Lundi 17 mars 2025, le procès du fondateur d’Hippocrate s’est ouvert. La prétendue classe préparatoire privée aux études de médecine devait être inaugurée en 2021. Elle est alors présentée comme issue d’un « institut national d’excellence de préparation aux concours de santé » et parvient à séduire près de 200 jeunes, avec des frais de scolarité compris entre 3 000 et 11 000 euros.
Problème : aucun cours ne se profile. La rentrée n’a jamais eu lieu. On parle volontiers d’une classe prépa « fantôme ». Le préjudice s’élève à 400 000 euros. Le gérant de cet écran de fumée a été mis en examen pour escroquerie, avec trois complices, au tribunal correctionnel de Paris. Trois ans de prison, dont un an avec sursis : c'est ce qu'a finalement requis le ministère public à l'encontre du fondateur d'Hippocrate. Des affaires similaires ont mis en péril de nombreux étudiants et leurs familles, mais également des professeurs.
Hippocrate : le fruit d’un jeune lyonnais qui abandonne ses études de médecine
Lorsque Samy N. fonde Hippocrate, fin 2020, il a 22 ans et n’en est pas à son coup d’essai. Courant 2021, il est condamné à Lyon pour pratiques commerciales trompeuses pour une autre prépa frauduleuse fondée en 2018.
Plus de 600 professeurs agrégés et 750 locaux partout en France : c’est ce que vend la page LinkedIn de la feue prépa Hippocrate. Finalement, aucun cours n’a lieu, les plaintes et témoignages inondent la toile et plusieurs familles, ainsi que des salariés non déclarés et jamais rémunérés se constituent parties civiles. À la question de savoir pourquoi le Lyonnais a fondé Hippocrate alors qu’il avait déjà été condamné, il répond à la barre : « Je ne voulais pas rester sur un échec. »
Architektôn : la faute à un serial entrepreneur sans scrupules
Le 5 janvier 2024, près de 150 jeunes apprenaient qu’ils n’auraient plus cours. 65 d’entre eux avaient intégré, en septembre 2023, la prépa de mise à niveau privée sur un an, dispensée par l’école Architektôn - située au cœur du 3e arrondissement de Paris. Une centaine d’autres y suivaient des stages et cours ponctuels. Ces enseignements devaient leur permettre de multiplier leurs chances d’intégrer une École nationale supérieure d’architecture (ENSA).
6 980 euros : c’est ce que chaque famille a déboursé pour voir son enfant réaliser son rêve de devenir architecte. Dans la nuit du 4 janvier 2024, M’hamed H., directeur de l’entreprise à laquelle appartient l’école (PREPA ENSEIGNA) prévenait ses collaborateurs, par simple mail, que « dû à de sérieuses difficultés » rencontrées par ladite entreprise, « les cours assurés par la prépa Architektôn ne [reprendraient] pas jusqu’à nouvel ordre. »
Tout prête à croire que le directeur a tout bonnement mis les voiles en emportant l’argent de la caisse avec lui : un butin de près de 500 000 euros, lequel représente la totalité des frais de scolarité versés par les parents et les étudiants. À la liste des victimes s’ajoute également le personnel éducatif. Les enseignants, principalement recrutés sous le statut de micro-entrepreneur, n’avaient pas été payés depuis fin octobre 2023.
Rapidement, les familles se sont rassemblées afin de porter une action collective en justice. Elles dénonçaient une escroquerie et un abus de confiance. Selon plusieurs témoignages étudiants recueillis par la presse, le premier semestre s’était déroulé sous les meilleurs auspices, avec des cours intéressants. Le deuxième semestre devait être consacré à la préparation des concours des écoles. C’est pourtant bien de celui-ci qu’ont été privés les élèves lésés.
D’autres cas et toujours des prépas privées qui présentent bien sur le net
Dans la foulée, la prépa vétérinaire privée Vet’Etudes - également gérée par M’hamed H. - fermait aussi ses portes, sans crier gare, et l’histoire se répétait : étudiants, familles et enseignants laissés sur le carreau. L’homme était à la tête d’autres sociétés, toujours dans le secteur de l’enseignement privé, comme Edulide (désormais fermée) ou encore Almalia, IABD Business English et Caravelle Academy.
Selon plusieurs témoignages partagés dans la presse, les sites de ces prépas présentaient plusieurs avis positifs, des références d’enseignants qui mettaient en confiance ainsi qu’une esthétique somme toute propre. Pour Hippocrate, ce fut également le cas. M’hamed H. est présenté comme un « spécialiste du référencement sur Google ». De son côté, Samy N., le fondateur d’Hippocrate, a avoué n’avoir jamais pris de cours de commerce ou de gestion.
Le ministère de l’Enseignement supérieur, sollicité par plusieurs médias l’année dernière, avait répondu ne pas être compétent au sujet de l’affaire Architektôn, puisqu’il s’agissait de programmes privés. Dans le même temps, il conseillait plutôt de se tourner vers les systèmes de mentorat gratuits. Depuis lors, le ministère a annoncé plusieurs travaux pour davantage de régulation des formations privées. S’il en existe plusieurs reconnues et visées par l’État, plusieurs autres pullulent sans contrôle et trompant les jeunes et les familles.
Ne plus tomber dans le piège des fausses prépas privées
Quels enseignements en tirer ? Avant toute chose : un site qui présente bien ne fait pas tout ! Les fondateurs arnaqueurs de tels programmes misent tout sur l’apparence de leurs sites internet et du contenu des réseaux sociaux associés. Ces éléments ne sont pas des gages de confiance et sont assez faciles à monter.
Le mieux est de remonter la piste d’étudiants ayant emprunté la voie d’un de ces cursus pour échanger avec eux. Aujourd’hui, les barres de recherche de X ou Tiktok sont largement utilisées au même titre que la traditionnelle barre de recherche Google. Elles permettent de tomber directement au cœur d’une éventuelle polémique ou de retours d’expérience authentiques.
Un cursus te fait d’œil et tu veux vérifier son adéquation avec ton profil ? C’est bien normal ! Tu peux te référer aux sites Google et Trustpilot pour éplucher plusieurs avis.
Ce n’est pas tout : Diplomeo a pensé à tout et possède également une section complète dédiée à des avis authentiques d’étudiants et d’anciens élèves, et ce, pour un large champ de formations existantes. Fais suivre le nom de la formation visée par « Diplomeo avis » pour tomber sur la page correspondante à partir de ton navigateur.
Un programme préparatoire n’est pas diplômant. Il ne peut alors pas déboucher sur un titre RNCP ou afficher un label de reconnaissance sur son site, encore moins s’il est privé. De quoi faciliter le travail aux arnaqueurs !
Les prépas privées promettent de multiplier, voire d’assurer les chances des étudiants d’intégrer la formation de leur rêve : école de commerce, école vétérinaire, deuxième année d’études de médecine, école d’architecture, école de design, école d’avocats, etc. Elles sont également très chères. Il faut savoir qu’elles ne sont pas les seules à booster les capacités à entrer dans tel ou tel cursus sélectif.
🔎 Il existe des formations reconnues par l’État comme les Classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) ou les Classes préparatoires aux études supérieures (CPES). Le tout est de se renseigner en amont du baccalauréat, le plus tôt possible, pour ne pas céder à la tentation des cursus frauduleux qui jouent sur les espoirs des jeunes et de leur famille.
La plateforme Parcoursup fonctionne également comme un annuaire des formations et peut aider à y voir plus clair sur l’offre de cursus disponible, selon les projets d’études et les ambitions professionnelles. Pour rappel, l’essentiel des cursus recensés est contrôlé par l’État.
Pour les étudiants déjà inscrits en formation, comme en PASS par exemple, des programmes de tutorat peuvent être déployés. Ils sont parfois gérés par les étudiants eux-mêmes. Un élève d’un niveau supérieur peut venir en aide à un cadet. Là encore, le tout est de se renseigner et d’échanger avec des camarades.