Ils ont décidé d’entreprendre. Dès la fin de leurs études, Audrey Bouvier et Jérôme Guilmain, diplômés de Grenoble École de Management (GEM), ont lancé leur start-up : Troccauris, une plateforme web de troc d’objets et de services entre particuliers. Un projet qu’ils avaient en tête depuis quelques mois déjà. Audrey Bouvier raconte la genèse de sa jeune entreprise et donne quelques conseils aux étudiants qui souhaiteraient créer leur start-up.
Fin d’études et entrepreneuriat
Avec Jérôme Guilmain, l’un de vos camarades de promotion à Grenoble École de Management (GEM), vous avez lancé la start-up Troccauris. Quel est le concept ?
Troccauris.com est une plateforme communautaire de troc d’objets et de services entre particuliers. C’est aussi le lieu de retrouvailles pour une communauté de troqueurs. Amoureux du vintage, des petits gestes pour la planète, du troc, des discussions… tout le monde peut trouver son bonheur et se retrouver lors de nos « trocparty » !
« Concilier la création d’entreprise et la fin de nos études n’a pas toujours été facile »
C’est simple, sécurisé et responsable ! Notre particularité : avoir notre propre monnaie d’échange sur le site, le cauris. Ce coquillage sert de coupon (1 euro = 10 cauris) et permet donc de simplifier les échanges.
- Je peux troquer le fauteuil de Marc contre mon meuble, il l’adore, super, il y a match et on troque !
- Mince ! Son fauteuil coûte plus cher, je rajoute alors en cauris la différence.
- Et s’il n’aime pas la couleur de mon meuble ? J’achète quand même son fauteuil, il obtient alors des cauris et peut immédiatement acheter de son côté le meuble de Paul qu’il trouve beaucoup plus design ! Il s’agit de troc circulaire.
Vous avez commencé à travailler sur cette start-up pendant votre scolarité, comment avez-vous fait pour concilier votre projet de création d’entreprise et la fin de vos études à GEM ?
Nous avons commencé à travailler sur le projet pendant notre dernière année à GEM, au sein du mastère spécialisé Entrepreneurs.
Puis, à la fin de nos études, nous avons décidé que ce projet ne pouvait pas rester qu’un simple projet étudiant. Nous nous sommes alors lancés dans l’aventure entrepreneuriale à 100 % de notre temps.
Concilier la création d’entreprise et la fin de nos études n’a pas toujours été facile, mais ça a reposé sur une organisation quasi militaire, beaucoup d’entraide entre Jérôme et moi et une bonne dose de travail et de ténacité.
Quelles ont été les principales étapes de la création de votre start-up ?
Première étape : établir notre business plan et valider l’aspect juridique comme Troccauris s’inscrit dans une économie nouvelle.
Ensuite, il a fallu se lancer dans la sélection et la conception des différentes parties du site. Il était essentiel pour nous de créer nous-mêmes la plateforme. Nous sommes de grands défenseurs du « lean start-up » qui consiste à tester un concept en le commercialisant au plus tôt pour pouvoir s’enrichir des retours des utilisateurs et donc pouvoir s’améliorer.
« L'accompagnement de l'incubaGEM a été essentiel »
L’avantage : un retour marché rapide et un faible coût ! Nous avons donc réalisé une phase de test d’environ 6 mois sur Grenoble. Nous avons ensuite lancé officiellement la plateforme (il y a maintenant un an).
Tout au long du processus la question des financements a été centrale et l’accompagnement de l’incubaGEM essentiel.
Conseils pour les étudiants entrepreneurs
Quelles sont les principales difficultés que vous avez connues au cours de la création de cette entreprise ?
Nous avons déposé trop tôt et trop rapidement les statuts. Nous n’avions pas les compétences juridiques en interne ce qui a été une difficulté au lancement de la société.
Le financement a été et est toujours un enjeu central. En effet nous étions tout juste sortis des études donc sans économies à investir au départ. Il a fallu convaincre, et travailler dur !
Que conseillez-vous aux étudiants ou jeunes diplômés, qui, eux aussi, souhaitent créer leur entreprise ?
De parler de leurs idées et d’oser se lancer ! On a trop tendance à l’heure actuelle, à attendre l’idée du siècle. J’entends souvent « mon idée n’est pas suffisamment originale » « j’ai peur de la partager, car vous n’allez pas trouvé ça génial »…
Une start-up ce n’est pas uniquement une innovation de rupture ou une innovation technologique ! Typiquement Troccauris repose sur une innovation principalement d’usage.
Aussi créer son entreprise ce n’est pas qu’avoir des idées, mais c’est savoir les mettre en œuvre.
« Une start-up n'est pas uniquement une innovation de rupture ! »
Ça ne veut pas dire qu’il faut se lancer bille en tête. Je pense qu’il faut avoir des convictions sans être persuadé de tout savoir !
Les incubateurs des écoles de commerce
Votre entreprise est incubée à GEM. Pour les étudiants et jeunes diplômés qui ne connaissent pas, pouvez-vous nous expliquer comment fonctionne un incubateur d’école de commerce ?
Être incubé permet selon moi, de voir si son idée peut devenir une entreprise. C’est rassurant et ça donne accès à 3 éléments principaux : - Un accompagnement de l’équipe pédagogique et d’un ensemble d’experts : Juridique, Marketing, Communication, etc. - Un écosystème riche et dynamique d’entrepreneurs à des stades d’avancée différents - Un soutien logistique
Qu’est-ce que cet incubateur vous apporte ?
Nous arrivons à la fin de notre période d’incubation et allons voler de nos propres ailes. Cette incubation nous a apporté de la crédibilité, de l’assurance et une bonne structuration !
Et tout cela dans la joie et la bonne humeur.
L’avenir de la start-up
Votre start-up est lauréate de l’appel à projets GreenTechVerte lancé par le ministère de l’Environnement dans la catégorie économie circulaire. Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ?
Nous sommes ravis de ce résultat : c’est une reconnaissance du travail accompli et de la fiabilité de Troccauris et une source de motivation supplémentaire !
En premier lieu il s’agit d’un label. Nous sommes reconnus comme un acteur innovant, numérique au service de la transition énergétique et à nos yeux c’est très important ! C’est un gage de confiance très fort.
« Nous sommes reconnus comme un acteur innovant »
C’est aussi un accompagnement de qualité composé de :
- la mise à disposition des ressources techniques et scientifiques du ministère
- d’une première aide financière de 50 000 euros
- d’un hébergement et d’un coaching personnalisé
Enfin GreenTechVerte ce sont de potentielles synergies avec d’autres entreprises sur le territoire français.
Quels sont vos principaux objectifs dans les années à venir ?
- Faire croître la communauté de troqueurs et atteindre les 30 000 membres l’année prochaine.
- Nous étendre sur tout le territoire français (étant actuellement principalement sur Grenoble et Paris) et augmenter le nombre de trocs pour agir davantage sur les mentalités et l’environnement, car le troc c’est écologique, ça peut être solidaire, mais c’est aussi sympa !
- Nous souhaitons également clôturer une première levée de fonds sur 2017 de 600 000 euros au total.
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