Les organisations étudiantes de santé veulent se faire entendre. Le 22 janvier 2025, la commission des affaires sociales du Sénat, dirigée par le député Les Républicains, Philippe Mouiller, a auditionné la FAGE et les cinq fédérations étudiantes en santé pour réfléchir à des améliorations rapides du système d’accès aux études de santé.
Cette démarche s’appuie sur un rapport de la Cour des comptes de novembre dernier, qui propose notamment une simplification du système actuel, jugé complexe et inégal. L’objectif ? Remplacer les deux voies actuelles d’accès aux études de santé, PASS et L.AS, par une voie unique.
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Quatre ans après la naissance de la double voie d’accès aux études de santé — Parcours d’Accès Spécifique (PASS) et Licence Accès Santé (L.AS) — le constat des cinq syndicats étudiants est sans appel : le modèle actuel n’est pas tenable. Dans le sillage du rapport de la Cour des comptes, les cinq fédérations étudiantes en santé souhaitent en finir avec le système PASS/L.AS, au profit d’une voie d’accès unique post-bac.
Ainsi, la création d’un seul et même parcours rendrait, selon eux, le système d’accès plus compréhensible, améliorerait l’interdisciplinarité et l’orientation des néo-bacheliers. Pour Julien Besch-Carrière, vice-président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), « il y a urgence à agir face à ce tableau désolant ». D’après lui, le système est à bout de souffle et synonyme d’injustice pour les étudiants. Il dénonce « les trop nombreux problèmes de communication entre les UFR santé et les UFR disciplinaires qui engendrent de la confusion et pénalisent injustement les étudiants qui ne sont pas sous l’égide des UFR santé ».
Le président de l’Anemf estime, par ailleurs, que les étudiants en LAS sont souvent désavantagés, car moins bien préparés aux études de santé. Julien Besch-Carrière donne pour exemple le taux de redoublement élevé en deuxième année. Selon le rapport de la Cour des Comptes, en 2021, dans les universités ayant opté pour le modèle Pass et L.AS, le taux de redoublement des étudiants issus d’un PASS était de 3 % en médecine, contre 18 % pour leurs camarades issus d’une LAS 1.
Pharmacie, sage-femmes, kinésithérapie : un manque d’attractivité et de reconnaissance
Outre les difficultés rencontrées par les étudiants qui arrivent en PASS/L.AS, les organisations étudiantes pointent des dysfonctionnements concernant les inégalités d’accès aux filières MMOPK (médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie, kinésithérapie). Le président de l’Association des étudiants en pharmacie de France (Anepf), Ilan Rakotondrainy, fait état d’une baisse des effectifs en filière pharmacie depuis la réforme de 2019, avec 1800 places vacantes en deuxième année.
Le président de l’Anepf propose de réattribuer les places inutilisées des L.AS aux étudiants en PASS. Ilan Rakotondrainy, demande aussi davantage de « communication et promotion des études et des débouchés de la pharmacie », pour mieux attirer les jeunes face au « déficit d’information ».
De son côté, la filière maïeutique souffre également d’un manque d’attractivité (9 % de places vacantes en 2024) en raison des préjugés importants auprès de la communauté estudiantine. « Il est crucial de maintenir une voie d’accès commune, car près de 47 % des étudiants sages-femmes découvrent la profession au cours d’un PASS ou d’une L.AS », dénonce Nassilaty Ali, porte-parole de l’Association nationale des étudiants sages-femmes (Anesf). Cette dernière appelle à une meilleure valorisation du métier de sage-femme et des mesures concrètes pour pallier le manque de places.
Quant à Louise Lenglin, la présidente de la Fédération nationale des étudiants en kinésithérapie (Fnek), celle-ci alerte sur une « invisibilité de la filière kinésithérapie » qu’elle estime oubliée depuis la réforme à deux voies d’entrée. Selon elle, l’accès à cette filière s’avère complexe, avec de nombreuses voies possibles (PASS/L.AS, mais aussi des licences hors santé comme les STAPS) ce qui crée de la confusion. Elle appelle à la création une voie unique pour garantir « une entrée sereine » dans les études de kiné.
Les organisations étudiantes font donc front commun en appelant conjointement à une nouvelle réforme pour se lancer dans les études de santé. Bien qu’aucun projet ne soit pour le moment sur la table, la Cour des Comptes avait annoncé son souhait de déployer un accès unique à partir de la rentrée 2026.