« La responsabilité de TikTok doit être reconnue par les juges français du fait de la conception délibérément addictive de l’application et d’un algorithme défaillant dans la régulation et la modération des contenus faisant la promotion de l’automutilation, du suicide et des troubles alimentaires », indique Me Laure Boutron-Marmion dans un communiqué.
Elle est l’avocate des familles réunies au sein du collectif « Algos Victima », lequel assigne l’application chinoise devant le tribunal judiciaire de Créteil, ce lundi. Il s’agit de 7 familles dont les 7 jeunes adolescentes, utilisatrices de TikTok, ont vu leur santé mentale se dégrader : une d’entre elles a sombré dans l’anorexie, quatre ont tenté de se suicider et deux ont finalement mis fin à leurs jours.
TikTok doit « répondre de ses actes et négligences »
Les familles remettent en cause l’algorithme de l’application. Elles l’accusent d’avoir exposé leurs filles à du contenu nocif qui a contribué à la dégradation de leur bien-être mental. Plus encore, c’est son caractère addictif qui est pointé du doigt, de même que le manque de modération quant aux vidéos qui sont partagées et proposées au jeune public.
L’application renforcerait le sentiment de mal-être chez certains jeunes utilisateurs, notamment lorsque ceux-ci sont déjà en proie à une santé mentale fragile — résultant du harcèlement scolaire, par exemple.
« L’algorithme a capté le style de ses recherches, et lui a proposé d’autres contenus, qui ont été de pire en pire, sur la dépression, ou encore les scarifications. TikTok a amplifié son malaise, à force de l’abreuver de contenus que les ados de son âge ne devraient jamais voir », témoigne Delphine — une mère du collectif — à franceinfo.
« TikTok, comme d’autres géants du secteur, doit répondre de ses actes et négligences », affirme Me Laure Boutron-Marmion.
Un caractère nocif déjà connu
S’il s’agit d’une « initiative judiciaire inédite en Europe » selon le collectif de parents, l’an dernier, Amnesty International avait déjà tiré la sonnette d’alarme quant aux effets de TikTok sur la santé mentale des jeunes utilisateurs. Le « fil Pour Toi encourage l’automutilation et les idées suicidaires », avait avancé l’association.
En septembre 2023, les parents de Marie, une des adolescentes qui a mis fin à ses jours à 15 ans, avaient déposé une première plainte contre TikTok. Aujourd’hui réunis dans le collectif Algos Victima, ils pointent du doigt la spirale infernale du harcèlement scolaire et de l’algorithme de TikTok qui renforce ce mal-être.
🔴 TikTok assigné en justice ➡️ "Il s’agit d’un produit absolument défaillant puisqu’il atteint la santé des enfants. Il faut que la pression soit beaucoup plus sentie sur ces sociétés", dit Me Laure Boutron- Marmion, avocate pénaliste spécialisée dans la défense des mineurs. pic.twitter.com/WGMId9oNCY
— franceinfo (@franceinfo) November 4, 2024