« La plus grande difficulté quand on enseigne, c’est l’adaptabilité » : Angeline prépare l’agrégation de lettres classiques

Les élèves d’hier sont les enseignants d’aujourd’hui. Angeline a 24 ans et elle prépare l’agrégation de lettres classiques à La Sorbonne. Portrait d’une jeune femme que tout — mais également rien — prédestinait à une carrière dans l’Éducation nationale.
Publié le
Lecture
Trouver mon école
Quelle école est faite pour toi ?
Prends 1 minute pour répondre à nos questions et découvrir les écoles recommandées pour toi !
Trouver mon école (1min 🕓)
https://f.hellowork.com/edito/sites/5/2024/01/Diplomeo_CAP_01.jpg
© Diplomeo

Vous l’avez peut-être déjà entendu : en passant beaucoup de temps avec quelqu’un, on finit par lui ressembler. Après 6 ans de formation — 3 ans de lycée et 3 ans de prépa littéraire — dans un des établissements les plus prestigieux de la capitale, Angeline, à son tour, enseigne. Plus encore, elle compte le faire « dans les meilleures conditions possibles », en tant que professeur agrégé.

La jeune femme, âgée de 24 ans, est actuellement en master de préparation pour l’agrégation à la Sorbonne. Également titulaire du CAPES, elle a déjà enseigné trois ans durant. Entre deux versions de latin, Angeline raconte son parcours, de ses motivations et de sa vision de l’enseignement. Portrait.

Louis Le Grand, à la sueur de son front

Issue d’un collège privé à Bondy, en Seine-Saint-Denis, la jeune femme intègre en septembre 2014 le lycée parisien de renom, Louis Le Grand. « Souvent, quand je disais aux gens que j’étais dans cet établissement, ils s’imaginaient que j’étais d’ascendance bourgeoise et de Paris intramuros », se souvient Angeline, avant de plaisanter sur son quotidien d’antan : « Pas du tout ! J’ai pris les RER E et B chaque matin, pendant longtemps, avant d’avoir un logement sur Paris ».

« Ça n’a jamais été un souci d’assumer, voire de réaffirmer mon origine géographique. »

Au sein du célèbre lycée rive gauche, Angeline obtient un bac L. Puis, elle poursuit en prépa littéraire, durant trois ans, dans le même établissement, lequel « poussait » d’ailleurs volontiers ses bacheliers vers cette filière. Pour autant, elle n’a pas subi cette orientation. « Ça a été une période de ma vie très enrichissante et épanouissante. C’est très satisfaisant de se rendre compte qu’on est capable d’assumer une aussi grande charge de travail », confie-t-elle. 

C’est à La Sorbonne que cette mordue de lecture entame un nouveau chapitre. Elle y intègre le master de littérature française. Cependant, le contexte n’est pas idéal pour découvrir le monde de la fac. « J’ai débarqué dans le monde universitaire que je ne connaissais pas et de surcroît, c’est tombé en plein Covid », regrette Angeline. « Avec des cours en visio la plupart du temps, j’estime que je n’ai pas eu une expérience pleine et entière de l’université ».

Rattrapée par l’Éducation nationale, à peine échappée

« Vous allez voir, l’Éducation nationale vous rattrape très vite ». Ces mots, Angeline les a entendus de la bouche de son professeur de philosophie en prépa. Il faut y entendre que plusieurs élèves de cette filière finissent par faire carrière dans l’enseignement, alors même qu’ils ne l’envisagent pas forcément

Pour la jeune femme, la règle s’est confirmée. C’est « par hasard » qu’elle devient prof. « Je sortais du pire été de ma vie : je venais de rater le concours de l’ENS une deuxième fois. En outre, nous étions en pleine pandémie et je devais trouver un travail pour payer mon appartement sur Paris », énumère-t-elle. Elle aspire alors à un emploi qui lui laisse ses soirées et week-ends de libres pour réviser et sortir

« Je ne prévoyais pas du tout de devenir prof. Je le suis devenue par hasard. »

« Sans grande conviction », elle téléverse CV et lettre de motivation au rectorat de Créteil et l’aventure commence : la voici prof de français et de latin, de la sixième à la première !

Angeline débute dans l’enseignement en tant que contractuelle. Après deux années de bons et loyaux services en tant que telle, elle décide de passer le concours du CAPES (Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré). « C’était une forme de sécurité », explique-t-elle. Elle se voit doublement récompensée en obtenant son diplôme et le certificat, quasiment en même temps.

Objectif agrégation, « par orgueil » d’abord

Cette année, Angeline prépare l’agrégation de lettres classiques. Elle lui permettra d’enseigner le français, le latin et le grec ancien dans toutes les classes du lycée, en classes préparatoires aux grandes écoles — retour à l’envoyeur ! — et au sein des universités

Si elle décidait de passer le CAPES par sécurité, c’est plutôt « par orgueil » qu’elle vise l’agreg. « Déjà en prépa, sans même savoir que je deviendrai prof, je comptais passer l’agreg », confie-t-elle. 

« C’est un concours de fin d’études, alors on l’aborde avec plus de maturité et de préparation. »

Angeline a également en tête des enjeux plus pragmatiques. « Je ne serai peut-être pas enseignante toute ma vie. Néanmoins, pour le temps que je le suis, je souhaite le faire dans les meilleures conditions possibles, autant pour moi que pour mes élèves. »

La jeune femme se montre assez encourageante pour les enseignants qui rêvent de l’agrégation : « Il ne faut pas que la difficulté dissuade. Après tout, c’est un concours de fin d’études, alors on l’aborde avec plus de maturité et de préparation ». Pour ce qui est de son cas personnel, Angeline dédramatise : « Je travaille dur certes, mais finalement pour moi, l’avoir ou ne pas l’avoir, ce n’est pas si important ».

S’adapter et informer : sa responsabilité en tant qu’enseignante

Cette philosophie et cet optimisme, Angeline les prône aussi auprès de ses élèves. Elle a à cœur de « déconstruire l’image d’inaccessibilité qui suit certains établissements, surtout auprès de certains élèves ». 

La jeune enseignante exerce son activité auprès de différents publics, dans différents endroits. Nécessairement, elle se rend compte qu’il y a des écarts d’accès à la culture et à l’information concernant l’orientation. « Dans ma carrière, j’ai eu des élèves qui s’autocensuraient par manque d’information et de confiance en eux ».

« On ne peut pas faire cours de la même façon dans le 15e arrondissement et en ZEP. »

Avec son parcours, Angeline est l’ambassadrice parfaite de son propos. Elle a été une collégienne bondynoise, puis une lycéenne dans le 5ᵉ arrondissement de Paris. La jeune femme n’est pas peu fière de l’une ou l’autre situation. « Ça n’a jamais été un souci d’assumer, voire de réaffirmer mon origine géographique ». Mais là encore, elle relativise : « Il faut garder en tête que ne pas être pris dans une école prestigieuse, ça ne signifie pas qu’on est moins intelligent qu’un autre ».

C’est aussi l’irrémédiable différence d’origine sociale d’un élève à l’autre qui donne le la à la pédagogie d’Angeline. « On ne peut pas faire cours de la même façon dans le 15e arrondissement et en ZEP. C’est malheureux, mais c’est une réalité », regrette-t-elle. Pour cette raison, elle doit faire preuve d’adaptabilité. Selon elle, cela représente la plus grande difficulté en tant que prof. « Il faut être très malléable et convoquer les bonnes références pour marquer les élèves, les garder intéressés et leur donner une chance de réussir ». 

« Être prof, c’est pire qu’être parent. Les parents les plus prolifiques en ont 7. Là, tu en as 37. »

C’est une grande responsabilité qui lui incombe. Sa maxime ? « Être prof, c’est pire qu’être parent ». Et pour cause, lorsqu’elle donne cours, elle se retrouve « catapultée » devant 35 paires d’yeux, là où un parent en a rarement plus de 5 à gérer. Malgré tout, elle considère son métier comme « extrêmement gratifiant », autant pour elle que pour les jeunes qu’elle forme. « Ça m’a appris et ouvert les yeux sur plein de choses et aidé à relativiser sur plein d’autres ». 

La préparation à l’agrégation n’est pas la seule occupation d’Angeline. Elle s’adonne aussi à quelques loisirs : lire pour le plaisir, découvrir de nouveaux lieux festifs et se rappeler des noms des quelques personnalités qu’il lui arrive de croiser lorsqu’elle promène son chien Tomate. Elle pense également à enseigner à l’étranger, dans quelques années.

Trouve ton diplôme
en 1 min avec Diplomeo ! Trouver mon école

Plus de contenus

Toutes les actualités
Ne manque aucune info pour t’orienter
Deux fois par mois, reçois une newsletter par mail avec l’actu et nos conseils sur l’orientation.
En cliquant sur "S’inscrire", tu acceptes les CGU et tu déclares avoir lu la politique de protection des données du site Diplomeo