Le monde du travail chez les femmes est sujet à tensions : entre inégalités salariales, sous-représentation et discrimination. Même si depuis les années 1960 les femmes investissent le marché du travail, elles restent sous-représentées et recrutées à des emplois moins bien rémunérés (en moyenne 19 % de moins, selon l’INSEE) que leurs collègues masculins. Pourtant, une récente enquête du CNRS menée par Thomas Breda et Mélina Hillion révèle que les femmes semblent favorisées dans l’enseignement quand elles postulent à des postes où elles sont sous-représentées. Le monde de l’éducation favoriserait-il la discrimination positive ?
Discrimination positive : les femmes professeurs plébiscitées
Dans l’enseignement supérieur, les femmes restent sous-représentées dans les métiers scientifiques (les mathématiques, la physique) mais aussi la philosophie. Des secteurs à grande majorité d’hommes, qui pourraient bénéficier d’une certaine clémence dans le recrutement des femmes. L’enquête réalisée par un duo de chercheurs du CNRS laisse penser que les femmes sont plus facilement recrutées que les hommes dans les domaines où elles sont sous-représentées. Pour mener à bien leur enquête, Thomas Breda et Mélina Hillion se sont appuyés sur les résultats des concours d’enseignement. Le verdict éclaire les pronostiques : entre les écrits anonymes et les oraux personnalisés, le classement des femmes au CAPES et à l’agrégation augmente de 10 % à 20 %. L’étude s’est appuyée sur les résultats des concours entre 2006 et 2013 : la tendance montre que les femmes, vivent dans le milieu de l’enseignement scientifique, une « discrimination positive de la part des évaluateurs plutôt que des différences de compétences entre les candidats ». Selon l’étude, c’est aussi le cas des hommes, dans une très faible proportion. Les chercheurs reconnaissent que leur position est « légèrement favorables (…) en littérature et en langues étrangères et largement favorables aux femmes en mathématiques, physique ou philosophie ».
La place des femmes dans les filières scientifiques : lutter contre l’autocensure
Les femmes restent moins enclins a postuler ou a se lancer dans des filières scientifiques. Le manque d’intérêt n’est pas la seule raison. Insconsciemment, elles s’empêchent de postuler dans des secteurs majoritairement masculins. Lutter contre l’autocensure est déjà un premier pas pour réduire les inégalités et les discriminations, quelles soient positives ou négatives. En tout état de cause, cette discrimination positive ne s’observe pas avec les postes très qualifiés de l’enseignement, « il n’y a pas de discrimination négative à l’embauche à l’encontre des femmes très qualifiées dans les disciplines où elles sont sous-représentées » précisent les chercheurs. Ils suggèrent également de prendre le problème à la source : réduire les inégalités et les stéréotypes de genre dès le jeune âge, grâce à la formation, « avant qu’ils ne choisissent leur orientation », ajoutent-ils.
Choisir la formation scientifique
Le domaine scientifique apparaît comme bénéfique pour les femmes. Selon les chercheurs, elles sont meilleures dans cette discipline, « il serait bon, pour les encourager, de mettre en avant le fait que les femmes, si elles choisissent des domaines où les hommes sont majoritaires, ont plus de chances de réussir ». La France héberge de nombreuses formations scientifiques, en sein d’écoles d’ingénieurs ou à l’université. Des cursus d’excellence, à diplôme variable :
- Licence de mathématiques, physique, etc.
- Bachelor de mathématiques, physique, etc.
- Master de mathématiques, physique, etc.
Les filières scientifiques doivent se diversifier, notamment dans l’éducation nationale : trois professeurs de mathématiques sur quatre sont des hommes. Un milieu d’hommes, où les femmes tentent peu à peu, de se faire une place. Thomas Breda et Mélina Hillion, chercheurs au CNRS, remettent en cause la discrimination positive qui, selon eux, accentue les inégalités et demeure contre-productive pour les femmes dans les secteurs où elles sont sous-représentées.