Quelques dizaines d’euros pour adoucir le quotidien des étudiants les plus fragiles. Alors que la communauté étudiante est frappée de plein fouet par la précarité et l’inflation, de plus en plus de jeunes, boursiers ou non, peinent à joindre les deux bouts financièrement.
Une situation alarmante, régulièrement dénoncée par les associations et syndicats étudiants, face à laquelle de plus en plus de communes tentent d’apporter leur soutien. Une poignée d’entre elles en France propose ainsi un revenu étudiant. Cette aide, d’un montant variable, est versée sous conditions de ressources aux jeunes les plus en difficulté.
C’est le cas notamment à Petit-Quevilly. Depuis la rentrée, cette ville de Seine-Maritime verse 30 à 100 euros par mois aux étudiants les plus modestes, qu’ils soient boursiers ou non. Le but : « améliorer le reste à vivre des jeunes », explique Charlotte Goujon, la maire de la commune à Diplomeo.
« Un coup de pouce qui peut faire la différence »
« Depuis le Covid, on voit des files d’attente d’étudiants s’allonger devant les distributions alimentaires », observe Charlotte Goujon. Alors que la ville proposait déjà des aides d’urgence pour aider les plus précaires à payer leur électricité ou leur matériel informatique par exemple, l’élue socialiste a voulu aller plus loin. « Au-delà de ces aides ponctuelles, on voulait soutenir les étudiants au quotidien », explique-t-elle.
« Avec 30 euros, on peut payer sa mutuelle ou son abonnement téléphonique. 100 euros, ça peut payer les courses sur 15 jours et ça permet d’éviter de sauter un repas »
Pour bénéficier de ce revenu minimum, les étudiants doivent remplir certaines conditions, à savoir avoir moins de 25 ans, habiter à Petit-Quevilly et être inscrit dans le supérieur. Ensuite, l’administration calcule le reste à vivre du demandeur en fonction de ses ressources. « Si ce reste à vivre quotidien est inférieur à 5 euros, on verse 100 euros par mois », explique Charlotte Goujon. « Après c’est graduel et l’aide descend jusqu’à 30 euros par mois ».
« Avec 30 euros, on peut payer sa mutuelle ou son abonnement téléphonique », illustre l’édile. « 100 euros, ça peut payer les courses sur 15 jours et ça permet d’éviter de sauter un repas », poursuit-elle. « Ça ne va pas révolutionner les choses, mais c’est un coup de pouce qui peut faire la différence ».
« Il faut se saisir collectivement du sujet de la précarité étudiante »
La mairie de Petit-Quevilly a prévu une enveloppe de 12 000 à 15 000 euros pour ce revenu minimum étudiant. Une somme qui pourra évoluer à la rentrée prochaine, en fonction des retours d’expérience de cette année. « Peut-être qu’on révisera notre dispositif pour qu’il soit ouvert au plus grand nombre », avance également Charlotte Goujon.
Mais, quelques semaines après le lancement de ce dispositif, l’élue est déjà convaincue que ce genre d’initiative doit prendre de l’ampleur. « Il faut se saisir collectivement du sujet de la précarité étudiante », insiste-t-elle.
Pour le moment, une dizaine de communes en France proposent un revenu minimum à leurs étudiants. Et les initiatives se multiplient. Comme en Meurthe-et-Moselle, où le département a lancé, depuis le 1er octobre, un « revenu d’émancipation jeunes » de 500 euros. À Paris, plusieurs dispositifs tests sont lancés cette année dans différents arrondissements de la capitale. Des premiers pas vers une généralisation du revenu étudiantà l’échelle nationale, comme le défend Charlotte Goujon ?
Quelles villes proposent un revenu minimum étudiant en France ?
Petit-Quevilly n'est pas la seule commune à vouloir venir en aide aux plus démunis. En effet, d'autres villes de l'Hexagone tentent tant bien que mal d'apporter leur pierre à l'édifice. Celles-ci fixent les conditions d'octroi du revenu étudiant ainsi que son montant et ses modalités de versement (annuel, bi-annuel ou mensuel).
Ville | Montant de l’aide versée |
Berre L’Étang (Bouches-du-Rhône) | 2000 euros par an, sans conditions de ressources, versés pendant 6 ans. |
Cerizay (Centre-Ouest) | Jusqu’à 1000 euros par mois |
Champagne au Mont d’Or (Auvergne-Rhône-Alpes) | Entre 300 et 850 euros par mois |
Chenôve (Bourgogne-Franche-Comté) | Montant calculé selon les dépenses du demandeur |
Dunkerque (Nord) | Montant évalué lors d’un entretien individuel |
Genay (Auvergne-Rhône-Alpes) | 500 euros, sans conditions de ressources |
Grandes Synthe (Nord) | 957 euros par an en moyenne |
Gravelines (Hauts-de-France) | 2000 euros par an maximum |
Longwy (Nord-Est) | Montant selon les dépenses de l’étudiant |
Nogent-sur-Seine (Grand Est) | 200 euros par an minimum |
Petite Couronne (Normandie) | Entre 150 et 1680 euros par an |
Plougastel-Daoulas (Bretagne) | Entre 100 et 4000 euros par an |
Montbard (Bourgogne-Franche-Comté) | 1200 euros maximum (versés en deux fois) |
Panazol (Nouvelle-Aquitaine) | 30 à 140 euros par mois |
Saint-André-les-Vergers (Grand Est) | 4000 euros max par an |