« Une aventure formidable nous attend. » Une pensée partagée par tous les concurrents qui se retrouvent à l’heure actuelle sur la ligne de départ pour la vingtième édition du raid 4L Trophy. Deux équipes témoignent de cette expérience sensationnelle et évoquent les préparatifs indispensables à la réussite du projet.
Brendan et Rémi sont deux étudiants à l’ESEO d’Angers, une grande école d’ingénieurs spécialisée dans l’informatique et l’électronique. Ils ont participé à l’édition 2016 du rallye sous le nom des « Camel Riders » pendant leur troisième année d’études. Camille participe actuellement à l’édition 2017 du rallye avec sa coéquipière Elsa. Elle est actuellement en deuxième année en Bachelor In International Business à GEM, une école de management située à Grenoble. Les deux filles ont opté pour « Échappée d’L » comme nom d’équipe.
« Le 4L Trophy ne se présente pas, il se vit ! »
En quoi consiste exactement le 4L Trophy ? « Le 4L Trophy ne se présente pas, il se vit ! C’est une aventure tellement unique que la décrire est infaisable », explique Brendan. Essayons toujours ! Le 4L Trophy est un raid automobile exclusivement réservé aux étudiants. Chaque année, ils sont plus de 2 000 à prendre part à cette aventure exceptionnelle en montant à bord d’une Renault 4L. L’événement possède une dimension internationale, car il est également ouvert aux jeunes Européens. Il s’adresse aux étudiants les plus motivés et représente un rêve à accomplir pour beaucoup d’entre eux. Le périple dure dix jours : les étudiants s’élancent sur la ligne de départ dans la ville de Biarritz et doivent franchir la ligne d’arrivée au Maroc en emportant que le strict nécessaire.
Le 4L Trophy représente une occasion unique de découvrir de nouveaux paysages et de s’ouvrir à de nouvelles cultures. Participer à cette aventure c’est aussi l'opportunité de rencontrer des étudiants en provenance de tous les coins de France et d’autres pays européens, et éventuellement de se forger de nouvelles amitiés. « Nous avons rencontré des équipages de Nantes, du Mans et de Clermont-Ferrand avec qui nous avons passé toute la fin du rallye », raconte Rémi.
« C’était le challenge de deux amis voulant se prouver qu’un tel défi était réalisable »
Chacun tient à rappeler que le raid n’est pas une épreuve de vitesse. « Nous sommes testés sur nos capacités d’orientation » : chaque équipe doit arriver à la prochaine étape du parcours à l’aide d’un road-book et d’une boussole. Le raid représente également un exploit sportif et humain à accomplir : « Pour nous c’était le challenge de deux amis voulant se prouver qu’un tel défi était réalisable », précise Rémi. L’entraide occupe une place importante dans cette compétition : il n’est pas rare d’apercevoir un véhicule ensablé dans le désert marocain.
Cette course constitue « un événement solidaire », souligne Camille. En effet, le 4L Trophy possède avant tout une vocation humanitaire : chaque équipe doit emmener des fournitures scolaires ainsi que des vêtements destinés aux enfants les plus démunis du Maroc, dernière étape du rallye. Le rallye représente un bénéfice important pour l’association humanitaire « Enfants du désert » qui collabore avec l’événement. « Notre participation a permis la construction de deux nouvelles écoles pour ces élèves », annonce Brendan. Une remise de dons est organisée à l’issue de la course.
Une préparation intensive en amont
La préparation du projet demande indéniablement de la rigueur et de l’organisation. On estime qu’il faut une année pour préparer en toute sérénité le raid. Se retrouver dans la précipitation la veille du départ de la course ne serait pas en soi une excellente idée. Il est donc primordial de libérer du temps en dehors des cours et mettre à profit les week-ends et les vacances scolaires. Les méthodes pour préparer le projet divergent. L’équipage d’« Échappée d’L » s’est partagé les tâches à effectuer entre la recherche de partenariats et la vente de produits dérivés liés au 4L Trophy (stylos, etc.). « C’est aussi une aventure professionnalisante avec notamment le démarchage d’entreprises », affirme Camille. La gestion du budget et la recherche de partenaires constitue une expérience enrichissante qui est très appréciée par les entreprises sur un CV.
La principale démarche pour tous les participants consiste à lever les fonds nécessaires pour participer au 4L Trophy. « On a tout d’abord fait appel à nos connaissances. Nous avons ouvert une plateforme de crowdfunding pour que notre entourage puisse participer à notre aventure », déclare Camille. Puis vient la recherche de partenaires et de sponsors qui est une étape indispensable au financement du projet. « Il est assez difficile de se fixer des objectifs {…} nous étions coincés pendant des semaines par manque de moyens donc nous nous concentrions sur les sponsors et lorsque nous en trouvions un nous recommencions la mécanique de la voiture », explique Rémi.
« La galère, c’est l’un des mots qu’on emploie en premier quand on parle du 4L Trophy »
Les participants ne doivent pas hésiter à démarcher les entreprises qui sont parfois nombreuses à accepter de sponsoriser les équipages en échange d’encarts publicitaires notamment. Les étudiants privilégient les réseaux sociaux pour partager leur expérience afin de gagner en visibilité et en crédibilité auprès des sponsors. « Nous avons fait aussi un peu de publicité pour notre équipe afin de nous faire remarquer par les entreprises locales », ajoute Rémi.
L’école est en mesure d’apporter ou non une contribution financière ou matérielle. Grâce à une association étudiante et le BDE (Bureau des Élèves) de leur établissement, l’équipage des « Camel Riders » a organisé quelques événements pour financer le projet humanitaire. L’école de Camille a accordé une subvention à une équipe concurrente, mais qu’elle se rassure, l’autocollant de l’établissement figure bien à l’arrière de la voiture.
- 11 000 euros de budget total (par équipe)
- 1132 équipages engagés
- 3 pays parcourus
- 30 pleins d'essence
Un troisième élément majeur s’invite dans la composition de chaque équipe : la fameuse Renault 4L. Se procurer un véhicule d’occasion et de préférence en bon état constitue une étape à laquelle les participants consacrent beaucoup de temps. Les étudiants se tournent principalement vers les sites d’occasion, mais il faut savoir faire face aux éventuelles déconvenues. « Je commence à prendre l’autoroute pour rentrer, et l’accélérateur ne répond plus. Le moteur était hors service. On en a eu pour un mois de réparation et 2 500 euros », raconte Camille. « La galère, c’est l’un des mots qu’on emploie en premier quand on parle du 4L Trophy (rires). » Les véhicules représentent un budget important, car ils nécessitent quelques rénovations mécaniques et esthétiques afin d’être opérationnels le jour du départ.
« Maintenant, notre seul rêve, c’est de pouvoir y retourner ! »
« En effet, il faut préparer le moteur pour un périple de près de 7 000 km en 10 jours. Nous avons aménagé le coffre de notre 4L pour pouvoir charger tout le matériel nécessaire à notre voyage », déclare Rémi. « De plus, toujours pour une question de gain de place, nous avons pu créer une galerie de toit, sur laquelle nous avons pu mettre nos deux pneus de secours », ajoute Brendan. Une fois les aménagements réalisés, les véhicules sont généralement repeints par chaque équipage. « Nous avons dû poncer la voiture à plusieurs reprises, la mastiquer, ensuite essayer de chauffer un garage qui faisait 30 m2 et -3 degrés à l’intérieur avec des petits chauffages d’appoints pour que la peinture tienne », résume Camille.
La mentalité et l’esprit de cohésion comptent pour beaucoup dans l’élaboration du projet. Les deux équipages se rejoignent sur le fait qu’il faut vivre à fond cette expérience unique et ne jamais rien lâcher. « L’aventure en elle-même n’est pas de tout repos ! Il ne faut donc pas abandonner et se donner les moyens d’y participer. Maintenant, notre seul rêve, c’est de pouvoir y retourner ! », affirme Rémi. Pendant ce temps, l’équipe d’« Échappée d’L » s’apprête à vivre une aventure formidable, bien décidée à profiter de chaque instant.
Cap sur le désert marocain
Un an après avoir participé au raid 4L Trophy, l’équipe des « Camel Riders » revient sur cette incroyable expérience. « En arrivant à Biarritz, nous avons été directement pris en charge par l’organisation qui nous a expliqué où faire les dernières vérifications techniques avant le départ et ainsi finir nos inscriptions. » Tous les documents administratifs indispensables pour la participation au rallye doivent être en ordre sinon les candidats risquent de rester sur la ligne de départ le lendemain. « En attendant l’heure du départ, nous avons parlé avec les autres participants de nos attentes du rallye autour d’une petite bière. Nous sommes partis vers l’Espagne en pleine euphorie. »
Les journées des participants ne sont pas toutes identiques durant la semaine, les épreuves apportent quotidiennement leur lot d’imprévus et de péripéties :
« On ouvre la tente sur la vue d’une dune de sable vierge, avec un lever de soleil. On va prendre le petit déjeuner offert par l’organisation. Ensuite il faut plier les tentes et ranger nos installations de fortune pour partir. Nous essayons tant bien que mal de trouver notre chemin en fonction des instructions sur le road-book. Le copilote a un travail très important pour le cap à suivre. Les boucles dans le désert étaient très amusantes : c’est souvent là que nous tombions sur le bac à sable où nous devions désensabler les voitures et nous entraider. Une fois l’épreuve finie, nous revenions au bivouac où nous nous installions avec nos amis afin d’être tous ensemble pour passer la soirée. Nous étions tellement fatigués que nous n’avons eu aucun problème pour nous endormir. Cependant les températures descendent très bas la nuit. »
« Nous avons une sensation de liberté assez énorme ! »
Les participants n’accumulent pas seulement la fatigue et le sable dans les chaussures, mais également des souvenirs mémorables. Pour Brendan, le souvenir le plus marquant de son aventure restera « le coucher de soleil sur le sommet de la dune de Merzouga. Je ne vois pas quoi dire d’autre tellement c’était pur et beau. » Rémi a plus de mal à se décider. « Il y en a beaucoup ! Le premier est sûrement la route dans les étendues désertiques où toutes les voitures roulent de front et nous avons une sensation de liberté assez énorme ! On peut aussi citer les nombreuses étapes au stand mécanique pour réparer les petits bobos de la 4L, les longues heures de route en Espagne, le bivouac au milieu du désert, l’arrivée à Marrakech, mais aussi la distribution du matériel scolaire et la rencontre avec les enfants marocains. »
Que devient le précieux véhicule, sans qui l’aventure n’aurait pas été possible, après cette formidable épopée ? « Après le rallye, la 4L était bien fatiguée. Elle a été remise à neuf avant sa mise en vente en bonne et due forme. Maintenant elle est entre les mains d’un futur équipage qui va tenter de participer au 4L Trophy 2018. » Nul doute que le compteur de la 4L n’a pas encore terminé d’afficher les kilomètres.