Une situation intenable face à laquelle Sorbonne Université n’a plus le choix. Depuis plus d’une décennie, la formation de psychomotricité de la célèbre faculté parisienne est mise en péril par des restrictions budgétaires à répétition. « Faute de financement de l’État », ce cursus professionnalisant sur trois ans, qui accueille actuellement 155 étudiants, va donc devoir fermer progressivement, annonce un communiqué paru fin novembre 2024.
« Sorbonne Université se voit dans l’obligation de réduire son offre de formation en psychomotricité sur Parcoursup pour la rentrée 2025 », déplorent le doyen de la faculté de santé, Bruno Riou, et la présidente de l’institution, Nathalie Drach-Temam dans le communiqué. En septembre2025, seuls 120 élèves seront ainsi admis sur les bancs de cette école, la plus ancienne et importante en France dans ce domaine. Une baisse d’effectifs qui devrait se poursuivre les années suivantes, « jusqu’à une proportion de 25% de l’offre actuelle » (soit 40 élèves), voire une fermeture définitive, s'inquiètent les signataires.
Le soutien de la région Ile de France insuffisant
La situation financière de l’école de psychomotricité de la Sorbonne ne date pas d’hier : la faculté tente, depuis plusieurs années, de faire réagir les pouvoirs publics, en vain. « Malgré les courriers répétés aux ministres successifs de la Santé ces dernières années, malgré une évaluation administrative précise du coût annuel d’un étudiant en psychomotricité, le dossier du financement de cette formation reste au point mort », regrette l’établissement dans son communiqué.
Pour pallier ce manque de financement, la région Île-de-France a attribué une subvention annuelle, qui couvre un quart des dépenses de la formation, estime la Sorbonne. Une aide précieuse, mais insuffisante pour rester à flot financièrement. Si cette aide disparaît, la filière devra mettre définitivement la clé sous la porte, prévient la faculté.
Le prochain ministre de l’Enseignement supérieur attendu au tournant
Face à cette situation, une pétition en ligne a été créée par les enseignants de la formation, pour demander le « maintien des effectifs étudiants actuels et le financement nécessaire au fonctionnement optimal » du cursus.
Les signataires de cette pétition, qui a déjà récolté près de 30 000 signatures, rappellent l’importance du rôle de psychomotricien. Ce métier en tension est en effet utile pour les malades d’Alzheimer, les personnes atteintes de troubles ou de tocs, de douleurs, de cancers ou encore de burn-out.« La formation de psychomotriciens est donc un enjeu majeur au regard du cadre de la santé publique (...), pour pérenniser l'application des soins à tout âge de la vie, la prévention et le dépistage précoce », concluent-ils.
Certains politiques aussi se saisissent de la question. C’est le cas d’Emmanuel Grégoire, député socialiste de Paris. Sur X, l’élu a dénoncé, mi-décembre, une « situation alarmante qui confirme la casse annoncée du service public universitaire et la dégradation de l’offre de soins ». Dès qu’un nouveau gouvernement est nommé, il compte saisir le futur ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche à ce sujet.
Voici l’une des conséquences de la casse de notre enseignement supérieur : la fermeture progressive du plus ancien institut de formation de psychomotricité de Sorbonne Université, faute de moyens financiers et d'un soutien de l'État.
Cette situation alarmante confirme la casse… pic.twitter.com/8W3o6aEO9S
— Emmanuel Grégoire (@egregoire) December 10, 2024