275 étudiants de l’école ECV Digital ont pris possession des locaux de la Fondation GoodPlanet de Yann Arthus-Bertrand pour deux jours dans le cadre d’un Hackhathon. Le but ? Mettre au point une application pour les paysans du Botswana afin de faciliter la cohabitation avec les éléphants et ainsi préserver cette espèce en voie d’extinction.
Un besoin concret des populations au Botswana
La demande de la Fondation GoodPlanet, fondée par Yann Arthus-Bertrand et reconnue d’utilité publique part d’un constat affligeant. Au début du XXe siècle, il y avait 20 millions d’éléphants en Afrique. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 350 000 dont 70 % d’entre eux vivent dans des zones non protégées au contact des populations et des braconniers.
Les agriculteurs du Botswana font face à la destruction régulière de leurs plantations par des groupes d’éléphants, ce qui les amène à des conflits et à des abattages d’éléphants. Face à ce constat, l’ONG Elephants for Africa a sollicité l’aide de la Fondation pour mettre en place une solution low-tech qui permettrait de créer un système d’alerte lorsque les animaux s’approchent d’une terre d’un paysan afin qu’il puisse intervenir pour les empêcher de détruire ses plantations et pour instaurer une meilleure cohabitation. L’application veut aider les populations à vivre de leurs récoltes et à ne plus craindre les pachydermes tout en permettant de limiter leur extinction. C’est sur ce projet que les étudiants viennent de plancher pendant le hackathon organisé en partenariat avec l’école ECV Digital. Le principal défi qu’ils avaient à relever était de produire un outil qui répond aux besoins des paysans tout en composant avec des contraintes fortes : les populations ciblées sont parfois illettrées et ne disposent que d’un Nokia 3310. Un vrai défi pour ces jeunes habitués aux smartphones et aux technologies de pointe.
Violaine en Master 2 Développement web à l’ECV Digital a pris part au projet et nous parle du sujet des éléphants du Botswana :« J’aime bien la thématique qui est différente même si c’est complexe, on n’a pas l’habitude de traiter le sujet des éléphants et on travaille pour des populations qui sont difficilement atteignables, elles n’ont pas de moyen de communication et sont illettrées. Tout nous fait dire que c’est impossible et le défi c’est justement de trouver une solution pour eux.
48 heures intensives pour un projet grandeur nature
Les étudiants de l’ECV Digital ont eu deux jours pour produire une interface qui leur permettra de répondre aux besoins de l’ONG Elephants for Africa. Tous les élèves de l’école ont été mélangés par niveau, de la première à la cinquième année et par formation, du développement web au webmarketing en passant par le webdesign. Les enseignants de l'ECV ont constitué une quarantaine de groupes homogènes pour que chacun puisse participer à cet événement.
Le hackathon s’est déroulé les 12 et 13 novembre, nuit comprise au sein des bâtiments de la fondation GoodPlanet, situé en face de l’hippodrome de Longchamp. Les repas leur ont été fournis et chacun a amené de quoi pour dormir quelques heures avant de se replonger dans leur projet. Une expérience grandeur nature pour les 275 étudiants de l’ECV que la directrice Alexia Moity, a voulu faire sortir de l’école pour des raisons pédagogiques : “On essaye de mettre les étudiants dans le plus de situations concrètes possible, on les envoie chez les clients comme la Fondation, certains cours se passent même directement sur place, car on se rend compte que lorsqu’on change les étudiants d’environnement, c’est beaucoup plus efficace d’un point de vue pédagogique”.
Après la découverte des briefs et la phrase de réflexion, les étudiants ont mis à plat leurs idées puis ils se lancent dans la création de leur maquette. “On leur a demandé des interfaces, qu’on pouvait tester, il faut que ce soit concret”. Une fois les projets de toutes les équipes rendus à 18 heures, le jury testera les applications et décidera du projet qui les a le plus convaincus. Ensuite c’est l’entreprise Reestart qui se chargera de sa production dès le printemps 2019 dans le but de fournir ce nouvel outil le plus rapidement possible aux paysans du Botswana.
⏰ Tic tac tic tac ... l’heure des rendus approche bientôt ! Après une belle pause au soleil c’est reparti pour le hackathon @ECV_Digital x @GoodPlanet_#HackForPlanet#TechForGood#Innovation 🌍🐘♻️ #StudentsWork 👩🏼💻🙌🏼👨🏽💻 pic.twitter.com/0LQvQqEokF
— ⭐️⭐️Nadia Bahhar-Alves ❤️💙 (@Nad_Alves) November 13, 2018
Une expérience enrichissante pour les étudiants et une grande première pour la Fondation
Afin d’aider les étudiants et les encadrer au fur et à mesure de l’avancée du projet, des équipes de GoodPlanet, des enseignants de l’ECV et des membres de l’ONG, mais aussi des salariés de l’agence Reestart qui s’occuperont de la production se joignent à eux pendant ces 48 heures et se mettent à leur disposition pour les encourager ou les conseiller. Les étudiants planchent sur un projet concret, apprennent au contact des coachs et de leurs camarades des autres promotions, mais peuvent aussi se découvrir un engagement en faveur de la préservation de la planète.
C’est un moyen pour les élèves de s’ouvrir aux problématiques environnementales et de découvrir à quoi pourrait ressembler leur métier de demain. Les futurs diplômés dans le domaine numérique ne sont plus destinés qu’à faire du digital pur et dur et doivent apprendre à s’adapter à de nouvelles problématiques comme celles des entreprises issues de l’économie solidaire ou encore des associations qui souhaitent mettre l’innovation au service de l’environnement. Les nouvelles technologies peuvent aussi servir à préserver la planète, c’est le mouvement de la Tech for Good.
Cet événement répond à un besoin concret des populations, mais il permet aussi d’étendre les activités de La Fondation GoodPlanet, qui organisait pour la première fois un hackathon. “On fait beaucoup de pédagogie dans le cadre de la Fondation auprès des enfants. Toute l’année nous organisons des ateliers pour sensibiliser à l’écologie, au développement durable et à la biodiversité. Ce hackathon aujourd’hui c’est aussi pour montrer aux étudiants qu’on est présent sur le digital, ça complète notre objectif de pédagogie.” confie Jonathan, chargé de la communication pour la Fondation et devenu coach pour ces 48 heures. Suite à ce marathon de l’innovation, l’application devrait être développée dès le début 2019 et atterrir dans les mains des paysans botswanais pour ainsi faciliter la cohabitation entre habitants et faune sauvage et préserver les derniers éléphants d’Afrique.