Le Pass Culture vit-il ses dernières heures ? Le dispositif, lancé pendant le mandat d’Emmanuel Macron, qui favorise l’accès à la culture chez les jeunes, a vu son budget drastiquement diminué en ce début d’année. Une décision prise alors que le gouvernement cherche à faire des économies dans un contexte budgétaire compliqué.
Vendredi 17 janvier, le Sénat a voté la réduction des crédits de la part dite « collective » du Pass Culture. Celle-ci s’adresse aux collèges et aux lycées, qui en dépendent majoritairement pour financer leurs activitésartistiques et sortiesculturelles. En 2025, leur budget passe ainsi à 72 millions d’euros, contre 97 millions d’euros en 2024 (soit une baisse de 25 millions). Les crédits dits « individuels » (attribués à chaque jeune de 15 à 18 ans), eux, ne sont pas concernés.
Plus de sorties culturelles jusqu’à la fin de l’année scolaire ?
Avec l’adoption de ce nouveau budget, les dépenses du Pass Culture attribuées aux collèges et lycées sont gelées à 50 millions d’euros jusqu’à la fin de l’année scolaire, en juin 2025, a affirmé la direction du Pass Culture à France Inter, jeudi 30 janvier. Les 22 millions d’euros restants sur le budget annuel sont en effet réservés pour les mois de septembre à décembre.
Or, les établissements ont déjà dépensé 40 millions d’euros sur les 50 alloués jusqu’à juin. Alors que 93 % des structures éligibles ont recours au Pass Culture, celles qui souhaitent emmener leurs élèves au théâtre, au cinéma ou organiser un atelier culturel d’ici à la fin de l’année scolaire n’auront qu’un budget très restreint, voire seront à sec. Et la plateforme de réservation dédiée au Pass Culture fermera ses portes une fois les crédits épuisés.
« Moins de 10 euros par élève » et par sortie
« Tout disparaît sans rien d’autre pour financer ce genre de projet », a réagi la CGT Educ’action 95 ce vendredi 31 janvier dans un communiqué. « Pour les élèves : plus de sorties culturelles. Pour les enseignants, c’est la remise en cause de certains projets », dénonce le syndicat. Ce dernier déplore que, depuis l’annonce des coupes budgétaires, la plateforme de réservation des activités liées au Pass Culture est saturée, « avant la clôture finale programmée durant la nuit ».
« On parle de 50 millions d’euros pour organiser des sorties culturelles de près de 6 millions d’élèves, soit moins de 10 euros par élève », tance encore l’organisation. Selon elle, plafonner le montant du Pass Culture est une manière de se « contraindre à des initiatives validées à la rentrée, empêchant toute prise d’initiative au cours de l’année ». Quelles que soient les critiques, le constat est sans appel : en période d’austérité budgétaire, la culture fait partie des premiers touchés par les coups de rabot.
Le gouvernement tente d'apaiser les acteurs de l'Éducation nationale
De la même manière que pour la suspension du service civique, c'est la soudaineté de la mesure qui a surpris les acteurs concernés par le Pass Culture. Mardi 4 février, le ministère de l'Éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche a tenu à clarifier la situation dans un communiqué. Rappelant que le budget alloué à ce dispositif est en constante augmentation depuis son lancement, en 2017 (14 millions d'euros en 2017 VS 62 millions d'euros en 2024), le ministère défend une nouvelle augmentation du budget pour 2025 (72 millions d'euros), malgré un "contexte budgétaire national contraint".
Dès lors, l'institution ne souhaite pas qu'il y ait de dépassement de budget, comme cela a été le cas en 2024, les établissements ayant dépensé "35 millions d'euros" de plus que l'enveloppe initiale, souligne-t-elle. Les deux-tiers du budget 2025 ayant déjà été dépensés fin janvier (50 millions d'euros), le ministère a donc "décidé de suspendre temporairement les réservations sur la plateforme Adage", justifie-t-il. En outre, il tente de rassurer sur deux points les établissements et les acteurs culturels :
- Les projets d'ores et déjà validés sont bel et bien financés
- La plateforme réouvrira dans les prochains jours afin que les projets préréservés soient financés.
Ces dispositifs dédiés aux jeunes mis à mal par le budget 2025