Après la réforme du baccalauréat général, annoncé en février dernier, le gouvernement s’attèle désormais à celle de la formation en lycée professionnel, qui accueille un tiers des lycéens français. Manque d’attractivité, formations inadaptées et taux d’insertion faible, le lycée professionnel souffre d’un manque de modernisation et d’un isolement par rapport au système éducatif français. À la sortie, 35 % des jeunes sont sans emploi 7 mois après la fin de leurs études en lycée professionnel et de grosses disparités existent entre les filières.
Le principal enjeu de cette réforme est donc d’adapter les formations aux besoins du marché du travail pour les rendre plus attractives et d’apporter plus de lisibilité à l’offre de formation. Des mesures qui feront peut-être perdre aux lycées professionnels cette image de voie de garage au profit d’établissements tournés vers des métiers d’avenir.
Une offre de formation plus adaptée aux réalités économiques
Le lycée professionnel propose des cours pratiques dans le but de former les élèves à des métiers et à une insertion dès la sortie. Les derniers taux d’insertion ont montré que certains diplômes ne menaient plus à grand-chose et que beaucoup d’élèves qui avaient fait le choix de la voie professionnelle se retrouvaient désarmés sur le marché du travail.
Le ministère veut donc repenser l’offre de formation des lycées professionnels. Le souhait de Jean-Michel Blanquer est de se tourner vers les métiers d’avenir. Les baccalauréats professionnels doivent faire face aux évolutions du marché du travail, de nouvelles filières apparaitront et les enseignements seront adaptés aux besoins du marché du travail, notamment pour faire face à la transition numérique et écologique. L’offre se veut plus adaptée aux réalités économiques, mais aussi aux dynamiques territoriales, toujours dans le but d’augmenter l’insertion des élèves dès la sortie.
Plus d’accompagnement pour les élèves
La réforme touchera également la pédagogie. Les enseignements généraux seront renforcés et des cours seront donnés conjointement par des professeurs professionnels et généraux pour mettre en relation leurs deux enseignements et ainsi donner plus de cohérence aux cours.
Dès la rentrée 2018, les élèves de seconde professionnelle passeront un test de positionnement afin de mieux cerner leurs besoins notamment en français et en mathématiques, avant le choix de leur spécialisation en première. Ils auront également la possibilité de passer un CAP en 1, 2 ou 3 ans selon leur profil et leurs besoins, contre 2 ans actuellement.
Enfin, pour rendre l’offre plus lisible, les formations seront regroupées par famille de métier, pour permettre une spécialisation plus progressive. Les élèves de seconde suivront donc une première année commune par branche et se spécialiseront ensuite à partir de la première. Cette organisation sera mise en place dès la rentrée 2019.
Dès l’été, un travail avec les branches professionnelles et les partenaires sociaux pour définir les familles de métiers proposées à la rentrée 2019. #lyceepropic.twitter.com/s3IdOFNg4z
— Éducation nationale (@EducationFrance) 28 mai 2018
Une voie vers la poursuite d’étude
Autre difficulté que rencontrent les élèves ayant choisi la voie professionnelle, est la poursuite d’étude dans l’enseignement supérieur. Après un baccalauréat professionnel, un élève peut tout à fait postuler aux universités, notamment à un BTS. Ils ne sont pourtant que 3 % des bacheliers professionnels qui sont entrés à l’université à obtenir une licence. Un échec qui montre le manque de préparation de ces élèves pour faire face à l’enseignement supérieur. Bien que le lycée professionnel ait vocation à une insertion rapide sur le marché du travail, le ministre veut aussi que ces élèves puissent choisir de poursuivre leurs études. Pour cela, Jean-Michel Blanquer a annoncé la mise en place d’un module de poursuite d’étude, que pourront choisir les élèves de terminale. Ils suivront des cours de remise à niveau pour faire face aux attentes de l’enseignement supérieur, au même titre que les élèves des lycées technologiques et généraux.
Créer des campus d’excellence dans toute la France
Pour renforcer le lien entre lycées professionnels et entreprises, mais aussi avec les établissements de l’enseignement supérieur, le ministre a proposé la création de campus d’excellence. Ce lieu de vie à l’américaine serait doté d’infrastructures modernes, d’un internat, d’établissements du secondaire et de l’enseignement supérieur, d’entreprises, d’incubateurs, d’espaces de coworking, etc. Les partenariats avec des établissements et entreprises internationaux seront également favorisés pour booster l’attractivité des lycées professionnels français. Des campus qui devraient voir le jour d'ici à 2022 dans chaque région.
D’ici 2022, nous allons faire émerger au moins 3 campus d’excellence par région : campus d’excellence tournés vers les métiers d’avenir, véritables lieux de vie, de formation, en lien étroit avec les régions et les acteurs de la recherche et du monde professionnel #LyceePro pic.twitter.com/8BKOWwNWF2
— Éducation nationale (@EducationFrance) 28 mai 2018