Le nombre de nouveaux inscrits en école d’ingénieurs est en baisse. Dans une tribune publiée le 3 septembre 2024 dans les colonnes du Monde, les membres du collectif Maths&Sciences — un groupe de réflexion autour de la formation scientifique — et leurs partenaires alertent sur ce phénomène.
Selon les signataires, la réforme du lycée et du baccalauréat est l’une des conséquences directes de cette baisse des inscriptions et a pénalisé l’accès aux enseignements scientifiques pour les élèves. Pour eux, « il faut refonder un système de formation efficace pour rétablir au plus vite un vivier satisfaisant d’élèves adaptés aux filières scientifiques ».
La réforme du bac « a entraîné une baisse massive de l’accès aux parcours scientifiques »
Initiée en 2019 par l’ancien ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, la réforme du bac est entrée en vigueur à la rentrée 2021. Exit les séries générales traditionnelles au profit des enseignements de spécialité. Pour le collectif Maths&Sciences, la réforme du bac « a entraîné une baisse massive de l’accès aux parcours scientifiques », pour les lycéens et plus particulièrement les lycéennes.
La Conférence des Directeurs des Écoles Françaises d’Ingénieurs (CDEFI) — qui fait partie des signataires — rappelle que la France manque « de 15 000 ingénieurs diplômés par an », le Collectif Maths&Sciences s’inquiète du « déficit de formation scientifique » au lycée. « Les besoins s’accroissent, en particulier dans les métiers exigeant un haut niveau de compétences scientifiques et techniques », peut-on lire dans la tribune.
Une baisse de 11,5 % d’entrants dans les écoles d’ingénieurs
Le collectif a dévoilé les indicateurs pour les cycles d’ingénieurs à la rentrée 2023. Les élèves entrés en première année l’an passé sont les premiers bacheliers concernés par la réforme du bac. Ainsi, une chute de 11,5 % de nouveaux inscrits est observée en école d’ingénieurs, avec 42 239 néo-étudiants (contre 47 745 en 2022).
© Collectif Maths & Sciences
« Cette forte baisse rompt avec une augmentation régulière depuis des décennies, alors même que le nombre de places a crû », regrette le groupe de réflexion sur la formation scientifique. Le collectif s’inquiète « d’un affaiblissement du niveau des candidats » ainsi que « d’un repli des futurs diplômés » d’ici 2026.
Par ailleurs, cette baisse des effectifs est « en contradiction avec les besoins grandissants des entrepriseset l’objectif annoncé du gouvernement dans son plan en faveur des énergies vertes en 2023 ».
La réforme du BUT a « eu une incidence massive » sur la baisse des candidatures
Outre la réforme du bac, le collectif Maths&Sciences estime que la crise sanitaire liée au Covid-19 est l’une des « causes possibles » de la chute du nombre d’inscrits en école d’ingénieurs. La réforme du Bachelor universitaire de technologie (BUT), engagée en 2021, aurait également joué un rôle dans le « bouleversement », selon les signataires.
« Malgré l’évocation du maintien de passerelles à bac +2 vers l’entrée en cycle ingénieur, le nombre d’étudiants issus de ces formations a été divisé par deux entre 2022 et 2023 (-3 900 étudiants) ». La transformation du DUT en BUT « a donc eu une incidence massive sur le vivier des candidats issus des IUT en 2023 », apprend-on dans la tribune.
© Collectif Maths & Sciences