiants n’est pas simple à trouver, sans parler des multiples problèmes techniques que l’on rencontre souvent. », déplore un autre. Mais dans un tel contexte, les actuels élèves de terminale se sentent-ils suffisamment accompagnés par leurs aînés ?
Des élèves livrés à eux-mêmes ?
Si les journées portes ouvertes virtuelles n’ont, aux yeux de certains élèves, qu’une valeur relative par rapport à celles qui se déroulent en physique, cela ne les empêche cependant pas d’y assister. Ainsi, 41 % d’entre eux déclarent s’être renseignés grâce aux JPO. Par ailleurs, 67 % des sondés se renseignent sur le site des écoles, 58 % sur les sites web d’orientation comme Diplomeo, 36 % grâce au bouche-à-oreille, 27 % via les salons, 26 % grâce aux réseaux sociaux et 20 % en prenant contact directement avec les écoles.
Mais dans ce contexte plutôt particulier, les élèves de terminale bénéficient-ils d'un réel suivi ? 54 % des jeunes qui ont répondu à Parole aux Jeunes affirment avoir été conseillés pour la formulation de leurs vœux sur Parcoursup®, le plus souvent par leurs professeurs (75 %), leur famille (68 %) et un peu moins par un conseiller d’orientation (33 %) et leurs amis (32 %). Pourtant, 34 % des élèves pensent qu’ils n’ont pas été assez informés et accompagnés dans leur orientation. Parmi ces derniers, 92 % estiment que leur école devrait davantage les accompagner dans leur orientation et 18 % pensent la même chose de leur famille.
Accompagnés ou non, 72 % maintiennent qu’ils ont une idée claire de leur orientation en tête pour les prochaines années. Alors que 32 % s’y sont pris assez tard, soit il n’y a pas plus de 6 mois, 27 % travaillent sur leurs choix d’orientation depuis environ 1 an et 38 % depuis 2 ans ou plus.