C’est la fin de six mois de rebondissements, de manifestations et de batailles autour de la réforme des retraites du gouvernement. Ce jeudi 8 juin, après des débats houleux à l’Assemblée nationale, le groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (Liot) a retiré sa proposition de loi qui vise à abroger le recul de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans.
Ce projet de loi du groupe centriste et soutenu par les oppositions — la Nouvelle union populaire écologique et sociale (NUPES), le Rassemblement national (RN) et une partie des Républicains (LR) — faisait suite à l’adoption de la réforme très controversée du gouvernement en mars dernier. Celle-ci avait été adoptée sans vote dans l’hémicycle avec l’utilisation de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution. Depuis lors, des millions de Français et l’ensemble des syndicats — étudiants comme travailleurs — sont descendus dans la rue pour exprimer leur mécontentement face au texte de loi du groupe Renaissance, la majorité présidentielle.
Retraites : le groupe Liot annonce le retrait de sa proposition de loi. « Il ne reste plus rien dans le texte que nous avons présenté sauf les amendements de la minorité présidentielle », constate @BertrandPancher.#PPLLiot#RéformeDesRetraites#DirectANpic.twitter.com/9q8L5scEnZ
— LCP (@LCP) June 8, 2023
Pour rappel, au début de l’année, la Première ministre, Élisabeth Borne, a annoncé le report de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Outre le recul de l’âge, cette dernière avait également évoqué l’accélération de la durée de cotisation, pour profiter de la retraite à taux plein. D’ici 2027, il faudra avoir travaillé pendant 43 annuités, soit 172 semestres, au lieu de 42 actuellement.
Le gouvernement avait également présenté un dispositif pour les carrières longues : les personnes qui ont intégré le marché du travail avant l’âge de 20 ans pourront partir plus tôt à la retraite et bénéficier d’une pension complète. Les jeunes qui ont débuté leur premier emploi entre 18 et 20 ans, par exemple, seront retraités à 62 ans (à condition d'avoir une carrière complète).
Job étudiant et job d’été : les jeunes cotisent-ils pour leur retraite ?
Réforme des retraites par-ci, deux ans de travail en plus par-là… est-ce que l’on se sent concerné quand on a entre 18 et 25 ans et que l’on exerce un job en parallèle de ses études ? Si les étudiants qui font des études supérieures intègrent le monde professionnel plus tard qu’un bachelier notamment, nombreux sont ceux qui exercent déjà une activité en parallèle de leur cursus. Et les jobs étudiants, comme les jobs d’été, sont assujettis à la cotisation des retraites.
Selon une étude de la DARES (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques), plus d’un jeune de 18-25 ans sur 10 cumule un emploi en parallèle de leurs études, entre 2014 et 2020. Dans le détail, à l’âge de 19 ans, 15 % exercent un job étudiant ou sont en stage, 20 % à 20 ans, 27 % à 22 ans et 51 % à 25 ans et plus.
Travailler en tant que serveur dans un café à la montagne, être surveillant dans un établissement scolaire, animateur en centre de loisirs ou encore faire du baby-sitting… Les jobs étudiants sont variés. De fait, qu’un jeune ait réalisé un job étudiant ou un job d’été déclaré, cela reste un travail, car ce dernier signe un contrat et est rémunéré. Cela est pris en compte : l’élève ou l’étudiant est donc éligible en cotisant pour sa retraite.
Néanmoins, il existe des critères concernant les cotisations pour la future pension. Le calcul se fait en trimestre et non pas selon la durée de travail, ni même la rémunération. Pour valider un trimestre, il faut avoir perçu 150 heures payées au SMIC. Un étudiant qui exerce un job étudiant à temps partiel peut tout à fait obtenir ses premières annuités grâce à son emploi, même si ce n’est pas le métier qu’il compte exercer après son diplôme.
Dans le cadre du job d’été, si un étudiant a travaillé un mois complet avec un revenu deux fois supérieur à celui du SMIC, il cotisera davantage pour sa retraite par rapport à celui qui effectue des missions de baby-sitting par exemple.
Alternance : les jeunes en apprentissage cotisent-ils pour leur future retraite ?
Bien évidemment, la formation en alternance est un contrat au même titre que celui des autres salariés d’une entreprise qui sont en CDD et en CDI. Les alternants cotisent pour leur retraite.
Dans le cas des jeunes en apprentissage dès le CAP, à l’âge de 15 ans notamment, ils bénéficieront du dispositif de carrières longues. La Première ministre l’a par ailleurs évoqué lors de son allocution de présentation de la réforme. Les années d’apprentissage sont prises en compte pour les cotisations des retraites. Au même titre que l’alternant a le droit de toucher le chômage si son contrat a pris fin et qu’il n’a pas pu s’insérer professionnellement à la suite de cela.
Même son de cloche pour un alternant dans l’enseignement supérieur : celui qui a commencé sa première année de BTS via un contrat de professionnalisation ou d’apprentissage bénéficiera des droits à la retraite dès qu’il aura signé son contrat et perçu des revenus.
