Cela semble presque être un passage obligatoire : bac en poche, l’étudiant va voler de ses propres ailes vers d’autres contrées, loin du nid familial où il va s’émanciper et tenter de trouver son bonheur scolairement et personnellement parlant. Une étude de l’Insee portant sur la mobilité post-bac des jeunes bacheliers de l’année 2015 confirme cet imaginaire collectif, mais en venant largement le nuancer.
Les chiffres à retenir de l’étude
Voici les données principales que nous apprend la publication de l’Insee :
- À l’entrée dans l’enseignement supérieur, 60 % des bacheliers partent étudier dans une zone d’emploi différente de celle dans laquelle ils vivaient lors de l’obtention de leur diplôme. La mobilité à cette période de la scolarité concerne donc plus de la moitié des jeunes.
- Cependant, si les bacheliers sont enclins à partir, ils sont peu nombreux à s’éloigner vraiment de leur zone de confort : en effet, seulement deux étudiants sur dix changent d’académie pour leurs études après l’obtention de leur bac.
Six néo-bacheliers sur dix changent de zone d’emploi à leur entrée dans l’enseignement supérieur ? ? https://t.co/Yi2NHLK6oM pic.twitter.com/E92VF3qo5s
— Insee (@InseeFr) 9 janvier 2019
On comprend donc que les bacheliers ne sont pas réfractaires au fait de quitter le foyer familial et sont nombreux à sauter le pas, mais restent très timides quant au fait de s’éloigner vraiment de leur lieu d’origine.
Les raisons de la mobilité étudiante
L’étude de l’Insee nous donne les raisons principales pour lesquelles les jeunes sont amenés à partir dans une autre zone géographique après l’obtention de leur baccalauréat :
- L’attractivité des grandes villes : on constate que les espaces très urbanisés provoquent un effet aimant sur les bacheliers, qui y voient plus d’opportunités et plus de potentiel pour leur avenir, mais aussi leur vie étudiante.
- La disparité dans les offres de formation : le fait est que les formations sont généralement concentrées géographiquement à l’intérieur d’une même académie. Il en résulte que certaines zones, généralement faiblement urbanisées, sont presque dénuées d’établissements de l’enseignement supérieur, au contraire d’autres lieux proposant une multiplicité de choix de formations : ces derniers sont donc largement privilégiés par les étudiants.
Qui sont ceux qui ne partent pas ?
Outre les facteurs géographiques et propres aux territoires qui influent, nous l’avons vu, sur la mobilité des bacheliers, il faut savoir que la situation des étudiants a elle aussi son importance. En effet, la publication de l’Insee démontre que les jeunes sont plus ou moins mobiles en fonction de leur origine sociale, chiffres à l’appui : seuls 19 % des jeunes socialement défavorisés changent d’académie après l’obtention de leur bac, contre 26 % de ceux ayant une situation très aisée. En effet, quitter le domicile familial implique inévitablement des frais importants, car cela entend dans une grande partie des cas de déménager et trouver un nouveau logement, et pour les autres d’assumer des coûts de transports élevés.
Les jeunes d’origine sociale défavorisée sont surreprésentés en STS, ceux d’origine très favorisée en CPGE, école d’ingénieurs ou en santé à l’université ? ?https://t.co/8LLo1brpOH pic.twitter.com/ClrvPYXVNN
— Insee (@InseeFr) 9 janvier 2019
Pour contrer ce facteur discriminant, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal, a a annoncé le 8 janvier lors d’une rencontre avec des journalistes son intention de mettre en place un fonds de 30 millions d’euros consacré à aider les jeunes des foyers les plus modestes à accéder aux aussi à la mobilité. À savoir que les contours de ce projet restent encore à définir.