« La France connaît l’une des crises immobilières les plus importantes de son histoire », c’est ainsi que Morgane Bentata décrit la situation actuelle au sein de l’Hexagone. Aujourd’hui, les appartements les plus demandés sur le marché sont des T1 et des T2, des petites surfaces qui sont également convoitées par les étudiants.
Résultat : en région parisienne, et dans les grandes et moyennes agglomérations de France, la demande excède largement l’offre. « À Rennes, nous enregistrons 104 demandes étudiantes pour une annonce. À Lyon, nous sommes autour de 101 candidatures par offre », précise la directrice des résidences Les Belles Années.
Rennes : reine du top 10 des villes où les étudiants peinent à se loger
À partir du nombre de logements disponibles, de l’estimation de la demande étudiante et du nombre réel d’élèves dans le supérieur souhaitant habiter dans les plus grandes villes françaises, Les Belles Années a dressé un palmarès des métropoles où la tension locative est la plus importante.
Rang | Ville | Estimation du nombre d’étudiants en recherche d’appartement en 2022 | Nombre d’étudiants en 2022 |
1 | Rennes | 59 399 | 73 332 |
2 | Lyon | 143 328 | 179 160 |
3 | La Rochelle | 12 968 | 14 409 |
4 | Caen | 30 000 | 36 358 |
5 | Bordeaux | 90 444 | 102 777 |
6 | Strasbourg | 37 512 | 66 985 |
7 | Angers | 29 076 | 44 732 |
8 | Brest | 19 064 | 28 035 |
9 | Montpellier | 65 455 | 82 959 |
10 | Aix-en-Provence | 23 892 | 47 784 |
Pour réaliser son classement des villes où la tension locative est la plus importante pour les étudiants, Les Belles Années a analysé les données de MoteurImmo, un site qui regroupe les annonces de plus de 50 plateformes, pendant une année. « Nous voulions éviter de nous concentrer uniquement sur la saisonnalité étudiante, pour ne pas fausser les chiffres », précise Morgane Bentata. Le constat est édifiant : si le top 10 met en avant de grandes métropoles comme Lyon ou Bordeaux, des villes de taille moyenne font désormais partie du classement, à l’image d’Angers, Caen ou La Rochelle.
La tension monte dans les petites villes
Pour Morgane Bentata, plusieurs facteurs expliquent la hausse de l’indice de tension immobilière dans les plus petites villes. « Auparavant, les formations étaient concentrées sur les grandes métropoles. Aujourd’hui, elles se sont délocalisées dans des villes intermédiaires. Dans le même temps, le nombre de logements de petite surface n’a pas augmenté. On ne construit plus de neuf ». Avec une offre éducative plus riche, un cadre de vie plus agréable et un coût de la vie moins élevé, les étudiants peuvent être attirés par ces communes.
Mais ce n’est pas le seul facteur à prendre en compte puisque la demande surpasse largement l’offre. Le nombre d’appartements meublés a diminué de 20% en 2023 alors que la demande a connu une augmentation de 18%, d’après les chiffres révélés par Les Échos. Cela s’explique par l’augmentation du nombre de décohabitation – phénomène d’émancipation des enfants qui quittent le nid familial -, mais aussi par le besoin de loger d’autres publics que les étudiants dans ces T1 et T2 : personnes divorcées, familles monoparentales, veufs…
Paris : une ville qui séduit, malgré les prix
Les régions françaises ne sont pas les seules à connaître la crise immobilière. Si le coût de la vie à Paris a beaucoup augmenté, cela n’empêche pas les jeunes de s’installer sur la capitale pour leurs études. « L’idée de faire ses études à Paris et de vivre la vie parisienne est encore très présente chez les étudiants », souligne la directrice des résidences Les Belles Années. En se concentrant non plus sur les villes, mais sur les départements les plus tendus en matière d’immobilier étudiant, l’entreprise dresse un constat sans appel. Le top 3 est composé de Paris, de la Seine-Saint-Denis et des Hauts-de-Seine.
Et la situation ne risque pas de s’améliorer ! Si le grand événement sportif de l’été 2024 a poussé certains propriétaires à retirer leurs biens du marché locatif pour loger les touristes, le retour à la normal ne promet pas de faire baisser la tension immobilière. « La pénurie est tellement importante », constate Morgane Bentata. L’afflux d’annonces qui pourrait potentiellement submerger les plateformes ne suffira pas à endiguer le problème. « On ne peut pas dire que l’offre explosera à la fin de l’été. Cela donnera juste l’impression de répondre un peu plus à la demande. »