Tous les deux ans, la Conférence des grandes écoles (CGE) publie son baromètre Égalité femmes-hommes. L’objectif ? Dresser un état des lieux de la représentation des étudiantes dans l’ensemble des filières des écoles de management, d’ingénieurs, et d’autres spécialités, membres de la CGE. Le baromètre suit également les actions des écoles dans la lutte contre : les violences sexistes et sexuelles, la diffusion des stéréotypes et l’autocensure.
Les résultats de la 9e édition de l’étude viennent de paraître et ont été récoltés en partenariat avec la CDEFM (Conférence des directeurs des écoles françaises de management). Deux enseignements majeurs en ressortent : d’un côté, en 2024, la non-mixité est encore une réalité dans plusieurs filières d’écoles d’ingénieurs comme de business schools. De l’autre, les établissements sont toujours plus nombreux à avoir un plan d’action pour favoriser l’égalité femmes-hommes en leur sein. Diplomeo revient sur les résultats de l’enquête !
Finance, sciences dures : des filières encore dépourvues de filles
Cette disparité ne date pas d’aujourd’hui. Historiquement, les écoles d’ingénieurs ont toujours accueilli moins d’étudiantes que les écoles de management, par exemple. Le baromètre 2024 de la CGE mesure à 30 % le taux de féminisation moyen dans les écoles d’ingénieurs, tous niveaux de formations confondus. Cela représente une baisse de 3 % par rapport aux chiffres du baromètre publié en 2022.
De leur côté, les autres types d’écoles affichent une mixité moyenne en progression. Les cursus des écoles de management présentent un taux de féminisation moyen de près de 50 %. Les écoles d’autres spécialités (arts et design, communication, études politiques, etc.) sont fortes d’un taux de féminisation de 60 %.
« En école d’ingénieurs, on voit que la part moyenne des femmes n’est plus haute que dans les spécialités agriculture, agroalimentaire, sciences de la vie. Elles sont 75 % en moyenne », détaille Alice Guilhon, vice-présidente Écoles de la CGE et directrice générale de SKEMA Business School. Ensuite, ce sont les spécialités ville et environnement (49 % de femmes en moyenne), chimie, physique, sciences de la matière (45 %) et énergie, environnement, sciences de la terre (41 %) qui attirent le plus les étudiantes.
« Dès qu’on entre dans les sciences dures, les hommes sont plus représentés », poursuit Alice Guilhon. Cette disparité existe également en école de management. « Dans les spécialités finance d’entreprise et finance de marché, on a une représentation de femmes plus basse qu’en marketing, communication et ressources humaines, par exemple. »
9 écoles sur 10 se sont dotées d’au moins un référent égalité femmes-hommes
La quasi-totalité (93 %) des écoles répondantes du baromètre de la CGE a nommé au moins un référent égalité femmes-hommes en leur sein. Parmi elles, la moitié (54 %) en compte un et un quart (25 %) en compte deux. Ces référents ont pour mission le déploiement d’un plan d’action en faveur de l’égalité de genre. La prévention contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) fait aussi partie de leur cahier de route.
Par ailleurs, ce 9e baromètre de la CGE consacré au sujet met en avant un chiffre fort : 100 % des établissements de formation répondants déclarent s’être dotés d’une cellule ou d’une personne chargée de traiter les VSS. « En 2022, on était aux alentours des 80 %. Ces chiffres montrent que désormais, il y a un engagement global de l’ensemble des établissements pour ce sujet », constate Vincenzo Vinzi, vice-président en charge de la commission Diversité & Inclusion de la CGE et directeur général de l’ESSEC Business School.
Une vie associative plus engagée
74 % des associations étudiantes des écoles ayant répondu mènent des actions en faveur de l’égalité de genre. En 2022, elles étaient un petit peu moins de 70 %. « Pour nous, c’est très important que nos étudiants entre eux se saisissent de ces questions d’égalité », confie Laurent Champaney, président de la CGE et directeur général d’Arts et Métiers.
Il faut dire que dans les trois quarts des établissements, il existe une charte qui engage les associations et la quasi-totalité (90 %) de ces chartes inclut les questions de discriminations femmes-hommes, ainsi que les violences sexistes et sexuelles.
« La très grande majorité de nos associations étudiantes ont des chartes et des dispositifs. Elles agissent à tout moment ; durant des événements festifs, mais pas que. Ça peut être complété par de la formation et de l’information avant, par la mise en place de dispositifs de protection et d’alerte », détaille Laurent Champaney.
Jeunes diplômés : des salaires toujours différenciés
« Le salaire moyen des jeunes diplômés est toujours différencié », constate Alice Guilhon, vice-présidente Écoles de la CGE et directrice générale de SKEMA Business School.
Le baromètre de la CGE révèle que les femmes diplômées d’écoles d’ingénieurs perçoivent un salaire brut annuel moyen hors primes de 37 000 euros, contre 39 000 euros pour leurs camarades masculins. Après une école de management, le salaire brut annuel moyen hors primes des jeunes diplômées féminines s’élève à 38 000 euros contre 41 000 euros pour leurs pairs. Dans les écoles d’autres spécialités, cette différence est fixée à 36 000 euros pour les femmes contre 39 000 euros pour les hommes.
« On est toujours dans cette fourchette des 2 000 ou 3 000 euros de différence […]. Si on regarde les années précédentes, on s’aperçoit qu’on est à peu près sur des écarts de salaire assez semblables. Il y a aussi un travail que les écoles doivent faire avec les entreprises et vice versa », confie Alice Guilhon.
Cette différence a aussi à voir avec le choix des jeunes femmes pour des spécialités qui débouchent sur des métiers moins rémunérateurs. Elles sont par exemple moins nombreuses à se tourner vers la finance. « Ce n’est pas parce qu’elles seront moins bonnes dans ces filières, mais parce que, avant d’arriver en école, elles ont moins été inspirées par les métiers auxquels les maths pourraient conduire », déclare Vincenzo Vinzi, vice-président en charge de la commission Diversité & Inclusion de la CGE et directeur général de l’ESSEC Business School.
« On a tendance à se renvoyer la balle entre l’éducation et l’enseignement supérieur. Ce sont des sujets qu’il faut traiter du collège jusqu’à nos écoles », conclut le président de la CGE quant à l’autocensure et à l’accès des jeunes filles et femmes aux enseignements scientifiques.