« Nous appelons conjointement à se mobiliser, partout en France » : les organisations étudiantes vent debout contre l’extrême droite

Le RN s’est imposé lors du 1er tour des élections législatives, ce qui inquiète la communauté estudiantine. L’ensemble des syndicats étudiants alertent sur une arrivée au pouvoir de l’extrême droite et appellent à faire barrage. Rencontre avec Hania Hamidi, secrétaire générale de l’UNEF.
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La mobilisation des syndicats étudiants contre l’extrême droite le 27 juin 2024, place de la République à Paris. © UNEF

Après l’union de la gauche, l’union des syndicats étudiants ? C’est en ce sens que les principales organisations de l’Hexagone — l’Union étudiante, la FAGE et l’Unef — et le bureau national des élèves ingénieurs (BNEI) ont rédigé un communiqué, ce mercredi 3 juillet 2024. Ces derniers se mobilisent pour faire barrage à « la haine » du Rassemblement national au second tour des élections législatives anticipées.

De la même façon que les personnels des universités et des grandes écoles, l’arrivée au pouvoir du parti de Marine Le Pen constituerait pour les organisations syndicales étudiantes « une catastrophe humaine, démocratique, écologique, économique et sociale ».

Hania Hamidi, étudiante en deuxième année de master études sur le genre à l’Université Paris Panthéon-Sorbonne (Paris I) et secrétaire générale de l’Union des étudiants de France, s’est entretenue avec Diplomeo. Interview.

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Vous avez rédigé un communiqué avec les principales organisations étudiantes pour dénoncer l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir. Quelles sont les raisons de cette alliance commune ?

L’UNEF, la FAGE et l’Union Étudiante sont des organisations étudiantes progressistes qui luttent quotidiennement pour le droit des étudiants et contre les discriminations. Nous appelons conjointement à se mobiliser contre l’extrême droite, partout en France. Évidemment, à l’UNEF, nous avons des désaccords de fond avec les autres syndicats sur nos luttes du quotidien. Par exemple, quand nous appelons très clairement à voter pour le Nouveau Front populaire, la FAGE ne se positionne pas sur le choix du vote contre l’extrême droite.

« Il est important que les trois principales forces syndicales étudiantes soient unies face à la gravité de la situation »

Néanmoins, il est important que les trois principales forces syndicales étudiantes soient unies face à la gravité de la situation. En France, les partis de gauche partent souvent désunis, mais pour les législatives, ils ont réussi à trouver un terrain d’entente. Eh bien, nous, c’est la même chose : on a fait campagne à part lors des élections du Crous et le contexte fait que le camp progressiste se mobilise ensemble.

Selon vous, existe-t-il des risques potentiels pour l’enseignement supérieur et la jeunesse en cas d’arrivée de l’extrême droite au pouvoir d’ici le 8 juillet prochain ?

Les organisations et l’UNEF pointent un risque pour les étudiants étrangers hors Union européenne, l’extrême droite va aller encore plus loin que la loi immigration d’Emmanuel Macron. Le risque est qu’ils vont peut-être sortir ces étudiants de nos universités et s’en prendre à leurs droits.

Nous craignons aussi un bouleversement de nos valeurs, de nos droits académiques et des libertés pédagogiques. On ne sait pas si, demain, l’extrême droite va remettre en question certains parcours scolaires. Je suis étudiante en études sur le genre à Paris et il est possible que mon master soit supprimé et que les subventions soient retirées.

Les organisations étudiantes savent que le RN est en faveur d’un modèle élitiste avec un renforcement de la sélection à l’université et des difficultés quant à la poursuite d’études. On s’inquiète également de la massification, déjà entamée, de l’enseignement supérieur privé au détriment des établissements publics.

Enfin, tout ce qui relève des discriminations doit aussi nous interpeller. Aujourd’hui, un grand travail a été fait, grâce aux organisations étudiantes, sur la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, sur le racisme, l’antisémitisme et les LGBTQIA+ phobies. On appréhende une remise en question et on craint que les universités ne soient plus aidées sur la lutte contre l’ensemble des discriminations.

L’UNEF et les autres organisations étudiantes craignent aussi les coupures de subventions pour les syndicats, les associations et le fait que l’on soit davantage réprimés sur nos lieux d’études. Cela signifie que nos établissements ne seront plus des lieux de débats politiques et que tout sera contrôlé. Pour nous, la répression a déjà commencé avec les politiques actuelles du président de la République, ce qui est susceptible de s’empirer en cas de victoire de l’extrême droite.

Hania Hamidi, secrétaire générale de l’UNEF lors de la manifestation contre l’extrême droite, le 27 juin 2024 à Paris. © UNEF

Le programme du Rassemblement national comprend très peu de mesures à destination des jeunes et de l’enseignement supérieur, sauf exceptions. Que pense l’UNEF à ce sujet ?

On constate qu’il n’y a aucune mesure officielle du Rassemblement national pour les étudiants et l’enseignement supérieur. Ils sont très flous et peu crédibles sur leurs objectifs pour la jeunesse. Pour l’UNEF, ils ne connaissent rien sur l’enseignement supérieur public et sont totalement désintéressés sur ce point.

La banalisation de l’extrême droite sur les réseaux sociaux n’échappe à personne. On le voit avec Jordan Bardella, le président du parti. Nous, on essaye de combattre ces idées-là. C’est ce qu’on explique aux étudiants : aujourd’hui, on ne sait pas s’ils vont les sortir de la précarité ou si le RN va continuer à attribuer des bourses sur critères sociaux.

🍽 Repas à un euro pour tous les étudiants

En 2023, Fatiha Kaloua Hachi, ancienne députée PS a porté un projet de loi pour garantir le repas à 1 euro au CROUS pour tous les étudiants. S’il n’a manqué qu’une seule voix pour que la mesure soit adoptée, une partie des députés a voté pour et l’autre moitié était absente et s’est donc abstenue.

Ressentez-vous une inquiétude chez les étudiants depuis les élections législatives ?

Après les élections européennes, on a essayé de nous faire croire que les jeunes votent principalement pour le RN et pour Jordan Bardella. Or, le premier parti des jeunes, c’est l’abstention. C’est quelque chose qu’il faut remettre dans son contexte quand on évoque la jeunesse.

« La jeunesse s’est beaucoup abstenue ces dernières années, car les appareils politiques français ne permettent pas de s’y retrouver et qu’il y a un manque de confiance envers les institutions »

Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que ce sont principalement les jeunes qui se mobilisent dans la rue contre l’extrême droite, qui ont envahi la place de la République à Paris et partout ailleurs en France, lors des manifestations intersyndicales. Oui, on ressent l’inquiétude des jeunes quand ils viennent nous en parler, ainsi que sur les réseaux sociaux.

La jeunesse n’est pas fasciste, elle s’est beaucoup abstenue ces dernières années car les appareils politiques français ne permettent pas de s’y retrouver et qu’il y a un manque de confiance envers les institutions. Mais la situation actuelle se traduit aussi par d’importantes adhésions dans des partis politiques de la jeunesse. Elle est de plus en plus nombreuse à vouloir s’engager pour défendre leurs droits. Puis, les jeunes militent aussi beaucoup pour le Front populaire : 48 % des 18-24 ans ont voté pour la coalition de gauche au premier tour.

💡 Pour qui votent les jeunes ?

Selon la Fondation Jean Jaurès, les 18-24 ans sont les premiers à s’abstenir dans la population. Quand ils se mobilisent, la France insoumise arrive en tête. Le vote en faveur de l’extrême droite quant à lui progresse significativement ces dernières années. En témoignent les chiffres des dernières élections :

  • Législatives anticipées 2024 : 48 % pour le Nouveau Front populaire ; 33 % pour le Rassemblement national
  • Européennes 2024 : 60 % d’abstention chez les 18-24 ans ; 33 % des votes pour LFI ; 25 % pour le RN
  • Législatives 2022 : 70 % d’abstention ; 42 % des votes pour la Nupes ; 18 % pour le RN
  • Présidentielle 2022 : 27 % d’abstention ; 34 % pour LFI (1er tour) ; 26 % pour le RN et Reconquête (1er tour)

Quels sont les moyens mis en œuvre par l’UNEF pour mobiliser les abstentionnistes ?

Pour mobiliser les abstentionnistes, on organise depuis les élections européennes des opérations de communication sur différents canaux. Nous avons aussi fait du porte-à-porte pour expliquer les enjeux du vote. Dans le contexte actuel, on fait un bilan sur les sept ans de mandat d’Emmanuel Macron et sur les risques d’une arrivée au pouvoir de l’extrême droite.

De façon générale, hors période électorale, ce qu’on fait c’est de l’éducation populaire. On conscientise l’ensemble des étudiants sur le rôle des institutions, l’écologie et les questions environnementales qui leur parlent, etc. Évidemment, dès que l’on accueille un adhérent, on lui explique ce qu’est le syndicalisme, mais le principal message que l’on véhicule c’est de montrer comment les politiques publiques jouent un rôle dans notre quotidien.

« La mise en place de l’allocation d’autonomie permettrait aux jeunes de sortir de la précarité étudiante »

Quelles sont vos revendications pour améliorer le quotidien des étudiants dans leurs études ?

À l’UNEF, on est très attaché aux valeurs de l’université et de l’enseignement supérieur. Chaque étudiant a le droit de poursuivre ses études, c’est la raison pour laquelle on veut supprimer toute sélection à l’université, mais aussi dans la poursuite d’études.

En outre, notre principale revendication qui a été reprise par le NFP dans son programme, c’est la mise en place de l’allocation d’autonomie. Elle permettrait aux jeunes de sortir de la précarité étudiante, qui n’a fait que s’accentuer depuis des années. On demande aussi que la CVEC soit supprimée, car elle représente une taxe injuste pour les apprenants.

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