Racisme, antisémitisme, islamophobie, sexisme, transphobie, grossophobie, validisme, âgisme… Les questions de discrimination sont aujourd’hui centrales dans l’espace public et semblent même fondamentales chez les plus jeunes générations. Diplomeo a sondé 1757 jeunes de la génération Z, pour en savoir plus sur leur ressenti, leur expérience et leur avis sur le sujet.
Les jeunes se sentent concernés par les questions de discrimination
Engagée, la génération Z ? Il semblerait bien, d’après leurs réponses à notre sondage : 87 % des étudiants affirment qu’ils portent un intérêt pour les questions de discrimination.
D’ailleurs, ils sont presque autant à considérer que les actions actuellement mises en place en France pour lutter contre la discrimination sont insuffisantes. De fait, près de 8 jeunes sur 10 trouvent qu’on n’en fait pas assez pour lutter contre les discriminations. Chez les femmes, ce constat est fermement partagé par 89 % des sondées, contre 69 % chez les hommes. D’après eux, les acteurs qui manquent à leur devoir sont avant tout les responsables politiques (71 %), les écoles (69 %), les médias (68 %) et les citoyens (66 %). Plus de la moitié d’entre eux mettent également en cause la responsabilité de la justice (63 %) et des forces de l’ordre (56 %).
Quant aux éventuelles mesures qui pourraient contribuer à atténuer les discriminations, les étudiants ne sont pas tous d’accord. Par exemple, à la question « Que pensez-vous de la discrimination positive », 11 % n’ont pas d’avis, 45 % pensent que cela dépend de la manière dont c’est instauré, 18 % pensent que c’est une bonne chose, 10 % que c’est inutile, et 16 % que c’est de l’injustice...
64 % des étudiants ont déjà été victimes de discrimination
Curieux sur le sujet, mais visiblement peu informés, 39% des jeunes avouent ne pas vraiment savoir quelles sont les procédures légales mises à disposition des victimes de discrimination, et 15% pas du tout. En parallèle, on observe que 64 % disent en avoir déjà subi, dont 15 % très régulièrement.
Parmi les motifs de discrimination dont ils ont été victimes :
- 56 % disent l’avoir été pour leur apparence
- 39 % pour leurs origines
- 19 % pour leur genre
- 17 % pour leur religion
- 15 % pour leur origine sociale
- 13 % pour leur sexualité
- 12 % pour leur âge
- 10 % pour leur état de santé ou leur handicap
Chez les femmes, les motifs les plus fréquents sont leur apparence (60 %), leurs origines (37 %), leur genre (27 %) et leur religion (19 %). Chez les hommes, il s’agit de leur apparence (51 %), leurs origines (41 %), leur origine sociale (15 %), ainsi que leur religion et leur sexualité (14 % chacun).
Parmi les contextes où ils subissent le plus souvent de tels actes ou propos, on retrouve :
- L’école (7 victimes sur 10)
- La rue (4 sur 10)
- Les transports en commun (3 sur 10)
- Les démarches administratives, comme la recherche d’emploi ou de logement (2 sur 10)
- Le travail (2 sur 10)
Lorsqu’ils font l’objet de discrimination, 51 % d’entre eux ne sont pas restés passifs et ont réagi. Les femmes et les moins de 20 ans semblent d’ailleurs plus décidés à se défendre : 55 % de la gent féminine concernée dit avoir déjà réagi dans ces conditions, contre 46 % des hommes.
Dans la majorité des cas, les réactions sont précautionneuses : 7 sur 10 ont confronté verbalement l’auteur des faits, mais on dénombre tout de même 16 % de personnes qui en sont déjà venues aux mains. Quant aux mesures juridiques, à peine 7 % ont porté plainte, appelé la police ou bien saisi le Défenseur des Droits.
Du côté de ceux qui ne réagissent pas dans ces situations, 6 sur 10 pensent tout simplement que cela n’en vaut pas la peine. Toutefois, plus de 3 sur 10 avouent que leur manque de réaction est dû au fait qu’ils ne se rendent pas compte sur le moment qu’ils sont victimes de discrimination.
2 jeunes sur 3 disent réagir lorsqu’ils sont témoins de discrimination
Si tous les jeunes ne sont (fort heureusement) pas l’objet de propos ou d’actes discriminatoires, une grande majorité d’entre eux, soit 8 jeunes sur 10, en ont déjà été témoins. Parmi eux, 69% ont assisté à des événements qui mettaient en cause l’apparence d’une personne, 65% son origine, 54% sa religion et 53% sa sexualité. Par ailleurs, plus les sondés sont âgés et plus ils sont nombreux à avoir été témoins de discriminations liées à l’origine ou à la religion.
Parmi les lieux où ils en ont été le plus souvent témoins, on retrouve encore le même « top 3 » :
- L’école (7 témoins sur 10)
- La rue (6 sur 10)
- Les transports en commun (5 sur 10)
- Internet, les réseaux sociaux ou les jeux en ligne (4 sur 10)
Visiblement plus hardis lorsqu’il s’agit des autres, 66 % de ces témoins disent avoir déjà réagi dans un tel cadre :
- 82 % sont entrés en confrontation verbale avec l’auteur des faits
- 24 % ont signifié leur désapprobation silencieuse
- 16 % se sont interposés physiquement
- 13 % ont interpellé des témoins
- 12 % ont témoigné pour la victime
Mais si un certain nombre ont « joué les héros », ont-ils aussi été bourreaux ? Alors que 42 % des sondés nient formellement avoir eu un comportement ou des propos discriminatoires envers une personne ou un groupe, 49 % pensent que « cela a dû arriver » et 9 % affirment que c’est arrivé quelquefois. Visiblement, la lutte contre les discriminations est loin d'être terminée...