Baptiste, Benoît, Florent, Antoine et Quentin sont en quatrième année à UniLaSalle Beauvais. En janvier, on leur a lancé un défi : fabriquer un robot agricole de toute pièce et le présenter lors du concours Rob’Olympiades du festival les Culturales. Difficile lorsque l’on n’a pas de connaissances ni en robotique, ni en informatique… et simplement une belle connaissance du monde des machines agricoles. Nous avons demandé à Baptiste de nous expliquer ce projet !
H3VR, c’est le nom de code de votre robot. Explique-nous un peu sa naissance.
Nous sommes tous les cinq étudiants, mais aussi fils d’agriculteurs. Au fur et à mesure, on se rend compte de la place que prend l’informatique dans les machines et dans notre travail. On passe de plus en plus de temps face aux écrans. Et cela nous a mis le pied à l’étrier pour le projet de robot. On peut dire qu’on n’est parti de rien. Aucun de nous n’avait vraiment de compétences en informatique et ce n’est pas au programme de nos études cette année.
Nous avons commencé à réfléchir au projet au début de l’année 2017 et avons reçu les premières pièces en avril. Le concours des Rob’Olympiades a eu lieu en juin, à Reims.
Sans les compétences, comment avez-vous fait pour monter ce robot ?
On s’est beaucoup appuyé sur internet et regardé énormément de vidéos : pour faire le schéma électrique, écrire le code, etc. Nous avons aussi fait des rencontres lors de salons agricoles. Des rencontres d’acteurs du monde du machinisme qui nous ont bien conseillés et guidés.
Pour créer le robot, on a décidé de jouer la carte de la simplicité et de rester très pragmatiques. On a construit un projet abordable sans grandes connaissances en robotique et c’est en partie ce qui a fait notre force.
L’école nous a aussi pas mal accompagnés, en nous laissant du temps et en nous prêtant une salle, en attendant que le nouvel « Agrilab » (fab lab agricole) soit terminé.
Financièrement aussi elle nous a épaulés. Le projet a coûté environ 3 000 euros et au final, avec les ajustements de pièces, le robot contient moins de 1 000 euros de matériel.
Concrètement, à quoi sert H3VR ?
Nous avions un cahier des charges assez précis. Il fallait arriver à désherber un rang de betteraves de 90 cm, une largueur qui n’existe pas dans la réalité. Le but était que le robot détecte la rangée et la suive parfaitement.
Comment s’est déroulé le concours ?
Nous étions trois équipes à proposer un robot terminé. Le concours s’est déroulé en deux étapes : une première où il s’agissait de désherber le rang par un système d’aspersion ou de binage et une deuxième épreuve « freestyle ». Lors de cette étage, on pouvait faire ce qu’on voulait avec notre machine. On a choisi de montrer une de ses fonctionnalités : celle de suivre une personne dans un rang. Par exemple, un maraîcher qui ramasse des fraises sera suivi par le robot qui peut notamment porter un panier. Nous avons choisi, pour cette épreuve libre de traiter une problématique agricole et de ne pas faire faire un numéro « inutile » à notre robot.
Vous avez donc remporté le concours. Que retirez-vous de l’aventure ?
On a tous les 5 beaucoup gagné en compétences. On s’est prouvé qu’on était capables de faire un robot robuste en partant de presque rien, notamment en termes de connaissances. On a choisi d’aller vers la facilité et la simplicité pour toujours contrôler notre projet et comprendre ce qui fonctionnait ou non. On voulait juste qu’il fonctionne et ça a été le cas !
Ce projet nous a aussi permis de faire de bonnes rencontres de professionnels. Côté cadeaux, nous avons gagné un drône et des bons d’achat.
Nous sommes cinq profils assez différents dans cette spécialisation et deux d’entre nous se disent désormais « pourquoi pas se tourner vers ces nouvelles technologies agricoles ».