Les établissements d’enseignement supérieur ont dû adopter le virage de l’intelligence artificielle en peu de temps. En quelques semaines, ChatGPT a commencé à envahir les salles de classe. À ce jour, cet outil reste la technologie la plus rapidement adoptée de l’histoire de l’humanité.
Former les étudiants à cette innovation, leur apprendre à l’utiliser avec éthique, dans le cadre académique et professionnel, est alors devenu crucial pour les établissements. Une opportunité que Paris École de Management (PEM) a tout de suite saisie. Cécile Montigny, directrice des relations entreprises, et Julien Guerrand, directeur de la performance pédagogique et de l'expérience étudiante, nous racontent comment ils ont abordé cette révolution technologique.
L’IA : un outil au service de l’apprentissage
« Il y a 25 ans, on pensait que Wikipédia et Google allaient remplacer la bibliothèque. Aujourd’hui, les BU existent toujours. L’IA ne remplacera jamais un bon prof », constate Julien Guerrand. Nombreux sont ceux qui pensent que l’intelligence artificielle va tous nous remplacer, mais il n’en est rien. « Les enseignants se sont rendu compte que c’était un super outil », complète-t-il.
Aide à la réalisation d’un plan, création de programmes courts personnalisés sur des sujets comme la gestion de son temps personnel… Cette technologie puissante peut-être utile pour les étudiants, quand elle est bien maîtrisée. Julien Guerrand et Cécile Montigny s’accordent à dire que la partie la plus importante du travail reste de savoir formuler son prompt pour obtenir les réponses souhaitées. « Aujourd’hui, nos professeurs sont nos meilleurs ambassadeurs IA. En M2, ils les coachent pour utiliser ChatGPT afin de créer le squelette de leur mémoire ».
S’adapter à cette technologie, ce n’est pas juste la prendre en main. Julien Guerrand prône une utilisation éthique. Pour lui, dénicher la provenance d’une information n’a jamais été aussi important. « Nous recommandons aux étudiants d’utiliser Perplexity. C’est un outil qui divulgue ses sources et cela permet aux élèves de comprendre d’où proviennent les données communiquées par l’IA. »
Pour le directeur de la performance pédagogique et de l’expérience étudiante de PEM, il faut parfois passer par une phase d’interdiction avant de former et d’élargir son utilisation. « Il peut y avoir une tendance à céder à la facilité. Mais tout confier à l’IA n’est pas la solution et c’est notre rapport à notre humanité qui s’en trouve limité ».
Un tremplin vers l’emploi
On dit souvent que l’IA est déconseillée pour rédiger sa lettre de motivation. Pourtant, elle est une formidable alliée dans la recherche d’emploi. « Benchmark, recherche d’informations sur l’entreprise … L’intelligence artificielle permet d’acquérir des connaissances marché, sectorielles ou sur l’environnement concurrentiel », observe Cécile Montigny. Autant d’éléments qui permettent à un candidat de se démarquer lors d’un entretien.
« L’idée n’est pas de faire de l’IA un substitutif de l’humain, mais vraiment d’en faire son assistant et de profiter de sa base de connaissances », ajoute la directrice. Ici, l’idée n’est pas de remplacer tes compétences par l’intelligence artificielle, mais de l’utiliser comme un outil pour gagner du temps. Imagine postuler à une offre pour une alternance en marketing et avoir déjà réalisé, avec le soutien de ChatGPT, un petit benchmark concurrentiel. Un atout indéniable qui permettra de faire la différence avec les autres candidats !
Plus qu’un simple soutien aux candidatures, pour Cécile Montigny, l’IA permet de créer des « profils augmentés ». « S’il manque une compétence, on peut s’aider de ces outils pour commencer à appréhender un logiciel, par exemple, ou bénéficier de tutos pour optimiser son profil et avoir des bases. »
Au-delà du coaching traditionnel et du career center conçu avec Jobteaser, Paris École de Management permet à ses étudiants de s’inscrire à des ateliers immersifs, dont certains tournent autour de l’IA. L’idée est de s’approprier les outils propulsés à l’intelligence artificielle pour améliorer leur profil et de leur recherche d’alternance. « Il n’y a rien de pire qu’utiliser l’IA sans retravailler son prompt ou détecter les éléments d’hallucination », explique Cécile Montigny.
Maîtriser l’intelligence artificielle : le nouveau défi des étudiants
Aujourd’hui, l’IA ne peut pas remplacer l’humain, mais doit l’accompagner. Cela se traduit en cours, dans le cadre de travaux de groupe ou de devoirs maison. « Elle permet de donner une impulsion pour ne plus avoir le syndrome de la page blanche, de créer la structure, mais elle ne remplacera pas l’expérience et la réflexion personnelles », précise Julien Guerrand.
C’est également le cas dans le monde du travail. « L’intelligence artificielle ne sera pas capable de donner des indicateurs de performance ou de mettre en avant ce que l’étudiant a accompli en stage, par exemple. Une lettre de motivation standardisée n’aura aucun impact sur le recruteur. S’il la lit, cela signifie qu’il est déjà convaincu par le profil et ce serait dommage de rater sa chance à cause d’une mauvaise lettre de motivation », concède Cécile Montigny.
Mais le plus gros travail que doivent réaliser les étudiants, c’est savoir identifier quel outil utiliser. Aujourd’hui, de nombreux acteurs se sont positionnés : OpenAI avec ChatGPT, le français Mistral avec le Chat, Microsoft avec Copilot… « Ils devront apprendre à faire le tri et à se référer à un outil fiable et cohérent en fonction de leur demande. C’est déterminant », conclut la directrice des relations entreprise de PEM.