Interview : Sarah Cromer, étudiante en filière automobile et lauréate du prix Ingénieuses 2019

Sarah Cromer est étudiante en filière automobile à l’ESTACA. Elle est la lauréate du prix de l’élève-ingénieure 2019. Très impliquée dans le monde associatif, elle nous explique son parcours en tant que femme dans un milieu majoritairement masculin.
Mis à jour le / Publié à 15h23 — Sponsorisé par ESTACA.
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Interview : Sarah Cromer, étudiante en filière automobile et lauréate du prix Ingénieuses 2019

Sarah Cromer est étudiante en 4e année en filière automobile à l’ESTACA, une école d’ingénieur post bac. Elle est la lauréate du prix de l’élève ingénieure 2019. L’opération Ingénieuses est un concours national organisé par la CDEFI qui a pour but de promouvoir les formations et métiers de l’ingénierie auprès des femmes et de lutter contre les stéréotypes de genre. Très impliquée dans le monde associatif, Sarah nous explique son parcours en tant que femme dans un milieu majoritairement masculin.

Que représente le prix Ingénieuses pour toi ?          

J’ai découvert le prix Ingénieuses en 1re année à l’ESTACA et j’ai trouvé l’initiative géniale. Il permet de promouvoir l’accès des jeunes femmes aux études d’ingénieur, d’autant plus dans mon école, car en ingénierie mécanique on est encore plus en minorité. Je me suis dit qu’y participer permettrait peut-être à des jeunes filles de voir qu’il y a aussi des étudiantes en ingénierie automobile, et qu’on peut être passionné d’automobile, quel que soit son genre

Quelles actions t’ont permis de remporter ce prix ? 

Ce sont mes actions au sein des associations Pégase et Elles bougent qui ont été mises en avant lors de la finale du concours. La première a pour but de vulgariser les sciences de manière ludique auprès d’enfants d’école primaire en France et des collégiens au Sénégal. C’est très important pour les enfants et les adolescents de pouvoir s’identifier, aussi bien pour les femmes dans l’ingénierie que pour les hommes en études d’infirmier. Avec Elles bougent, je participe toute l’année à des conférences et des forums pour des collégiennes et des lycéennes pour expliquer mon futur métier et présenter ma passion

Quel a été ton parcours scolaire ? 

C’est au lycée que j’ai découvert la définition exacte d’ingénieur, et que ça me correspondait vraiment. Je ne me sentais pas assez en confiance pour faire une prépa, donc j’ai cherché des écoles post bac. J’ai choisi l’ESTACA qui a une filière aéronautique, milieu vers lequel mes parents m’ont poussée. C’est en fin de 2e année que j’ai découvert le sport automobile. J’ai participé à un projet où on a monté une écurie 100 % étudiante pour concourir en championnat national : JEMA by ESTACA. J’ai commencé à faire beaucoup de mécanique sur le prototype et à faire de la carrosserie. Tout cela m’a beaucoup fait douter sur mon choix de filière et je me suis donc réorientée en 4e année, j’ai dû rattraper deux ans de cours, mais l’école m’a beaucoup soutenue.

Comment ça se passe pour une fille en école d’ingénieur et notamment dans le milieu automobile ? 

En première année quand on arrive c’est un petit choc, c’est bizarre de voir 10 % de filles dans une énorme promo, mais je m’y suis vite habituée. En termes de sexisme, j’ai été étonnée de ne pas avoir plus de remarques. De toute façon il y en a partout, peu importe le milieu. En lançant le projet JEMA by ESTACA j’en ai eu un peu plus. Je devais manager une équipe presque exclusivement masculine, et certains garçons nous prennent moins au sérieux. En arrivant sur les pistes, j’ai eu un autre choc. Un participant trouvait ça impensable que je fasse de la mécanique, et surtout autre chose que faire à manger et nettoyer la carrosserie.

Par contre, les directeurs de course m’ont vraiment impressionnée. Je pensais qu’ils auraient beaucoup plus de préjugés parce que le sport automobile est un milieu très sexiste, et pourtant quand on discutait de féminisme, ils partageaient nos idées.

Les courses automobiles sont ouvertes à tous et toutes, mais très peu de femmes y participent. Que faudrait-il faire pour qu’il y ait plus de femmes sur les pistes ? 

La FIA (Fédération Internationale de l’Automobile) a lancé une compétition réservée aux femmes pilotes. Beaucoup ont réagi en disant que c’était sexiste de les réserver aux femmes, j’étais d’accord avec eux. Mais, je me suis rendu compte qu’il y a peu de femmes pilotes parce que pour être bon pilote il faut avoir de l’expérience, donc il faut de l’argent. C’est plus compliqué pour les femmes parce que les sponsors leur font moins confiance. Ce championnat va leur permettre de s’exercer et donc d’attirer plus d’entreprises. En mécanique c’est compliqué aussi, car les pilotes payent des mécaniciens engagés par une société. Ces sociétés embauchent moins de femmes sous prétexte qu’elles sont moins capables physiquement. 

As-tu rencontré des difficultés lors de tes recherches de stage ? 

Aujourd’hui on arrive à un stade où certaines entreprises se rendent compte qu’elles ont besoin de féminiser leurs équipes, les team de course un peu moins. Donc, parfois ça peut être un avantage d’être une fille pour être embauchée. Mais on n’est jamais à l’abri de tomber sur un patron qui a des aprioris et qui jettera directement notre CV à la poubelle.

Quel serait ton job idéal ? 

J’aimerais faire de l’ingénierie piste, de l’ingénierie de performance. C’est-à-dire analyser les données de la voiture pour indiquer au pilote les changements de pilotage pour améliorer les performances.

Est-ce qu’on est obligée d’être féministe quand on est dans cette filière ?

Il n’y a pas forcément besoin d’être féministe pour faire du sport automobile, mais il faut l’être pour accéder à des postes à responsabilités. Dans ce milieu, une femme doit faire ses preuves, montrer qu’elle n’est pas juste là pour faire joli, et qu’elle est compétente. Il y aura toujours des remarques ou des blagues sexistes, mais il faut savoir se battre sur les bons fronts. Tout ce que je veux c’est qu’on ne me traite pas différemment d’un homme, et ne pas avoir à me battre sans cesse. 

Un conseil ou une recommandation pour les filles qui hésitent encore ?

Ce qui est important c’est de faire ce qu’on aime et se donner à fond. Je voulais être une ingénieure épanouie dans ce que je fais et me lever le matin en étant heureuse d’aller travailler. Il faut bien se renseigner et oser, mais aussi ne plus avoir peur d’échouer ou de ne pas choisir la bonne filière.

Si le Ministère devait intervenir, qu’est ce qu’il faudrait faire en priorité ?

Éduquer les enseignants pour qu’ils puissent donner le bon exemple, en encourageant les filles et les garçons dans ce qu’ils aiment faire, de la même manière. Lors de la remise des prix de l’élève ingénieuse, une maître de conférences expliquait qu’on ne propose pas les mêmes métiers aux filles qu’aux garçons, alors que c’est un choix qui va nous suivre pendant toute notre vie. 

Toute la #TeamESTACA est fière et heureuse de Sarah Cromer, prix de l’élève-ingénieure #Ingénieuses19 ! 🥳💁🏼‍♀️Prix remis par Jean-Paul Gaudemar, recteur de l’agence universitaire de la francophonie @auf_org ! BRAVO SARAH 💪🏼 pic.twitter.com/pd1ORkALfd

— ESTACA (@Estaca_twit) 17 mai 2019

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