Qui pour succéder à Gabriel Attal à Matignon ? Après l’obtention de la majorité relative du Nouveau Front populaire (NFP) aux législatives anticipées, dimanche 7 juillet et la démission de l’actuel Premier ministre, la coalition des partis de gauche ont réclamé la nomination de la part du président de la République d’un chef de gouvernement issu de ses rangs.
Près de deux mois plus tard et un été marqué par une "trêve politique" le temps les Jeux Olympiques, Emmanuel Macron n'a toujours pas arrêté le choix du futur locataire de Matignon. Le NFP a pourtant finit par s'accorder après de nombreux désaccords sur une candidate potentielle, Lucie Castets, rejetée par le chef de l'État. Ce dernier multiplie les rencontres à l'Elysée avec chefs de files politiques, technocrates ou chefs de partis, à la recherche de la perle rare.
Depuis les résultats du scrutin, plusieurs noms ont ainsi circulé dans les médias, leur prêtant le rôle de futur Premier ministre. Quels sont leurs parcours académiques ? On fait le point.
🇫🇷 Nomination du Premier ministre : comment ça marche ?
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De Thierry Beaudet, inconnu du grand public, à Bernard Cazeneuve : les derniers profils retenus par la presse
Le défilé des personnalités politiques à l'Elysée en cette fin d'été a de quoi épuiser les éditorialistes, qui tentent tant bien que mal de suivre les scénarios possibles pour cette rentrée sans gouvernement. Lundi 2 septembre, trois noms ont retenu l'attention des médias : un inconnu du grand public et deux ex-ministres :
- Thierry Beaudet : selon plusieurs média, cet instituteur de formation et diplômé d'un master en management économique et social, ainsi que d'un master de gouvernance mutualiste, aurait été approché par Emmanuel Macron. Il aurait accepté le principe d'une nomination à Matignon. Aujourd'hui président du Cese (conseil économique, social et environnemental), l'homme de 62 ans, qui a manifesté contre la loi immigration, en janvier dernier, et salué l'inscription de l'IVG dans la Constitution semble être le favori pour entrer à Matignon.
- Bernard Cazeneuve : l'ex-Premier ministre socialiste fait aussi partie des noms évoqués en cette fin d'été, qui ne plaît pas forcément au NFP. Le socialiste de 61 ans a suivi des études de sciences politiques à l'IEP de Bordeaux. Il est aussi titulaire d'un master de droit public. Il a consacré la majorité de sa carrière à la vie politique.
- Xavier Bertrand : le nom de l'ex-ministre du Travail sous Nicolas Sarkozy et actuel président LR de la région Hauts-de-France fait aussi partie de la dernière fournée de suppositions qui ne plaisent pas à la gauche. L'homme politique est titulaire d'une maîtrise de droit public et d'un diplôme d'études supérieures spécialisées (DEES) d'administration locale.
Lucie Castets, la haute fonctionnaire qui met tout le monde d'accord à gauche
Peu connue du grand public et issue de la société civile, Lucie Castets fait finalement consensus au sein des quatre partis qui composent le NFP. Cette Enarque âgée de 37 ans a étudié à Sciences Po avant d'intégrer la prestigieuse formation de hauts fonctionnaires. Fraîchement diplômée, la jeune femme travaille au service de l'Etat et des collectivités territoriales. Experte de la répression des fraudes et de la criminalité financière, elle passe par la direction générale du Trésor, et la mairie de Paris en tant que conseillère financière.
Le Nouveau Front Populaire présente au président de la République la proposition de nommer Première ministre Madame Lucie Castets.
Retrouvez notre communiqué commun. pic.twitter.com/mrj8V4E1qD
— Manuel Bompard (@mbompard) July 23, 2024
Au poste de Premier ministre, Lucie Castets promet d'ores et déjà de faire de l'abrogation de la réforme des retraites sa priorité. prête à trouver des compromis dans l'hémicycle, elle veut également mettre en place une réforme fiscale "pour que chacun, individus et multinationales, paie sa juste part", soufflait-elle à l'AFP fin juillet. Enfin, la haute fonctionnaire veut relancer les services publics, action qu'elle mène déjà depuis plusieurs années dans le milieu associatif.
Si les ambitions de la candidate à Matignon sont claires et semblent mettre au diapason la coalition des gauches, Emmanuel Macron ne semble pas l'entendre de cette oreille. Quelques heures après l'annonce de son nom, le chef de l'Etat a d'emblée écarté la possibilité de nommer Lucie Castets comme Premier ministre. Pas de quoi décourager la jeune femme, qui multiplie les déplacements sur le terrain en tant que potentielle successeure au poste de Gabriel Attal.
Avant Lucie Castets, deux noms ont failli être retenus, mais rejetés par le PS et LFI
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LFI : Mélenchon a eu "plusieurs candidatures" à soumettre pour Matignon
Avec près de 71 sièges dans l’hémicycle (contre une soixantaine pour les socialistes, une trentaine pour les écologistes et neuf pour les communistes), La France Insoumise représente le groupe parlementaire le plus important au sein du NFP. Le chef de file des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, affirmait sur LCI que son parti avait “plusieurs candidatures pour Matignon”, telles que :
- Manuel Bompard : l’homme politique de 38 ans est ingénieur (diplômé de l’Institut polytechnique de Grenoble) et docteur en mathématiques. Avant de se lancer en politique, le coordinateur de LFI a participé au lancement d’une startup spécialisée en IA et en apprentissage automatique.
- Clémence Guetté : à 33 ans, l’étoile montante de LFI a rédigé le programme du parti de Jean-Luc Mélenchon en 2022. Elle est titulaire d’une licence de lettres modernes et d’un master de sociologie politique décroché en 2014 à Sciences Po Paris. Elle s’est également formée aux politiques de l’environnement à AgroParisTech pendant un an. Étudiante boursière, elle effectuait des jobs étudiants pendant son parcours.
- Mathilde Panot : la députée de 35 ans est aussi citée par Jean-Luc Mélenchon pour succéder à Gabriel Attal. Mais cette nomination semble peu probable, vu son poste de présidente de LFI à l’Assemblée nationale. Cette dernière est titulaire d’un master en relations internationales de Sciences Po Paris. Ses études ont été marquées par son militantisme à l’UNEF.
Quant à Jean-Luc Mélenchon, l’idée de sa candidature à Matignon a rapidement été rejetée au sein même du NFP. L'élu de 72 ans, diplômé d’une licence de lettres modernes et d’une licence de philo et ancien militant de l’UNEF, est considéré comme trop clivant au sein de ses propres rangs.
Deux ex-LFI en lice
La vie politique étant loin d’être un long fleuve tranquille, le groupe LFI a été émaillé de discordes récemment. Des désaccords avec Jean-Luc-Mélenchon qui ont signé notamment le départ de Clémentine Autain et de François Ruffin. La députée de Seine-Saint-Denis et le député de la Somme ont chacun déclaré à la presse pouvoir endosser le rôle de Premier ministre.
À 51 ans, Clémentine Autain est titulaire d’une maîtrise d’histoire consacrée à l’Algérie française et d’un diplôme d’études approfondies (DEA) sur le mouvement de libération des femmes. Militante de l’Unef et proche des courants communistes, la féministe fait ses débuts en politique dans l’opposition à la mairie de Paris. Quant à François Ruffin, le journaliste de 49 ans est diplômé d’une maîtrise de lettres modernes et d’un diplôme du CFJ (Centre de formation des journalistes), à Paris.
Zoom : qu’est ce qu’un DEA ? Le Diplôme d’études approfondies (DEA) permet de valider la première année des études doctorales. Une année d’initiation à la recherche permet de choisir de s’orienter vers la recherche, de préparer une thèse ou d’opter pour l’enseignement. |
Le PS à Matignon : la solution pour rassembler ?
Avec une soixantaine de sièges remportés à l’Assemblée, le Parti socialiste représente lui aussi un groupe non négligeable dans l’hémicycle. Quelques profils sortent du lot et sont “premier-ministrables” :
- Olivier Faure : acteur de la création du NFP en seulement 4 jours, au lendemain des élections européennes, Olivier Faure, 55 ans, est vu comme un rassembleur à gauche. Titulaire d’un DEA en droit économique et d’un autre DEA en Sciences politiques, le premier secrétaire du PS s’est dit “prêt à assumer” la fonction de Premier ministre.
- Carole Delga : L’élue de 52 ans, présidente de la région Occitanie ne s’est pas vraiment positionnée pour le poste de Premier ministre, mais elle soutient dans les médias un gouvernement de coalition autour des socialistes. Titulaire d’une licence en sciences économiques et d’un master en droit des collectivités locales, elle dispose d’une expérience de terrain en tant qu’attachée territoriale.
- Boris Vallaud : élu chef de file des socialistes à l’Assemblée, le député des Landes de 48 ans est premier-ministrable. Diplômé de l’ENA, où il a intégré la même promo qu’Emmanuel Macron (promotion Léopold Sédar Senghor), Boris Vallaud a commencé sa carrière dans le corps préfectoral, préférant le terrain à un poste dans un ministère.
Les Écologistes : un poste sur mesure pour Marine Tondelier ?
Portera-t-elle ses couleurs à Matignon ? La député écologiste Marine Tondelier est pressentie pour être nommée Première ministre. Elle a été révélée dans les médias pendant la campagne pour les législatives - et notamment lors des débats contre le RN - et a été remarquée par sa veste verte (qui fait même l’objet d’un compte twitter).
Secrétaire générale des Écologistes, l’élue de 37 ans a suivi des études de sciences politiques après une prépa littéraire. Elle est diplômée de l’Institut d’études politiques de Lille et titulaire d’un master en gestion des établissements de santé. Avant de lancer sa carrière politique, l’élue d’opposition à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), fief du RN, a effectué des stages en ambassade et au sein des hôpitaux de Paris.
Quid d’un Premier ministre hors NFP ?
C’est l’une des solutions soufflées par les bruits de couloir : le président de la République pourrait choisir un Premier ministre qui n’est affilié à aucun parti du NFP. Une possibilité évoquée à demi mots dans la lettre ouverte d’Emmanuel Macron aux Français mercredi 10 juillet.
Le nom de Bernard Cazeneuve a par exemple circulé. Diplômé de l’IEP Bordeaux, l’élu de 61 ans a été ministre sous François Hollande, avant de quitter le PS pendant les législatives 2022, au moment de l’alliance de son ex-parti avec LFI (Nupes).
Chez les anciens ministres, Jean-Louis Borloo, 73 ans, serait premier-ministrable. Le chef du Modem, ex-ministre sous Nicolas Sarkozy est diplômé d’une double licence de droitet de philosophie, ainsi que d’une double licence en histoire et sciences économiques. Bien connu du paysage politique français, l’avocat du barreau de Paris a également été diplômé du MBA d’HEC Paris ainsi que du programme de finances de l’Institut supérieur des affaires de l’université de Manchester.
Plus à droite encore, Xavier Bertrand pourrait être nommé par Emmanuel Macron. L’actuel Président du conseil régional des Hauts-de-France est titulaire d’une maîtrise de droit public et d’un diplôme d’études supérieures spécialisées (DEES) d’administration locale. Ancien ministre du Travail sous Sarkozy et ex-secrétaire général de l’UMP, le choix de cet homme politique de 59 ans serait un marqueur très fort à droite, qui ne devrait pas plaire au NFP.
Autre nom enfin évoqué, bien plus à gauche de l’échiquier politique : celui de Laurent Bergé, le secrétaire général de la CFDT. Ce titulaire d’une maîtrise d’histoire a cependant très rapidement évacué la possibilité de devenir Premier ministre en le faisant clairement savoir dans les médias.