L'ESIEA, école d’ingénieurs spécialisée dans le monde numérique, a voulu réaffirmer son engagement dans la lutte pour l'égalité entre les femmes et les hommes et contre toute forme de violence et de discrimination. A cet effet, l'école a lancé une série d'initiatives au cours de la semaine du 8 mars 2021.
Une série de 5 engagements
Comment en finir avec les violences sexuelles et sexistes dans l’enseignement supérieur ?
C’est autour de cette question que s’est déroulée une table-ronde organisée par l’ESIEA, intitulée “#SiJeVeuxTuPeux”, sur le thème « Comment en finir avec les violences sexuelles et sexistes dans l’enseignement supérieur ? ».
Une des invitées de la conférence, Iris Maréchal, présidente de l’Observatoire étudiant des violences sexuelles et sexistes, a posé le diagnostic et rappelé quelques chiffres du rapport publié par l’Observatoire en octobre 2020 résultant de l’analyse de 10 400 réponses d’étudiants au niveau national.
«1 étudiante sur 20 est victime de viol pendant ses études, 1 sur 10 est victime de harcèlement, 1 étudiant sur 5 ne sait pas faire la différence entre viol et harcèlement»
Devant cet affligeant constat, l’ESIEA a annoncé les cinq engagements qu’elle souhaite tenir dès à présent pour contenir ces chiffres :
- Encourager les jeunes filles à entrer dans les métiers du numérique
- S'engager contre les violences et harcèlement, notamment par la signature par les étudiants et l'encadrement de l'école, des chartes BNEM et BNEI
- Lutter contre les violences sexuelles et sexistes par la formation et la sensibilisation et par l'accompagnement juridique et psychologique
- Lutter contre la précarité menstruelle par la mise à disposition de distributeurs de protections périodiques, gratuites et bio
- Désigner un référent égalité homme, chez les étudiants.
Le sujet est également abordé par Ella Hamonic, co-fondatrice de l’association Sexe & Consentement. “Selon une étude nord-américaine, 50% des viols entre étudiant.e.s sur les campus auraient lieu dans les 3 premiers mois après l'arrivée à l'université.” a-t-elle confirmé. Son association a, pour sa part, lancé une campagne de distribution de préservatifs avec la mention « Pas de consentement, pas de sexe », sur l’emballage, appelant les parlementaires présents, Laurence Rossignol et Guillaume Gouffier-Cha, à porter une proposition de loi pour rendre obligatoire une telle mention sur les produits et la publicité des articles sexuels.
Pour Laurence Rossignol, vice-président du Sénat, cette culture de la violence a pour rôle de “tenir les filles à l’écart des écoles d’ingénieurs”, notamment, pour protéger l’hégémonie masculine qui voit une concurrence dans la présence de filles.
La seule façon d’éradiquer la violence sexuelle est la "totale mixité des lieux de pouvoir". Elle regrette que le message envoyé aux femmes soit ambigu, d’un côté on leur demande de parler, mais de l’autre on leur enjoint de se taire en refusant de les croire.
Un combat juridique
Une autre façon d’éliminer ce fléau des violences sexuelles serait de s’armer face à une bataille qui peut être juridique.
La mairie d’Ivry-sur-Seine, dont Nathalie Leruch, chargée de la lutte contre les discriminations, fait partie, a annoncé attendre du ministère de l’Enseignement supérieur un plus grand engagement, notamment en mettant à disposition des psychologues pour accompagner les victimes.
Les chercheurs en neurosciences ont démontré que les violences sexuelles étaient celles qui faisaient le plus de ravages. La ville d’Ivry a aussi lancé une application « Garde ton corps », permettant aux femmes en situation de danger de trouver un endroit sûr où se réfugier.
Isabelle Steyer, avocate, a dénoncé quant à elle les anciens, parmi eux les dirigeants d'universités, qui répondent de façon archaïque aux victimes. Par ailleurs, elle rappelle que la loi est peu appliquée et mal interprétée, notamment l’article 40 du Code de Procédure Pénale qui donne la possibilité au recteur d’université de saisir le procureur de la République.
Quelques pistes juridiques ont été évoquées pour que la situation soit sous-contrôle permanent :
- Les soirées étudiantes devraient être filtrées à l’entrée pour éviter que les anciens ne viennent parmi les nouvelles étudiantes
- Les témoins de tels agissements pourraient se constituer en groupe pour éviter qu’ils ne soient à leur tour attaqués pour dénonciation calomnieuse et isolée.
- Les écoles, les universités et les associations pourraient se constituer partie civile aux côtés des victimes
- Le Ministère de l’Enseignement supérieur infligerait des amendes, prévues par les textes, aux établissements d’enseignement supérieur qui ne respectent pas l’obligation d’assurer la sécurité des étudiantes